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- Commémoration des 400 ans des guerres de religion
Voyage dans le temps et en costumes…
Pour un avant-dernier off du colloque scientifique dédié aux 400 ans des guerres de religion qui ont mené de nombreux passionnés d’histoire de La Rochelle à Ré
C’est un temps que même les plus de vingt ans ne peuvent pas connaître. Sur une idée du directeur du Pôle Services à la Population, Brice Samson, et orchestrée par la responsable du service Patrimoine Hélène Gaudin, le public était convié vendredi 29 novembre à découvrir les arcanes de la mode au 17ème siècle.
Des présentations s’imposent
Au fond de la grande salle de la CdC, des costumes dissimulés sous des draps blancs. La Corneille Distinguée, qui anime cette rencontre en la personne de Sylvie Glinisson, ménage ses effets. Devant, une simple table avec perruque et chapeau à plumes. Nous voilà dans l’ambiance…
Sylvie Glinisson habite Richelieu (on ne pouvait pas mieux). La Corneille Distinguée, c’est l’histoire d’une passion familiale, Sylvie s’intéressant particulièrement à la période qui nous concerne. Environ trois cent-cinquante costumes composent l’atelier dont une soixantaine de la période Louis XIII. Nous voilà face à une connaisseuse nous expliquant tout de go que « parler costumes ce n’est pas parler couture et qu’il ne faut pas confondre costume et déguisement, le premier correspondant à l’Histoire et à la sociologie ». Voilà c’est dit et c’est parti !
L’habillement au service de l’art de vivre
Au temps de Louis XIII et Richelieu, précisons-le, c’est le titre donné par Sylvie à son intervention. « Une courte période mais fondamentale pour la France sur les plans politique et international », souligne-t-elle. Ce qui va se retrouver dans les costumes et conduire à « l’avènement du style français ». Beau programme que Sylvie déroule en quatre actes.
Une société très ordonnée
Dans tous les domaines, l’époque est à l’ordonnancement de la vie qui s’écoule au rythme des saisons mais aussi selon l’année liturgique et les grands évènements privés. La société française est structurée en strates et sous-strates. Il y a le monde des campagnes et celui des villes, paysans et notables, serviteurs et bourgeois et enfin la noblesse, tout cela devant s’illustrer dans des vêtements traduisant un ordre social qui « doit se voir », explique Sylvie Glinisson, y ajoutant la « nécessité de perfection de la mise », le fait que tout est inlassablement raccommodé, et notant l’apparition de deux meubles, l’armoire et le cabinet, venant remplacer les coffres pour ranger le linge.
Quand l’habit fait le moine
Etre ou paraître était déjà une question que nous avons plus ou moins résolue (quoique…) mais à l’époque, l’acte de s’habiller est important et il ne faut pas se tromper. Un vêtement a de la valeur, il se conserve et se retrouve même inscrit à l’inventaire de successions. Il y a de plus une véritable théâtralité, une mise en scène sociale, servie par un accessoire fondamental de l’époque : « la cape », souligne Sylvie se saisissant d’une qu’elle drape d’un grand geste. Elégante, elle pose son homme, courte avec revers, elle permet le porter sur l’épaule et aussi de dégainer son épée, chose fréquente à l’époque ! C’est bien sûr la cape des Mousquetaires du Roi. Apparaissent aussi les tissus brochés et leur diversité.
A quoi ressemblent hommes et femmes ?
Quasi absentes des vêtements de l’homme des campagnes, exclusivement faits en matières naturelles, la couleur apparaît sur les accessoires comme les tabliers. La bourgeoisie doit éviter certains tissus, apanage de la seule noblesse. On abandonne la contraignante fraise pour la dentelle et le chapeau à plumes remplace la toque avec bien plus de panache. C’est aussi les débuts de la perruque, la mode est aux cheveux bruns, bouclés et longs, sauf chez les protestants bien plus sobres que les « papistes ». L’idéal masculin ? D’Artagnan, qui représente beauté et élégance masculine.
Côté femmes, c’est une révolution ! Plus de fraise mais un grand col blanc et un décolleté, plus de vertugadin (structure rigide et contraignante), mais une superposition de jupons assortis d’un « faux-cul ». L’époque est libératrice pour le corps féminin mais c’est seulement une parenthèse… Les femmes symboles de l’époque sont Milady de Winter et Constance Bonacieux. Restons avec Alexandre Dumas et ces deux héroïnes, femmes d’action. Évidemment, « plus facile de courir sans vertugadin », sourit Sylvie.
L’avènement du style français
Nous y voilà, à la naissance de ce style « français », qui signe encore la mode actuelle. Elle passe par l’affranchissement des styles italiens et espagnols, explique Sylvie Glinisson. Le premier, sous l’influence de Catherine de Médicis, imposait surcharge de broderies, le second fraise ou encore velours sombres. Il faut dire que l’époque est aux débuts des grandes manufactures de Lyon, Tour et Paris, et celle de la naissance du « point de France » à l’école de dentelle. Selon Sylvie, il faut aussi y voir « la contribution du protestantisme ». Pas de précisions de la part des pasteurs mais des tendances : pas de cheveux longs ni de perruque par exemple, car ils symbolisent soumission et déshonneur. La couleur n’est pas interdite mais on préfère les tonalités froides et bien sûr le sombre. Là aussi, le vêtement doit être conforme à l’ordre social et adapté à la condition et à l’âge. Le protestantisme refuse les excès, leur préférant la sobriété, néanmoins élégante. « Cela va caractériser le style français », affirme Sylvie Glinisson. Et de manière indélébile si l’on se réfère à certaines grandes maisons comme Chanel ou Dior. Pas d’ostentation, tel est le maître mot. « Un héritage inestimable et exigeant », conclut Sylvie sous les applaudissements et entourée de ses costumes qu’elle a dévoilé au fil de son propos.
Après d’érudits rendez-vous et cette riche escapade au royaume de l’Habit, les off du colloque se sont achevés à La Maline avec la projection d’un film. Lequel ? Les Trois Mousquetaires bien sûr !
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