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Violences sexuelles envers les jeunes : libérer la parole est crucial
Juste avant le séminaire sur les violences sexuelles et sexistes au sein des activités de jeunesse et de sport, organisé par la Délégation Régionale à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports de Nouvelle-Aquitaine, jeudi 29 septembre, un point presse s’est déroulé à la Maison de La Charente-Maritime.
Le Préfet, Nicolas Basselier, la Présidente du Département, Sylvie Marcilly, le Procureur de la République, Laurent Zuchowicz, et le Directeur académique, Mahdi Tamène, sont intervenus à tour de rôle.
« La honte doit changer de camp »
« Déclarée « Grande cause du quinquennat » par le Président de la République, l’égalité entre les femmes et les hommes fait l’objet d’une politique publique volontariste. La formation et la sensibilisation des acteurs de terrain confrontés à ces enjeux dans le domaine de la jeunesse et du sport font partie des actions mises en œuvre par le ministère de l’Éducation Nationale et de la jeunesse et le ministère des Sports.
Les jeunes subissant des violences en gardent des séquelles très profondes. Les pouvoirs publics et collectivités locales luttent avec résolution contre ces comportements qui découlent de schémas culturels dépassés et inacceptables. Il faut sensibiliser les jeunes dès le plus jeune âge et former les adultes qui les encadrent, mobiliser les services de police et gendarmerie, mettre l’accent sur la prévention et l’éducation. Ce ne sont pas les victimes qui sont coupables, la honte doit changer de camp. L’Education Nationale a un rôle très important, l’ensemble des équipes des services départementaux de l’Etat sont aussi mobilisés, pour faire évoluer les comportements et les schémas mentaux. On ne pourra toutefois jamais complètement faire disparaître les déviances. » a indiqué le Préfet.
Un Plan Jeunesse en cours d’élaboration
La présidente du Département a rappelé que ce fléau touche toutes les classes sociales et tous les milieux : scolaires, sportifs, professionnels. En Charente-Maritime ces violences représentent 40 % des affaires concernant des mineurs de moins de 15 ans. 655 jeunes ont été victimes de tels agissements, 610 signalements faits, sur une année. « La vigilance passe aussi par la prévention, les services du Conseil départemental : centres sociaux, PMI, y travaillent avant même la naissance pour repérer les familles en difficulté. Un Plan Jeunesse est aussi en cours d’élaboration. Les responsables de ces violences sont des adultes mais aussi des jeunes, il faut que ces derniers s’approprient ces questions. », a-t-elle expliqué.
Un temps judiciaire long
Le Procureur de la République a précisé que souvent les signalements, préalables à l’ouverture d’une enquête, sont faits à distance des faits, ce qui rend plus difficile la réunion des éléments de preuve. « La plupart des faits se déroulent dans la sphère familiale, ainsi que dans le cadre scolaire et périscolaire, nous avons connaissance d’assez peu de faits dans le cadre sportif. Nous devons encourager la libération de la parole, améliorer la détection, les observations et l’accompagnement. Entre le moment où une personne se décide à parler et le traitement judiciaire, le temps de maturation est assez long.
La clé est le travail en réseau, notamment avec l’Education Nationale, qui fait régulièrement des signalements. L’accès facile à la pornographie en ligne fait que trop souvent, pour les jeunes, la sexualité se confond avec la pornographie. Il nous faut mobiliser enfants, parents, professeurs, encadrants sportifs pour améliorer la détection et l’accompagnement. » a-t-il conclu.
Partenariat fort entre tous les acteurs locaux
Le Directeur académique a, quant à lui, rappelé que « des référents du premier degré, du second degré et de Jeunesse & Sports sont dédiés à l’accompagnement des victimes. Un grand programme anti-harcèlement est déployé afin de repérer toutes les formes de discrimination et violence. Aussi, le programme de formation à la sexualité est renforcé, à la demande du Ministre. Les médecins scolaires de la Charente-Maritime sont aussi très bien formés. Les partenariats du quotidien entre tous les acteurs, avec une entente et une réactivité fortes sont aussi un atout. », estime-t-il.
Parmi les marges de progrès, pour Sylvie Marcilly : « le Plan Jeunesse en cours d’élaboration avec et pour les jeunes, permettra de les sensibiliser à la question, pour savoir où commence l’agression, en quoi consiste le respect de l’autre. Les associations sportives doivent faire partie de cette chaîne. La lutte contre les violences faites aux enfants est une cause nationale et aussi départementale. »
En matière de prévention, le Préfet a rappelé que « les forces de l’ordre mènent de nombreuses actions de prévention dans les écoles, collèges et lycées sur différents sujets : harcèlement, violences, produits stupéfiants, dangers d’Internet et des réseaux sociaux. Par ailleurs, lancée en 2021 par le Groupement de Gendarmerie de la Charente-Maritime, précurseur en la matière, l’opération LibRA* repose sur l’affichage d’un sticker avec un QR Code permettant de faciliter l’accès pour les victimes ou les témoins de violences sexuelles et sexistes à un policier ou à un gendarme. » Ce dispositif pourrait être très utilement décliné dans les collèges et lycées.
Levée du secret médical
Enfin, Le Procureur a évoqué une récente évolution législative permettant aux professionnels de santé de lever le secret médical dans le but de protéger son patient « si un mineur ou une personne qui n’est pas en mesure de se protéger (en raison de son âge, de son incapacité physique ou psychique) est victime de maltraitance. » « Les professionnels de Charente-Maritime sont formés en la matière », a-t-il précisé, en rappelant aussi la mise en place très récente de l’Unité Médico-Judiciaire de La Rochelle, ainsi que la signature en ce début octobre d’une convention avec l’Ordre des Médecins pour favoriser les signalements de violences ou suspicions de violences. Les dérives d’Internet, des réseaux sociaux, du cyberharcèlement et du Darknet ont aussi été rapidement évoqués.
La difficulté majeure demeure dans la libération de la parole, particulièrement celle des jeunes, tant il est compliqué pour un enfant ou un adolescent de dénoncer un membre de sa famille, un copain de collège ou son coach sportif. D’où l’importance que les adultes ou copains, témoins de ces violences, les dénoncent et ne fassent pas l’autruche, comme c’est encore trop souvent le cas.
*Libérer la parole – Recueillir la plainte ou le témoignage – Accueillir les victimes.
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