- Économie
- Terroir/Merroir
- Assemblée générale
Uniré : un très bel exercice grâce au Cognac et à la pomme de terre AOP
La coopérative des vignerons et des maraîchers de l’île de Ré peut se réjouir à bien des titres : très bons résultats 2020/2021* et forte progression sur le 1er trimestre** de l’exercice 2021/2022 en cours, marché du Cognac fort dynamique, campagne exceptionnelle de pomme de terre, démarche HVE 3 bien engagée et aires de lavage finalisées ou en bonne voie, excellentes performances commerciales du cellier, lancement d’une gamme de vins spécifique pour les restaurateurs, d’un pineau rosé… Ce qui n’empêche pas le Président, Jean-Jacques Enet, et le Directeur, Christophe Barthère, de rester vigilants, dans un double contexte d’approvisionnement et commercial tendu.
L’Assemblée générale s’est tenue comme l’an passé à huis clos, en présence d’une trentaine d’adhérents et sans invités, hors Conseil d’Administration et Commissaire aux Comptes, dans la très belle salle de séminaire d’Uniré. Ré à la Hune était présent.
Le Président, Jean- Jacques Enet, a ouvert l’assemblée générale annuelle en ces termes : « Dans un contexte économique en pleine ébullition, le marché du Cognac reste très dynamique et celui du Pineau semble se stabiliser malgré une production toujours à la baisse. Notre magasin a confirmé ses performances commerciales… La campagne de pommes de terre fait ressortir un chiffre d’affaires exceptionnel, une qualité de production remarquable distribuée grâce à notre union commerciale redoutable pour son efficacité. La préoccupation du moment reste l’approvisionnement en plants pour les années futures avec l’espoir de remplacer à moyen terme notre variété emblématique Alcmaria, dont les qualités ne sont pas encore égalées par ses soeurs, mais dont la régénération devient urgente (lire l’encadré ci-contre). »
Des vendanges resserrées
La densification des plannings de vendanges déjà observée lors des campagnes précédentes s’est confirmée lors des vendanges 2020, démarrées le 3 septembre et achevées le 7 octobre, conséquence d’un resserrement des dates de maturité entre cépages blancs et noirs. Avec 38 810 hectolitres vinifiés, le millésime 2020 s’est positionné entre la petite campagne 2019 (+ 50) et l’importante campagne 2018 (- 17 %). Ces volumes permettent de satisfaire les besoins commerciaux pour les trois couleurs de vin, ainsi que pour le Pineau et le Cognac, avec un niveau de qualité conforme aux attentes. Les 22 000 hl de vins de distillation récoltés ont permis d’élaborer 2300 hectolitres d’alcool pur (HAP) de Cognac en devenir.
Les vendanges 2020 ont aussi permis la première vinification d’une cuvée de vin blanc distincte, de 150 hl, issue de parcelles de Sauvignon conduites en Agriculture Biologique.
Les ventes de Pineaux, Cognac et Trousse Chemise progressent fortement
Si les ventes de vins de Pays ont bien progressé au 31 juillet 2021, versus l’année précédente (à noter + 49 % pour le Soif d’Evasion rosé), elles ne sont pas revenues au niveau de l’année avant Covid (1er août 2018 au 31 juillet 2019). La progression des ventes en été témoigne de la bonne fréquentation de l’île et du fort attrait du nouveau cellier, doté d’une équipe dynamique.
A contrario, les ventes de Pineaux des Charentes ont crû de près de + 18 % versus l’année passée, et ont même été supérieures à celles de l’année 2018/2019, année normale non impactée par la crise sanitaire. Cette augmentation est liée à l’arrêt du Pineau en Marque de distributeur (MDD) par de gros faiseurs, qui a permis à la Coopérative de récupérer des parts de marché. Les ventes de Cognac ont très fortement progressé : celles aux grossistes ont progressé de + 58 % en volume, avec une valorisation intéressante, les ventes en bouteilles se sont accrues de + 28 %. Les ventes de Cognac en bouteilles progressent chaque année depuis vingt ans, elles ont doublé sur cette période.
Les ventes de Vin Mousseux de Qualité, c’est-à-dire le Trousse Chemise, ont enregistré une progression de presque 28 %. Depuis qu’il existe, il progresse chaque année.
