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La venue de l’équipe espagnole de football fait réagir les Rétais
Suite à l’annonce officielle de la venue de l’équipe d’Espagne de football, Ré à la Hune vous livre des réactions de résidents et professionnels rétais. Entre enthousiasme et prudence.
A ce stade de cet événement unique, la population rétaise est très partagée, allant du soutien appuyé à l’évènement à un certain scepticisme, fondé sur des craintes quant à d’éventuels dommages collatéraux. Instantané sur l’opinion rétaise.
En avions-nous besoin et combien ça coûte ?
« L’île de Ré a-t-elle besoin d’un tel évènement ? Les touristes espagnols ? Ils viennent un peu, pas sûr qu’on en compte des milliers en plus dans les années à venir. A sur-médiatiser l’île dans ce qu’elle a de plus artificiel, on va en faire une île déconnectée des réalités, de la vie des « vrais gens » locaux, on va charger une barque déjà bien lourde. On va vers le toujours plus : + beau, + chic, + cher, + branché… Pour moi, la balance penche nettement du côté de l’image que je ne souhaiterais pas qu’on donne à Ré. Ce sport réunit nombre d’aficionados, il est populaire, ok. Nous aurons le bilan après, peut-être, pour le moment, les chiffres du « combien ça coûte » sont flous, et je pense, le resteront. Quant aux retombées touristiques des espagnols, je reste muette… en avons-nous d’ailleurs besoin ? »
La venue de cette prestigieuse équipe est une bonne affaire économique et sociale pour l’île de Ré
« Les effets induits promotionnels auprès du monde sportif inciteront d’autres sports, d’autres équipes à se préparer sur l’île de Ré. C’est déjà le cas pour quelques équipe pros. Moi je ne m’occupe pas du foot. Trop de fric. Mais il faut l’admettre que la venue de n’importe quelle équipe participant à la coupe d’Europe va entraîner une retombée financière sur le commerce de l’île de Ré. En plus de l’équipe et de son staff, il va y avoir tous les journalistes, et peut être les femmes des joueurs (qui dépensent encore plus). Pour Saint-Martin, la location de l’ensemble de l’équipement sportif du stade Marcel Gaillard (qui serait fier s’il était encore des nôtres). Donc, bienvenue aux Espagnols ».
« Un sport qui représente une part de l’économie très importante. Alors pourquoi ne serions-nous pas contents quand l’île de Ré dont 80 % de l’activité repose sur le tourisme, réussit grâce à ses installations à remporter un marché que beaucoup de sites en France espéraient s’approprier, vu la notoriété de l’équipe d’Espagne, Championne d’Europe en titre. L’encombrement en moyenne saison des hôtels, des chambres d’hôtes, des hôtels de plein air, des restaurants, des boutiques de souvenirs, etc., qui va s’en plaindre ? »
« La saisonnalité des revenus sur l’île de Ré est un problème. Cet événement peut peut-être créer quelques revenus supplémentaires. Les supporters espagnols sont des gens qui dépensent beaucoup pour le foot et suivre leur équipe. Cependant quand des gens avec de bons moyens financiers viennent nous apporter des recettes supplémentaires, certains doivent-ils se draper dans leur égoïsme de gens aisés qui vont être « dérangés » pendant quelques temps… si tant est qu’ils soient dérangés. Dans la mesure où le projet est bien ficelé : qui, quand, comment, pourquoi, où,… et que donc les charges et les produits sont correctement estimés, c’est une opération qui peut être intéressante pour valoriser l’île de Ré ».
Il y aura à terme des retombées positives pour Ré
« Nous avons assez souffert par le passé à cause du bac de ne pouvoir avoir de tels événements. Aujourd’hui nos enfants et petits-enfants vont en profiter ». « Eclairage médiatique sur la qualité de notre île (son climat, son accueil, ses habitants, ses élus, ses infrastructures…). Pouvoir approcher les joueurs à l’entraînement. L’île de Ré n’a pas besoin d’une notoriété supplémentaire ? Peut-être mais… est-ce que cet évènement n’améliorera pas l’image de marque et dans un sens plus élitiste ? L’île de Ré a déjà une réputation de culture de l’élitisme ce qui me déplait assez profondément d’ailleurs ».
« Tout d’abord avoir choisi l’île de Ré comme base durant l’Euro doit nous faire prendre en compte sur le plan logistique que nous avons beaucoup d’atouts à faire valoir notamment centre d’accueil de qualité (l’Atalante reçoit depuis quelques années beaucoup d’équipes pro. Et athlètes de haut niveau). Puis des installations sportives qui correspondent à la demande très exigeante de ce monde-là. D’autre part, tout se trouve à moins de 3 km, parfait pour un staff technique, puis ne pas oublier l’aéroport à 5 mn… Tout cela devrait donner des idées à nos élus qui cherchent à faire vivre l’île en dehors des moments forts de l’été. Pour le monde sportif et le monde économique rétais c’est une belle occasion d’une part de voir vivre des joueurs de ce niveau pour les uns et pour les autres de promouvoir le territoire positivement, car cela va déplacer du monde et emmener des clients et futurs touristes. Je pense que l’on pourrait intégrer les associations sportives de notre île dans un plan d’accueil, d’animations et de communication autour de cet événement sans attendre que cela arrive de l’extérieur et que l’on ne puisse plus être maître du jeu… et ceux qui ne pensent qu’à leur petit confort et qui ont peur d’être débordés par un monde différent, bruyant etc… se sont les mêmes qui sont contre toutes formes d’évolution positive sur l’île depuis qu’ils sont venus y passer leur retraite…, c’est vraiment une chance et il ne faut pas se rater ».
