Une vision d’avenir pour des élus volontaristes
L’Acte de décentralisation de Marylise Lebranchu actuellement peaufiné au sommet de l’État et attendu de façon imminente devrait changer fondamentalement la donne sur les territoires. Exit les délégués territoriaux (conseillers généraux et régionaux « fusionnés ») qui firent tellement débat sous l’ère Sarkozy, cet Acte renforcera les compétences des intercommunalités et des Régions, au détriment de celles des Départements qui se concentreront sur leurs compétences obligatoires.
Bien que les intercommunalités soient considérablement ramassées avec seulement 13 communautés d’agglomération ou de communes en Charente-Maritime à l’issue du processus, contre les 25 existantes, et que le seuil d’un canton ait été fixé autour de 22 000 habitants (avec une marge de + ou – 10 %), l’île de Ré devrait garder son statut de plus petite intercommunalité du département, sans être rattachée à une commune du Continent. Mais les deux cantons rétais seront fusionnés en un seul canton, promettant d’ores et déjà une bagarre rude entre les deux actuels conseillers généraux rétais pour en 2015 conserver l’unique siège.
Une intercommunalité au carrefour des compétences
Au-delà des piques et petites phrases anecdotiques, on comprend donc que le Président de la CdC de l’île de Ré ait construit son discours politique des voeux autour de cette ligne stratégique. « Dans l’ambiance actuelle de repli, où il ne faut pas trop parler et laisser faire, ma position tranche, je n’entends pas être un président “normal”. Certes, on ne peut éviter la crise, mais nous devons vous rendre compte de notre inquiétude et de notre vision du territoire. L’État doit faire face à nombre d’exigences, avec ses difficultés, l’heure est aux économies et donc au gel des dotations. L’État n’a pas les moyens d’être partout, sur les 2000 territoires. En conséquence, les intercommunalités doivent prendre leurs responsabilités et accompagner le développement des communes ».
« Échelon au milieu, celui où tout se passe, au centre des compétences, en appui aux communes qui restent indispensables mais dont les ressources financières s’épuisent, la Communauté de Communes est une chance », a insisté son Président Lionel Quillet.
Une vision politique d’avenir
C’est ainsi que la CdC rétaise, sous son impulsion et grâce à l’implication et à la bonne entente de 9 Maires sur 10, anticipant ces évolutions structurelles, avance à marche forcée depuis le début de ce mandat.
La construction de la nouvelle gendarmerie pour laquelle la CdC met sur la table 3,5 millions d’€ mais qui bénéficie aussi de financements de l’État et du Département (ce financement complémentaire du CG ne sera plus possible dans l’avenir) est un exemple de cette politique volontariste.
Signe visible du désengagement de l’État le bâtiment de la DDE à Ars qui abritait il y a à peine 15 ans plus de 20 fonctionnaires de l’État travaillant sur Ré, abritera désormais des personnels de la CDC qui s’attend d’ailleurs à récupérer la compétence de l’instruction des permis de construire que l’État devrait déléguer aux territoires d’ici 2014.
« Cela aurait été une erreur historique et tactique, sans vision politique, si l’on n’avait pas anticipé ces évolutions de fond et accéléré la prise de compétences de la CdC et cela le serait encore si par exemple on refusait de mutualiser les compétences des 10 offices de tourisme rétais (sur 67 OT dans tout le département), afin d’aboutir à une économie de moyens et à une meilleure performance des ressources ».
D’autant plus que l’Acte de Décentralisation qui sortira mi-février prévoit – selon nos sources – de transférer et centraliser sur les intercommunalités la compétence tourisme…
« Il y a deux visions possibles en politique, celle du repli et de la nostalgie ou celle de l’avenir. » À titre d’illustration Lionel Quillet a rappelé la politique menée en matière de gestion des déchets, qui fut la 1ère compétence « obligatoire » du SIVOM de l’île de Ré en 1977, avec l’optimisation de cette gestion entre 2008 et 2012, la construction du centre de transferts HQE (5,6 millions d’€), et l’informatisation des déchèteries tant décriée et qui avec 15 000 cartes pour les particuliers et 900 cartes pour les professionnels a d’ores et déjà permis d’économiser 200 000 € et de baisser la fiscalité (TEOM) en 2012 et en 2013. Le tri sélectif et le compostage sont en bonne voie, avec déjà 700 composteurs distribués, et la fermeture du centre des Hauts de Turpine prévue au 28 février 2013 permettra un retour à l’état naturel de ce site.