4 aires de lavage collectives
Côté achats et travaux, Uniré investit dans quatre aires de lavage collectives, pour collecter les effluents issus des pulvérisateurs et machines à vendanger. Ce gros investissement est nécessaire pour respecter la réglementation européenne et dans le cadre de la volonté d’Uniré de viser à 2027, voire 2025, la certification HVE niveau 3, ce qui suppose que 100% des exploitations adhérentes soient certifiées d’ici là (Lire notre article pages 24 et 25).
Les investissements concernent aussi de nouveaux logiciels, l’acquisition de fûts pour le chai de vieillissement, mais aussi l’amélioration de l’isolation des chais de vins rouges. Une parcelle expérimentale de 70 ares a été plantée, ainsi que, en partenariat avec l’IGP Charentais et le Conservatoire du vignoble charentais, dix variétés de cépages résistants dont l’objectif in fine est la sélection des variétés les plus adaptées au contexte de production rétais.
Actualités de fin 2021
Postérieures à la date de clôture des comptes 2020/2021, les vendanges 2021 ont démarré tardivement, au 13 septembre, soit dix jours plus tard que la campagne 2020, et se sont achevées le 19 octobre. Pour répondre à la demande croissante, l’Azuré blanc 2021 a été élaboré à partir d’un assemblage de Chardonnay et de Sauvignon, contrairement à la cuvée inaugurale 2020 issue intégralement de parcelles de Sauvignon.
Avec 35 100 hl vinifiés, contre 38 800 en 2020 (- 10 %), la campagne 2021 se situe légèrement en dessous de la moyenne de ces dix dernières années, en volumes. Elle devrait permettre de répondre aux besoins commerciaux pour les vins IGP, le Pineau et le Cognac. Par ailleurs, la campagne de distillation des 18 500 hl de vins récoltés devrait s’achever à la mi-février 2022. Uniré est en cours de recrutement d’un nouvel oenologue, pour remplacer Etienne présent depuis 2013.
Pomme de terre : une très belle campagne
L’emblavement de la campagne 2021 de pomme de terre a été de 121 ha, soit + 3 ha, avec deux variétés plantées : Alcmaria et Charlotte. Les plantations de pommes de terre se sont déroulées dans de bonnes conditions, exceptés fin janvier et début février 2021, très pluvieux. Ce décalage a eu pour impact des volumes plus faibles à commercialiser en avril. L’Union Coop Noirmoutier Ré a permis d’approvisionner tous les clients en pomme de terre AOP.
La campagne a commencé le 31 mars, avec une semaine de décalage par rapport à 2020, et dès début avril la grande distribution était en demande. « Le passage en AOP s’est fait le 9 avril, l’une des années où l’on passe le plus tôt en AOP », a expliqué Jean- Jacques Enet. A partir de la première quinzaine de mai, Uniré a retrouvé des volumes suffisants pour satisfaire la demande et lancer réellement la saison de la pomme de terre de l’île de Ré. L’offre des conditionnés est privilégiée au détriment du vrac. La première quinzaine de juin a été particulièrement dense au plan commercial, avec l’opération « Nos Régions ont du Talent » et la campagne s’est terminée le 7 juillet, une semaine plus tard que d’habitude.
Ainsi la Coopérative a commercialisé 2104 tonnes en 2021, contre 1800 tonnes en 2020 au même prix moyen de vente de 1,98 €/kg. La production vendue a ainsi augmenté de + 17 %
Bien qu’à partir du 1er janvier 2022 le plastique soit prohibé dans le conditionnement des fruits et légumes vendus en commerce de détail, Uniré a pour les pommes de terre une exemption jusqu’au 31 décembre 2024 et le droit d’utiliser ses sachets fraîcheur jusqu’au 30 avril 2025. Uniré recherche donc un emballage recyclable, en carton ou en papier, et observe de près comment se comportent les nouvelles lignes de conditionnement de mise en barquettes de la Coopérative de Noirmoutier (coffrets cartons).
Des approvisionnements soumis à de fortes hausses de prix
La progression de + 2 % du chiffre d’affaires de l’activité approvisionnement d’Uniré recouvre des disparités importantes et est liée notamment à l’augmentation des coûts des matières sèches. Les activités de vente et de conseil des produits phytosanitaires devant désormais être séparées, Uniré a opté pour la vente et il est fait appel à des conseils extérieurs.