L’annulation du mémorial Bruno Tesson est péjorative
« Nous comprenons la décision de l’ASR d’annuler le tournoi, et espérons que la perte financière consécutive sera compensée par une aide exceptionnelle à prendre en compte dans le budget de l’opération. Le foot ? On annule un tournoi de jeunes, quelle image cette équipe va-t-elle donner à nos petits footeux rétais ? Du rêve, mais à quel prix ? Je n’ai pas d’opinion tranchée quant à la présence de l’équipe espagnole sur Ré, simplement je signale un « dommage collatéral » : le Collège des Salières qui avait participé avec enthousiasme à la Course contre la Faim en mai 2015 et envisageait de réitérer le 20 mai 2016, comme partout en France, a dû se désister, faute de terrain disponible pour organiser cet évènement sportif et solidaire. Apparemment, toutes les activités sportives sont perturbées par l’arrivée de l’équipe espagnole. J’espère que les enfants auront au moins la possibilité de rencontrer quelques-uns de ces joueurs vedettes… et un peu envahissants, sur une période qui semble bien longue ! Ce qui me fait hurler, c’est le Toyota Open international de tennis Handisport, non pas parce que je préfère ce sport, mais parce que j’ai beaucoup de respect pour ces joueurs. Tous les ans, j’assiste à leur finale pour cette raison. Et je lis par ailleurs que nous leur avons envoyé une liste d’hébergements entre La Rochelle et Ré qui pouvaient les accueillir ! Nous assurerons leur transport et le repas du midi, pour le reste « les joueurs se débrouilleront par eux-mêmes » !!! Ils sont là depuis de nombreuses années et on les met au second plan sous prétexte de l’arrivée peut-être de ceux qui payent très cher leur présence ici, mais qui va aussi nous coûter très cher, notoriété à part ».
L’arrivée de supporters inquiète
« Les encombrements dus à l’afflux de supporters espagnols ? Peut-être, mais la politique des transports mise en place depuis des années peut résoudre en grosse partie ce problème. Notre structure et support touristique peut communiquer en Espagne pour limiter l’entrée des voitures. Les aficionados ? On les connaît, c’est moi d’abord, d’où impact sur l’environnement, les transports, etc… ».
Et qu’en disent les professionnels ?
Du côté des professionnels de l’hôtellerie, qui seront sollicités en premier, la venue de l’équipe espagnole est appréciée positivement. Pour Stéphane Héreaudeau, hôtelier à Sainte-Marie : « 15 jours après l’annonce, nous enregistrons des options sur le planning, mais les confirmations de réservation qui s’accompagnent du versement d’arrhes sont en attente. Pour nos contacts, s’engager sur des dates de réservation dépend du pronostic sur le parcours sportif de l’équipe d’Espagne dans la compétition. Et en pleine saison, en juin, la règle est la réservation ferme. Sur Sainte-Marie de Ré, la privatisation de l’hôtel Atalante redistribue l’offre et par conséquent les demandes s’orientent vers nous. D’autant que le tournoi de tennis handisport recherche aussi des chambres pour la même période. Dans un mois, ce sera plus significatif ». Une attente que l’on retrouve auprès des hôteliers interrogés.
En résumé, des réactions mi-figue-mi-raisin
« L’équipe d’Espagne de football tout le mois de juin dans l’île de Ré ? Voilà ce que m’inspire cette situation nouvelle. Côté positif pour l’île, elle séduit une organisation performante et a été appréciée comme en capacité de réussir cette opération, cela peut attirer du monde qui peut espérer voir ses idoles, des journalistes et cela dope ponctuellement la notoriété. Mais l’île de Ré fait-elle un bon coup ? En terme de business ? Pas sûr, car la thalassothérapie accueille habituellement des clients qui visitent, consomment l’île dans sa globalité, pas sûr que ce soit le cas des footballeurs et accompagnants. En terme d’image ? Pas sûr, car le foot et les footballeurs internationaux ont une très mauvaise image incontestable en ce moment. La sécurisation de l’équipe va s’amplifier dans le contexte du terrorisme actuel, ce n’est pas super en terme d’image d’apporter de l’insécurité dans une île « secure », des gens viennent dans l’île aussi pour cela. La stratégie est peu claire en matière de tourisme. A-t-on d’ailleurs pesé les + et les – de la venue de l’équipe d’Espagne, ce que cela apporte, ce que cela enlève ? Le renforcement de l’image de l’île, franchement je n’y crois pas ».
« En terme d’environnement, la Thalassothérapie va devoir se protéger pour la tranquillité et la sécurité des joueurs, entraîneurs. Va t’on la « bunkeriser » ? Probable. Va t’on « bousiller » la dune devant la Thalassothérapie ? Probable si rien n’est mis en place. Sainte-Marie bénéficiera en terme de notoriété, d’image, d’animation de la commune, mais avec des dégâts collatéraux en matière environnementale ».
« Pour l’île de Ré, le bilan sera mitigé. Ceux qui pensent que plus il y a de communication et de bruit, meilleur c’est pour le business, ont une vision de court terme et ne vivent pas de clientèles mais d’achalandage. Ce qui sur une île qui défend l’excellence est assez contradictoire. Quelle est la stratégie de l’île en matière touristique ? Personne aujourd’hui n’a posé les items d’une véritable stratégie… on attrape tout… et c’est contradictoire ».
Soutien à l’évènement ou réserves évolueront en fonction du déroulement de l’évènement et de sa gestion. Cette photographie instantanée de l’opinion est susceptible d’évoluer et sera à comparer avec le bilan, pour savoir si le jeu en valait la chandelle.
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