Une écotaxe utilisée à bon escient… ou qui devrait l’être
Rappelant que l’écotaxe a été votée à l’unanimité nationale et que c’est sur la part de 2,7 millions d’€ qui revient au Conseil général – soit 45 % de la part de 6 millions (sur la totalité des 12 millions de l’écotaxe) dédiée à l’île de Ré – que les préemptions sont financées, Lionel Quillet a confirmé qu’il était favorable à une préemption raisonnée et efficace et sous réserve que le Conseil général gère les territoires ainsi préemptés. Qu’en l’occurrence la maison préemptée à Sainte-Marie pour 1 million d’€ en pleine zone urbanisée légale était une hérésie. Et que la convention signée avec le Conseil général prévoyait que la politique de préemption menée par la Conseil général le soit en accord avec les Maires… La part d’écotaxe de 3,3 millions d’€ qui revient à l’île de Ré et aux communes, sert à financer la préservation de la biodiversité (CREZH et CREZB, sans oublier RAMSAR qui fête ses 10 ans ce 2 février), et de l’estran, les écogardes, la communication et les transports en énergie propre.
Le Homard, un animal territorial, combatif et durable…
Au sujet des transports, le Président a rappelé qu’il avait fallu 20 ans depuis la construction du Pont en 1988, pour qu’une vraie politique de transports soit mise en place avec des premiers résultats très encourageants : la ligne des Mouettes Ré Express a transporté 216 252 voyageurs en 2012, les vélos Mouettes près de 2000 cyclistes, les navettes électriques ont en à peine quelques mois permis à 35 657 passagers de passer le Pont pour 1 € seulement, tandis que les navettes intra et intervillages et la Diabline doivent encore faire leurs preuves. La validation du Plan Global de Déplacement en février 2013, va permettre d’optimiser ce dispositif également largement au service des jeunes et des associations (mise à disposition de minibus).
La présentation du Projet scientifique de réintroduction du Homard aux Baleineaux, animal territorial, combatif et durable… comme lui, fut largement applaudie par une salle largement acquise à ce tribun hors pair, même si çà et là quelques voix soulignaient qu’à trop vouloir marginaliser Léon Gendre, les 9 Maires de l’île prenaient des risques… le premier d’entre eux étant que tous les Flottais se sentent fustigés.
Avec 6 crèches, un RAM (relais d’assistantes maternelles), et un LAEP (lieu d’accueil enfantsparents), l’île de Ré a une capacité d’accueil en crèches supérieure à la moyenne nationale et une politique de lien social intéressante.
Évidemment les projets de logements sociaux, ouverts à tous sur l’île de Ré vu le plafond de ressources élevé requis pour y prétendre, seront conditionnés par l’obtention de l’agrément de quotas départementaux par les Services de l’État, et l’île de Ré espère avoir 100 logements agréés en 2013 et en 2014.
Avec des structures sportives encore insuffisantes, la CdC accompagne celles qui existent et a ainsi financé à hauteur de 700 000 € la réfection de la Halle des Sports de Saint-Martin, tout comme elle le fera à hauteur de 30 % d’autres projets sur Ars ou Le Bois-Plage.
Dominique Bussereau et Lionel Quillet reçus par Delphine Batho au sujet des côtes
La protection des côtes de l’île de Ré a été fondamentalement remise en cause par Xynthia, et après les 14 millions d’€ engagés sur les travaux de niveaux 1 et 2, la CDC a vu valider par l’État son PAPI prévoyant 45 millions d’€ de travaux. Toutefois entre temps l’instruction administrative des projets a été sensiblement complexifiée rappelant au Président « les errements d’après Xynthia ». Grâce à son coup de gueule en session du Conseil général – notamment – il a obtenu que le Président Dominique Bussereau – qu’il a accompagné – soit reçu par la Ministre de l’Écologie, Delphine Batho le 29 janvier.
Les travaux de La Conche des Baleines et du Peu Ragot sont eux hors Papi, et ceux de la Digue du Boutillon passés en procédure d’urgence (PSR) devraient démarrer en septembre 2013, après l’enquête publique en cours.
Pour mieux vivre ensemble
Pour conclure, Lionel Quillet a rappelé que le SCoT avait été validé par la Préfecture, et que seuls 5 associations et 7 particuliers, tous issus de la même commune, avaient jugé bon de porter un recours contre le SCoT, ce qui est selon lui une erreur majeure d’appréciation. Ces recours ne sont pas suspensifs et le SCoT pourra donc commencer à être appliqué en 2013.
On le voit, un vrai travail de fond est entrepris par les élus rétais, dans leurs communes (voir notre dossier ci-après) et à l’échelle intercommunale, sur le territoire rétais, pour que s’instaure un « mieux vivre ensemble », à l’année, entre générations, quelles que soient les origines sociales ou géographiques, entre actifs et retraités, en bonne harmonie avec nos voisins rochelais. N’en déplaise à quelques esprits chagrin donneurs de leçons et qui aimeraient opposer pour mieux régner.
Or les élus rétais – qui ont bien conscience qu’il reste beaucoup à faire et que tout n’est pas parfait – ont besoin du soutien des Rétais – un soutien certes vigilant, critique mais enthousiaste et soudé aussi – pour mettre en place une politique d’avenir qui permette aux jeunes de revenir habiter et travailler sur l’île de Ré et aux futures générations d’espérer y vivre si tel est leur souhait.
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