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« Le viticulteur rétais a encore de belles années devant lui »
Le président de la coopérative agricole, Jean-Jacques Enet, a ouvert de façon très dynamique l’AG du 29 janvier, portant sur l’exercice 2014/2015.
Il a dénoncé « les prix suicidaires pratiqués par les grossistes et acheteurs – ne faisons pas porter toute la responsabilité à la grande distribution – qui font que les agriculteurs sont littéralement écrasés entre respect de l’environnement et obligation économique ». Puis a fustigé le CESIR (Conseil économique et social de l’île de Ré) « une espèce d’organisation qui a pondu un rapport sur nos pratiques constamment remises en cause, alors que sur l’île de Ré nous sommes très respectueux de l’environnement. S’ils se permettent de nous donner des leçons d’agronomie, d’écologie, et pourquoi pas d’économie et qu’ils sont plus compétents que nous, qu’ils prennent notre place ! »
Le marché du Cognac en zone de turbulences
Brossant le contexte des productions régionales, il a fait part de son inquiétude quant à « la récolte particulièrement importante du Cognac, qui va peser très lourd dans le stock des eaux de vie et aura une forte incidence sur les prix », comme ce fut déjà le cas cette année. Si les volumes élaborés de Pineau des Charentes sont en hausse significative, le marché ne suit pas et le Comité du Pineau développe les segments de commercialisation, avec notamment celui appelé Coeur de Pineau qui permettra de mieux valoriser les produits de 3 à 7 ans. Une étude de marché est par ailleurs lancée sur les marchés export de la Chine et des Etats-Unis.
Concernant les vendanges 2014 sur l’île de Ré, les 34 896 hl récoltés permettent d’assurer les ventes de l’année, sans reconstituer les réserves. Les ventes de vins de table comme celles des vins de pays augmentent de près de 5 %, avec un « Rosé des Dunes » qui remporte toujours beaucoup de succès. Les ventes de pineau de l’île de Ré progressent de 1,25 %, alors que le Pineau dans son ensemble en France régresse de 6 %. Malheureusement les ventes de Cognac aux grossistes ont diminué de 17 % et expliquent en grande partie le résultat déficitaire de cet exercice. La forte augmentation des ventes en BIB a conduit Uniré à investir dans une ligne de conditionnement automatique, permettant d’améliorer sensiblement les rendements. Les vendanges 2015 ont vu la première vinification d’une cuvée distincte, de 215 hl, issue de parcelles conduites en viticulture biologique, qui sera commercialisée en « conversion Bio ».
Côté maraîchage, la baisse sensible de la production passée de 1407 tonnes en 2014 à 1253 tonnes en 2015 est liée notamment aux conditions météorologiques très pluvieuses. Elle a quasiment été compensée par la hausse du prix moyen de vente, passé de 1,59 € à 1,78 € le kg. La modification du cahier des charges de l’AOP « Pommes de terre de l’île de Ré » acceptée par l’INAO en novembre dernier va ouvrir à court/moyen terme la possibilité d’introduire une ou plusieurs nouvelles variétés susceptibles de devenir AOP. Ainsi en 2016 Uniré va poursuivre ses expérimentations variétales sur St-Clément et le Bois-Plage.
Les activités Approvisionnement qui représentent un chiffre d’affaires de 958 386 € sont en diminution de 7,4 %. Le tonnage d’engrais minéraux distribué a sensiblement baissé, avec un recul de chiffre d’affaires de 15,5 %. Le tonnage de compostage lui augmente fortement. Malgré une politique de réduction des doses d’emploi largement suivie, l’utilisation des fongicides et des insecticides progresse. La confusion sexuelle a elle protégé avec succès plus de 360 ha en 2015 sur l’île. Les viticulteurs rétais s’inscrivent dans la démarche Ecophyto 2018. Uniré souhaite poursuivre la mise en oeuvre de la confusion sexuelle au vignoble. Elle devra au moins atteindre une baisse de 25 % de NODU (Nombre de doses utilisées) à échéance 2020 et s’engage dès 2016 à accompagner un groupe d’une douzaine d’exploitations insulaires au titre des fermes de référence DEPHY.
Jean-Jacques Enet a rappelé qu’en pomme de terre, avec un rendement de 9 à 11 tonnes, contre 50 à 55 tonnes en moyenne nationale, l’île de Ré est bien loin d’une culture industrielle, et plus proche du « jardinage ».
La baisse de rémunération des viticulteurs a été limitée en moyenne à 10 %
Sur l’exercice clos le chiffre d’affaires des liquides a baissé de 5 % à 6,68 millions d’€, tandis que celui de la pomme de terre est resté équivalent à celui de l’an passé à 2,2 millions d’€. Le chiffre d’affaires de l’approvisionnement a lui diminué de 7,4 % à près de 991 K€. Au global la coopérative enregistre une baisse de 800 K€ de chiffre d’affaires qui s’établit à 11, 4 millions d’€, tandis que le résultat d’exploitation est déficitaire de 363 571 €, et le résultat net de – 182 736 €, après éléments financiers et exceptionnels. Le Président a notamment expliqué qu’Uniré a une façon particulière de commercialiser son Cognac en étant présent que sur le second marché, sur lequel les prix flambent quand la demande est forte. Ainsi Uniré a vendu son Cognac à des prix très élevés pendant 4/5 ans. A contrario, ce marché se ferme complètement si la demande n’est plus là. Uniré a malgré tout contractualisé aussi avec Camus et d’autres, depuis dix ans, ce qui assure un débouché sécurisé pour une partie de la production.
La baisse de rémunération des viticulteurs a été limitée en moyenne à 10 % pour cet exercice, en puisant sur les réserves, il s’agit d’une décision de gestion du Conseil d’administration. Elle aurait sinon été de – 15 %. Devant la grogne de quelques viticulteurs, Christophe Barthère a rappelé que l’on revenait à des années normales en termes de rémunération, après 3 ou 4 années très fastes et que la rémunération globale de 3,5 millions d’€ distribuée sur cet exercice 2014/2015 (contre 4,1 millions l’an passé) est à rapprocher de celle de 2,5 millions d’€ de l’exercice 2004/2005. Le chai de La Noue, mis gracieusement à disposition des boulistes, qui ont en contrepartie réalisé un gros travail de nettoyage/ entretien, le sera encore jusqu’en juin 2017 ; il sera à terme vendu.
Gisèle Vergnon a de son côté confirmé que le projet de bassin d’irrigation de Sainte-Marie ne pourrait se concrétiser, faute de financement. La seule subvention de 220 000 € obtenue étant notoirement insuffisante face au coût de 1,7 million d’€. Il est par contre envisagé d’acheminer l’eau via le bassin de La Flotte, pour alimenter les agriculteurs maritais. La Commune de Sainte-Marie va payer la totalité de l’étude de faisabilité qui sera réalisée au premier semestre 2016, en vue de l’irrigation de 70 ha sur Sainte-Marie. Lionel Quillet a rappelé que l’évaluation des besoins en nouvelles surfaces est évaluée à 200 ha, soit 13 % de l’actuelle Surface Agricole Utilisée de 1531 ha sur l’île de Ré (elle était de 2173 ha en 1979, soit une baisse de 30 % en 35 ans), ce qui lui semble raisonnable. 159 ha concernent le sud de l’île, la plus grosse part à Sainte- Marie et que le Comité CIGALE vise à concilier au mieux développement agricole et protection environnementale. Il se réunira de nouveau le 10 mars prochain.
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