Un compte de résultat très satisfaisant
Ainsi, le chiffre d’affaires de la SCA Uniré est-il passé de 12,73 M€ en 2020 à 15,78 M€ en 2021, soit une progression de + 24 %. A 10,8 M€, l’activité vignerons a progressé de + 28 %, grâce aux Cognac et Pineaux, et dans une moindre mesure aux Mousseux. Les ventes du cellier ont fortement progressé, tandis que celles des commerçants et notamment de la grande distribution ont perdu des parts de marché : « Notre cellier a récupéré 5 % de part de marché par rapport à la GMS, c’est intéressant car on ne partage pas cette marge. Les ventes de notre magasin vont être bientôt aussi importantes que celles des commerces de l’île de Ré. Evidemment, nous devons un grand merci aux GMS, qui sont un débouché important » a expliqué Christophe Barthère.
Le chiffre d’affaires de l’activité maraîchère est, de son côté, passé de 3,6 M€ à 4,2 M€ (+ 17 %). L’activité approvisionnement est restée stable à 823 K€ (+ 1 %).
Le Résultat net de la SCA Uniré, fortement négatif en 2020 (- 1,02 M€), est redevenu positif en 2021, s’élevant à 159 K€. « Nous ne sommes pas encore en pleine mesure d’un exercice normal » a précisé Christophe Barthère, puisque les confinements de 2020 ont impacté ces résultats. Activités viticoles (181 K€) et maraîchères (82 K€) contribuent fortement à ce résultat net positif, que vient diminuer le résultat de l’activité approvisionnement (- 104 K€). « On a un peu réajusté nos marges sur l’activité appro, mais elles restent trop faibles, on va y remédier, l’objectif n’est pas de faire un excédent mais de couvrir nos frais » a précisé Jean-Jacques Enet.
Carole Pardell, Olivier Bouyer et Eric Mounier ont vu leur mandat au Conseil d’Administration renouvelé pour trois ans, avant que le Président ne conclue : « Adhérents-propriétaires de l’entreprise, administrateurs, salariés, on rame tous dans le même sens, un exercice comme celui-là on aimerait en faire tous les ans, les produits commercialisés sont de qualité. On doit aussi un grand merci au Cognac, quand le Cognac va bien l’activité des vignerons va beaucoup mieux, le contexte économique est favorable à nos activités. »
*Exercice financier du 1er août 2020 au 31 juillet 2021.
**Août, septembre, octobre 2021.
Un Pineau des Charentes « île de Ré » ?
La Coopérative travaille depuis 9 ans sur la possibilité d’obtenir une Dénomination géographique complémentaire (DGC) pour le Pineau des deux îles de Ré et d’Oléron. En l’état actuel de la réglementation, elle n’a pas le droit de mentionner une aire d’appellation plus petite que celle des Charentes. Changer de nom ou bien demander à l’INAO de reconnaître la différence du Pineau des deux îles, sont les deux seules solutions. Pour cela il faut prouver la spécificité du terroir, ce à quoi s’attelle Michel Pelletier, qui retrace l’histoire du Pineau de l’île de Ré.
Un pineau rosé en expérimentation
Les vendanges 2021 ont vu la première élaboration, à l’échelle expérimentale (50 hl), d’un pineau rosé. Il se distingue du Pineau rouge par une intensité colorante plus faible et un taux de sucres moins élevé. Si le résultat est prometteur, il faudra attendre six mois d’élevage sous bois avant de se prononcer sur la réussite de cette expérimentation. Verdict à l’été 2022. Moins sucré, avec plus de fruit et de fraîcheur, ce Pineau rosé s’adresse à une population jeune de moins de 40 ans, le Pineau étant souvent perçu comme un apéritif de « vieux ».
Quelle variété après l’Alcmaria ?
