- Environnement & Patrimoine
- Processus d'épuration - Ile de Ré
Mais où vont les eaux usées ?
Avec un volume moyen de 85 m³ d’assainissement par abonné, 19 000 habitations raccordées, 500 habitations en assainissement individuel, 420 kilomètres de canalisation (300 mm de diamètre et sous pression) qui sillonnent l’île pour l’assainissement des eaux usées et 135 postes de relèvement, les cinq stations d’épuration de l’île de Ré, rarement évoquées dans la conversation, sont pourtant l’affaire de tous.
Le Clos Saint-Martin : une station d’épuration modèle
De l’extérieur, l’architecture mi-espagnole, mi-rétaise du Clos Saint- Martin (c’est son nom) avec ses murs blancs talochés et sa passerelle extérieure aux rambardes de bois blond, ressemble à une résidence touristique bien proprette. Construite en 1990, cette station de retraitement des eaux usées affiche la volonté de Léon Gendre, maire de La Flotte, de l’inscrire le plus légèrement possible dans son environnement.
La plus complète d’entre les cinq stations d’épuration que compte l’île de Ré*, la station de La Flotte est la seule à accueillir les matières de vidange issues de l’assainissement individuel, cinq cent habitations sont concernées sur l’île, grâce à son bloc de dépotage archi-moderne. Elle se distingue également par son classement en niveau A qui implique un niveau de concentration bactériologique inférieur à 100 unités de bactérie E.coli pour 100 ml et l’autorise à réutiliser les eaux traitées pour l’arrosage de plantes à manger crues (10% seulement des eaux traitées sur le site sont utilisées pour le maraîchage). Une station de niveau B, comme celle d’Ars peut prétendre à l’arrosage des céréales et des végétaux à consommer cuits (ex. pommes de terre).
À La Flotte, on traite 600 000 mètres cubes d’eaux usées par an
Stéphane Grimaud est l’agent d’exploitation du Clos Saint-Martin, seul permanent sur le site, il est régulièrement secondé par les chimistes, les électromécaniciens, les biologistes et les informaticiens dont les indispensables interventions sont régulières. Chaque installation est télé-gérée et centralisée à Toulouse où l’on prévoit les astreintes nuit et jour.
Un autocontrôle biologique est pratiqué journellement et la police des eaux, qui dépend de la préfecture, procède à des analyses hebdomadaires. Par ailleurs les agriculteurs qui bénéficient des eaux retraitées pour l’arrosage sont également tenus de pratiquer des analyses bactériologiques régulières.
Comment ça marche ?
Côté administratif, le syndicat départemental des eaux 17 est propriétaire des stations, il a la compétence pour l’assainissement des eaux de 466 communes du département, la SAUR est l’exploitant pour toute l’île excepté Rivedoux qui relève du RESE pour l’eau potable , les exploitants ont le devoir d’exploiter, de gérer et d’entretenir les sites.
Côté technique, l’épuration se fait de façon biologique. On compte quatre à cinq jours pour un cycle complet d’assainissement.
Sur le site de La Flotte tous les équipements sont en double pour assurer le volume d’assainissement en période estivale. L’ensemble des installations reflète une propreté de laboratoire (exception faite pour le bassin de décantation peu ragoûtant) et les locaux sujets à odeurs sont désodorisés.
Le matériel consiste en un dégrillage (filtre à maille fine), un désableur-dégraisseur, un bassin d’aération, un clarificateur et une désinfection par ultra-violet et par chlore. Il y a bien aussi un peu de chlorure-ferrique, un corrosif qui lutte contre les phosphates.
Le rôle des bactéries, naturellement présentes dans les boues, est prédominant, elles doivent être oxygénées en permanence dans les bassins d’aération pour être conservées en vie afin de dégrader les pollutions à 95 %.
Une fois traitées, les eaux sont de qualité « eaux de baignade ». Elles sont rejetées en mer, trois heures après la pleine mer devant le pénitencier de Saint-Martin, quant aux boues de décantation, après une dessication partielle en turbines, elles sont compactées et acheminées vers un site de compostage sur le continent.
La lingette, un problème de communication
En dépit de plusieurs campagnes de sensibilisation (dépliants) et de communication (la station de Saint-Hyppolite en Charentes ouvre ses portes aux visites d’information), les usagers, à savoir nous tous, restent généralement dans le déni lorsqu’il s’agit de parler de nos eaux usées. Synonyme de pipi-caca, le traitement ne nous regarde pas, et tels les singes de la sagesse, nous préférons nous voiler la face, le nez et les oreilles.
Pourtant une bonne compréhension du retraitement faciliterait grandement le travail des techniciens. Mr Jean-Jacques Labrousse, chef d’agence Aunis-Ré pour la Saur qui nous fait visiter la station, rappelle aux utilisateurs que les lingettes, contrairement au papier hygiénique, ne sont pas biodégradables. C’est le souci majeur que l’on rencontre sur les installations, précise-t-il, les lingettes multi-usages bouchent les grilles, les pompes et les bassins de décantation.
Alors en bon citoyen que nous sommes, pensons-y la prochaine fois, la lingette, c’est pour la poubelle et non dans les WC !
Véronique Hugerot
* Les eaux usées de l’île de Ré sont traitées aux centres de Sainte Marie, La Flotte, Le Goisil, Ars et Les Portes, cette dernière, moins complète, étant une station de prétraitement en lagunage aérée.
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