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La Java des Baleines - Festival Queer Codes

« Venez avec qui vous êtes »

Après le succès de la première édition, le festival Queer Codes revient les 22, 23 et 24 août avec encore plus de plumes, de paillettes et d’amour.

Par Eugénie Rambaud - 14/08/2024

L’an passé, ils avaient créé l’évènement en invitant les divas du Queer à se produire sous le chapiteau de La Java. L’île de Ré, qui a connu sa première Marche des fiertés avant La Rochelle, en 2021, avait fait un accueil formidable aux créatures de rêve qui l’avaient embarquée dans un show burlesque déjanté, avec la participation sans retenue de l’équipe de La Java. Pour cette deuxième saison « axée résolument sous le signe de la fête », le duo d’organisateurs JP et Mister Robinson a fait appel au trio qui anime à Paris, une fois par mois, le cabaret du Prisme, dont les bénéfices sont systématiquement reversés à des associations soutenant différentes causes. Pendant trois nuits, le drapeau arc-en-ciel flottera au-dessus de La Java, et l’éclat des paillettes aux paupières des Drag Queens et dans les yeux des spectateurs rivalisera avec celui des étoiles.

Show devant

L’ambition de JP et Mister Robinson est pédagogique : faire découvrir la culture queer. C’est donc avec le plus grand sérieux qu’il s’agira de venir assister à la conférence inaugurale sur le genre, intitulée « Genre moi ça » et co-animée par un vrai sociologue, Marc Remos et… une authentique Drag Queen, Alice Psycho. Pour ne pas perturber les habitudes des Javanais, le quizz musical du jeudi aura bien lieu, mais dans une version queer : attendez-vous à finir sur la piste de danse.

Vendredi, la fête s’ouvrira comme il se doit avec l’apéro Bingo Drag, le jeu par excellence de la culture queer, suivi du Bal animé par les Matthieux, le duo d’impro qui a fait trembler le plancher l’été dernier par ses reprises des grands classiques queer. C’est le moment de sortir vos plumes, vos basrésilles et vos talons aiguilles, mais aussi vos barbes et vos poils sous les bras, ou rien de tout ça, car le queer, c’est d’abord une histoire d’humanité : venez comme vous êtes, avec qui vous êtes, dans votre singularité. Ici, vous êtes sûr de n’être pas jugé.

Une pléiade de Reines et un Roi, au ciel de La Java

Samedi soir, la planète Queer brillera de toutes ses facettes, grâce aux Reines qui illumineront la piste lors du Grand cabaret queer, animé par Loyal Câlin, du cabaret du Prisme. Elles viennent de Paris, Bordeaux, Poitiers, La Rochelle. Elles s’appellent Alice Psycho, Madame Wasabi, Silver Wind, Petunya Wind, Mona Mour, Yvette le Glaire, Elips (la Miss Sympathie de Drag Race France1). Le drag leur a quelquefois sauvé la vie2. Elles se réinventent complètement sur scène, donnant la démesure de notre humanité avec humour et confettis. Et parce que le queer est un état d’esprit, cette année le festival s’ouvre à d’autres formes d’étrangetés, celle de Boubsie et Dark janor, un duo de rappeuses féministes enragées et engagées, et celle d’Angelo The King, « Drag King » oscillant entre féminin et masculin (lire encadré). Le festival se clôturera par un DJ set avec Mister Robinson aux platines, pour un mélange des genres sous la bannière de la liberté.

1 – L’émission vedette de France 2, le vendredi soir à 19h.

2 – Voir l’entretien d’Aurélie Bérard avec Leïlanna Summer, Drag Queen aux Portes, accessible en ligne sur www.realahune.fr/leilanna-summersle- drag-ma-sauve-la-vie

Informations, horaires et tarifs sur le site de La Java des Baleines,
lajavadesbaleines.fr
Retrouvez les portraits des artistes et les informations en avant-première sur
Instagram : queercodes_festival

« On peut être queer et heureux »

Un Roi s’invite parmi les Reines du festival Queer : Angelo the King « performe la masculinité », dans un show qui veut poser des questions, sans y répondre.

Son nom de naissance est Louise. Des questions sur sa transidentité, elle s’en pose depuis le collège, depuis qu’entourée d’ami.es queer, elle a appris à se considérer en dehors des codes sociaux. Militante féministe, elle se reconnaît dans les combats de la communauté queer, contre le patriarcat et le sexisme. Angelo est né du confinement. « Le Drag King existe depuis que des femmes remettent en question les genres. » Que l’on songe aux garçonnes des années 20, à l’écrivaine Colette et à sa maîtresse, l’artiste Missy, qui se faisait appeler « Oncle Max » et s’habillait en complet veston lorsque le port du pantalon était interdit aux femmes. Louise a fait des études de lettres, la scène n’est pas son métier. « Je mesure la chance que j’ai d’avoir cet espace où pouvoir m’exprimer, c’est important pour moi de porter un message qui ait du sens. » Le sens, elle le trouve dans les chansons d’artistes féministes telles que Zaho de Sagazan, Hoshi, Sheila ; et dans la littérature. « Quand j’ai lu King Kong Théorie de Virginie Despentes, j’ai tout de suite eu envie de lui donner une autre dimension, orale, publique, scénique. » Bordeaux, où elle vit, est une ville où la scène queer est florissante. Angelo rejoint une « famille », « La maison close », avec laquelle il se produit. « Avec le temps, j’évolue vers le drag queer. Je veux flouter les codes, que les gens ne sachent plus si c’est un homme ou une femme qui danse devant eux. Qu’ils se posent la question : le genre est-il vraiment important ? » Pendant trois jours, des créatures enchanteresses débordant tous les cadres conduiront un festival aux allures de carnaval, avec un humour aussi féroce que leur appétit de vivre. Pourtant, tou.te.s sont victimes au quotidien de discrimination et de violence, et certain.e.s vivent dans des conditions plus que précaires, sans le soutien d’une famille qui les a rejeté.e.s. « La fête est une réponse à cette pesanteur, une façon de dire : on peut être queer et heureux. »