« La variété Alcmaria est très fragile, on subit l’approvisionnement avec une variété faite que pour nous par deux producteurs. Nous étudions ce que nous pouvons mettre en place pour sécuriser. Il faudrait déjà un troisième producteur, et on fait des expérimentations variétales précoces. On va tout faire pour conserver l’Alcmaria, mais il nous faut des solutions pour la remplacer dans un cas extrême. On arrive un peu au bout du bout, il nous faut avoir un plan B. Nous avons sept variétés inscrites au cahier des charges AOP, certaines s’en rapprochent, le but de l’expérimentation variétale est d’en retenir une ou deux, ou trois, ayant cette précocité et les qualités gustatives requises. Pour le moment, Alcmaria n’est pas remplaçable. Une AOP nécessite deux ans d’essai, cinq ans pour ouvrir un cahier des charges, on a demandé à l’INAO de pouvoir ouvrir plus vite à partir du catalogue des variétés ayant deux ans d’expérimentation. En 2006, l’INAO nous a accordé une dérogation. On risque un jour de ne plus avoir un multiplicateur qui accepte de travailler pour nous, pour un si petit tonnage » ont expliqué le président et le directeur d’Uniré, interrogés par des adhérents sur leur volonté de remplacer l’emblématique Alcmaria.
Les P’tits Bonheurs, une gamme pour le réseau CHR
Une nouvelle gamme va voir le jour pour la saison 2022, destinée exclusivement aux cafés-hôtels-restaurants (CHR). Ceux-ci en avaient fait la demande. Elle sera déclinée en 50 cl et 75 cl en blanc avec du Chardonnay 2021, en rosé avec un assemblage Cabernet sauvignon et Merlot 2021 et en rouge avec un assemblage Cabernet Sauvignon et merlot 2018. Ces bouteilles remplaceront celles sérigraphiées en Royal, Rosé des Dunes et Gouverneur. « En 1ère année cette gamme sera exclusivement en CHR, on pourra ensuite envisager de la vendre aussi à notre magasin et y apposer de la PLV, mais on souhaite d’abord voir comment la commercialisation de cette gamme se comporte » a expliqué Christophe Barthère, lors de l’AG. Uniré souhaite que cette gamme reste attractive en termes de prix, même si créer une nouvelle gamme engendre un travail supplémentaire en cave. Les étiquettes sont en cours d’élaboration, une version non encore finalisée a été présentée aux adhérents d’Uniré.
Les Régalades, un évènement symbolique fort
Les adhérents se sont interrogés sur l’organisation en 2022 des Régalades. « Nous n’avons pas d’informations pour le moment, si une fenêtre s’ouvre on participera, mais on n’attendra pas la CdC, nous les organiserons nous-mêmes, en fonction des conditions sanitaires. » a précisé Christophe Barthère. « Les Régalades symbolisent le lancement de campagne de la pomme de terre et nous permet de faire la promotion de tous les produits de la Cave Coopérative. Il s’agit d’une belle opportunité de faire parler de nous, leur symbolique est forte même si elles n’ont pas d’impact sur la réussite de la campagne. Notre partenariat ave la CdC reste intéressant, avec aussi l’activité touristique. L’évènement s’organise 6 mois à un an à l’avance, c’est compliqué en ce moment » a de son côté estimé Jean-Jacques Enet.
4 aires de lavage collectives
L’aire de lavage de La Couarde est opérationnelle depuis juillet 2021. Celle d’Ars-en-Ré/Saint-Clément est terminée depuis la mi-janvier 2022, elle entrera en fonction après formation des exploitants à sa bonne utilisation. L’aire de lavage de Sainte-Marie devrait être opérationnelle pour mars 2022. Après l’accord par la Mairie de la prise en charge du chemin d’accès à l’aire, la Colas vient de commencer le chemin qui devrait être terminé au 15 février. L’aire de lavage du Bois-Plage a dû surmonter quelques incompréhensions entre l’ancienne et la nouvelle municipalité et a donné lieu à de nombreux échanges. Lors de sa venue récente au Bois-Plage le sous-préfet Pierre Molager a invité Uniré à représenter le même projet. L’aire boitaise devrait ainsi être opérationnelle en septembre 2022.
Lire aussi
-
Économie
« Une saison atypique et olympique »
Ré à la Hune s’est entretenu avec le président de Charentes-Tourisme quant au bilan de la saison 2024 et aux enjeux auxquels la filière touristique doit répondre.
-
Économie
La saison en Charente-Maritime et sur l’île de Ré
Charentes-Tourisme et Destination Île de Ré ont communiqué à Ré à la Hune leur premier bilan de saison 2024, des vacances de Pâques aux vacances de la Toussaint.
-
Économie
Rester positif malgré la déception
Car c’est le terme plusieurs fois entendu : si elle n’est pas loupée, la saison 2024 n’a pas tenu ses promesses
Je souhaite réagir à cet article