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Uniré oeuvre pour le maintien d’une agriculture rétaise dynamique
Alors que l’AG de la Coopérative Uniré se profile (29 janvier) Ré à la Hune a rencontré son directeur, Christophe Barthère, pour faire un point sur l’activité agricole rétaise. Les terres cultivées s’amenuisent régulièrement. Là où il y a 30 ans l’île de Ré comptait près de 1000 ha de vignes, la surface n’était plus que de 613 ha en 2006 et a encore perdu près de 50 ha en dix ans, avec un peu moins de 570 ha en activité actuellement, aux mains de 60 exploitants. La pomme de terre est, elle, exploitée par 22 agriculteurs, dont seulement 2 ne font que de la pomme de terre.
A cette réduction sensible des surfaces cultivées s’associe certes un changement dans la façon de travailler, désormais plus axée sur la qualité que sur la quantité. Il n’en reste pas moins qu’Uniré a dû se pencher sur la recherche de solutions visant à pallier cette importante déperdition au fil des ans. Non seulement toutes les terres d’agriculteurs partant à la retraite ne sont pas redistribuées, mais même quand elles le sont, ce n’est souvent que partiellement. Face à cela, le souhait d’installation de jeunes agriculteurs, de l’île de Ré ou du continent, se heurte à la lourdeur des investissements, à la difficulté de se loger et de trouver des bâtiments agricoles.
« Sagiterres » vise à faciliter l’installation de jeunes agriculteurs
Ainsi, à l’instar de ce qu’il se pratique déjà sur d’autres territoires, Uniré a décidé d’intervenir via la société Sagiterres (Société pour l’acquisition et la gestion immobilière de terres agricoles rétaises), créée le 4 décembre 2013 sous forme de société civile agricole (SCA), dont le capital est détenu à 99 % par Uniré et à 1% par le président d’Uniré, Jean-Jacques Enet. Sagiterres rachète des terres – idéalement en zone AOP – et les met à disposition de jeunes désirant s’installer, sous forme de fermage, les dispensant ainsi du gros investissement de départ. Le bail de 9 ans, reconductible, peut déboucher sur une acquisition. Pour le moment, un seul jeune, Adrien Medeau (lire N° 113 et sur realahune.fr) sélectionné sur le volet notamment eu égard à son sérieux et à sa motivation, a pu bénéficier de cette opportunité, présenté à Sagiterres par Christian Amelin, exploitant à Saint-Clément et qui partait à la retraite. Adrien a réalisé en 2015 sa première année de pomme de terre.
Si Sagiterres est en veille permanente sur les opportunités de rachat, afin d’étendre ce système, « elle n’a pas vocation à marchander ni surenchérir sur les prix des terrains, les terres nues sont rachetées à un prix prédéterminé, pour les vignes il est tenu compte de leur âge, sur la base unitaire de 15 à 18 000 €, est appliqué un amortissement sur 30 ans, intégrant la décote de la vigne. La population des agriculteurs vieillissante permet de tabler sur dix à quinze départs (au-delà de 65 ans) dans les dix prochaines années. Certaines coopératives en France, qui ont développé ce système depuis plusieurs années, détiennent près de la moitié de la superficie agricole de leur territoire… »
Une activité agricole très viable sur l’île de Ré, le marché offrant de larges débouchés
Sans anticiper sur l’annonce officielle des résultats lors de l’AG, Uniré aimerait à terme arriver à une production de pommes de terre entre 1500 et 2000 tonnes, correspondant au potentiel de l’île de Ré ; cette année la production moindre de 1250 tonnes (1400 tonnes en 2014) a été compensée par un prix plus élevé, lié à la rareté du produit. Pour la vigne, il est déjà possible d’affirmer que la récolte 2015 est (très légèrement) meilleure que celle de 2014 avec 36 000 hectolitres, alors que jusqu’ici les volumes étaient sur un trend descendant, et la production afférente (qui sera écoulée sur l’exercice 2016) sera sensiblement équivalente. Les prix de vente de cognacs sur les marchés internationaux ont eux baissé et retrouvé un niveau plus « normal », à la suite de quatre excellentes années, du fait de stocks gonflés. Sur l’exercice août 2014/juillet 2015, objet de l’AG de janvier 2016, la part des ventes de bouteilles de cognacs est de l’ordre de 20 %, les bouteilles de vins, pineaux représentant 80 % de ces ventes. Pour rester dans les grandes masses, sans dévoiler les chiffres, l’activité viticole représente en gros 72 % du chiffre d’affaires d’Uniré, le maraîchage 19 %, les approvisionnements (ventes d’engrais, phytosanitaires, plants de pommes de terre, etc, sans marge, aux agriculteurs) 9 %.
Une commercialisation sous le label « Bio » effective en 2018
A la suite de la volonté de quelques producteurs d’Uniré, deux d’entre eux travaillant déjà toute leur exploitation comme si elle était agréée Bio, d’autres voulant faire du Bio sans mettre leur exploitation en Bio et ayant créé à cet effet une société, Christophe Barthère a regardé ce qu’il se fait sur d’autres territoires et a pu constater que d’autres coopératives sont parfaitement parvenues en termes d’organisation, à gérer une double activité conventionnelle et bio. Uniré est désormais en mesure d’épauler « la volonté d’une minorité, sans pour autant que le Bio se fasse au détriment des exploitants traditionnels ».
Sur l’île de Ré, les premières vendanges bio ont été réalisées sur la saison 2014/2015, destinées à un Rosé Merlot Bio (200 hectolitres produits, environ 20 000 bouteilles) qui pourra être commercialisé sous la dénomination « en conversion Bio » en 2016 et 2017, avant de pouvoir prendre l’appellation Bio officielle à partir de 2018. L’objectif est ensuite d’élargir à d’autres vins, et la marque Bio en cours de création est pensée dans ce sens.
Toujours dynamique, Uniré est attentive à la pérennisation d’une activité agricole qui reste très viable sur l’île de Ré, avec des débouchés supérieurs à l’offre, tout en étant à l’écoute des marchés et des souhaits d’innovation de ses adhérents.
L’AG Uniré se tiendra vendredi 29 janvier à 9h, à la salle des Oyats au Bois-Plage, suivie du traditionnel déjeuner. Voir le compte-rendu de l’AG et le bilan de la coopérative Uniré
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