Une séance du Conseil de Développement bien suivie
Le 28 février dernier, devant près de 60 personnes, les membres du Conseil de Développement (4ème génération) ont exposé leur vision du PPRL et du territoire, très opposée à celle des élus rétais.
Pierre Bot, qui a pris la tête des opposants aux élus communautaires dans le cadre du SCoT et de la révision du PPRL, a apporté ses arguments. Pour lui, la défense des côtes de l’île de Ré est inappropriée et est l’une des causes des ravages de Xynthia, avec la dérive littorale, les tempêtes, vents, vagues, courants.
Le recul du trait de côte, l’abaissement du niveau de l’estran, l’érosion à la base des dunes sont des effets directs, que des protections efficaces pourraient freiner. « L’État a tout bon…, l’île de Ré tout mauvais ! » S’interrogeant sur le fait que « fin 2013 notre PAPI n’était pas encore passé par les services de la Préfecture », il a mis le doigt sur les relations tendues entre les élus rétais et la Préfète, en citant des PPRL qui se passent « normalement » selon lui, avec « un dialogue à chaque étape entre la collectivité, l’État (DDTM) et son bureau d’études ». « Sur l’île de Ré, deux camps s’affrontent dès le début. Pourquoi ? Est-ce une conséquence du SCoT » a-t-il demandé, la question valant déjà réponse.
Citant l’objectif de l’État « délimiter les zones exposées aux risques… jusqu’à interdire tout type de construction, d’ouvrage, d’aménagement », puis une société d’assurance, la MAIF : « Faire construire en zones inondables est un non-sens qui dédouane les véritables responsables de situations dramatiques pour les victimes » il a ensuite explicité ce qui est – selon lui – l’objectif de la CdC : « Maintenir au maximum la constructibilité dans les 20 % constructibles ». Rebondissant sur différents propos de Lionel Quillet tenus lors de la réunion publique du 31 janvier dernier, il a contesté la notion d’ « infaillibilité d’une digue » qui ne peut se jauger qu’à l’aune d’un temps de retour de 10 000 années ou a minima… de 1250 ans, selon les écrits de l’expert J. Van der Meer.
Estimant que la construction de la digue du Goisil était une provocation inutile, que la politique de l’État est « ancienne, constante et évolutive », relevant que le Conseil général est maître d’oeuvre et d’ouvrage délégué des digues depuis 1988… et que plusieurs études sur l’état des digues ont été faites par celui-ci, il a aussi repris les propos plusieurs fois tenus par la Préfète : Casagec c’est 8 personnes sur le 64, Artelia, est un cabinet international de 2400 personnes, et enfin « il n’y a pas de fortes contestations ailleurs en Charente-Maritime » ! Soupçonnant une confusion entre la carte de niveau d’eau (sans digue) et la carte d’aléa – de hauteur d’eau – qui définira la classification en zone constructible il a encore mis en avant un autre argument de la Préfète sur le fait que les éléments techniques de la CdC ne lui étaient toujours pas parvenus (lire notre article « Les élus rétais répondent aux attaques de la préfète » sur www.realahune.fr). Pour lui, « la charge de la preuve n’est pas inversée ».
En deux mots, l’État a tout bon et l’île de Ré tout mauvais avec « une perte de temps » liée à son attitude, « une communication technique sur le PPRL très discutable », « une contre-publicité pour l’île de Ré et le canton nord », « une provocation illégale inutile » et enfin « un climat dégradé entre les services de l’État (Ministère et Préfecture) et les communes et la CdC ».
« Le PPRL a-t-il un impact sur l’économie ? »
L’apport de la seconde partie de réunion resta de même tonalité, puisqu’à la question « Le PPRL a-t-il un impact sur l’économie de l’île de Ré » la réponse apportée par le président du CdV, Bernard Bordier, fut « aujourd’hui ce ne sont que des supputations et des données imprécises souvent énoncées sans fondement. Seule la carte des aléas validée par toutes les parties pourra permettre de faire une analyse précise et objective de son impact sur l’économie ».
Les professionnels et particuliers déjà impactés depuis plusieurs mois apprécieront…
Toutefois, l’apport de données chiffrées – qui ne vont pas forcément dans son sens d’ailleurs – fut un élément intéressant.
Selon la FDBTP (Fédération du Bâtiment et des travaux publics), dont le président M. Sabouraud était présent et avait communiqué ses chiffres, environ 959 emplois concernent le bâtiment sur l’île de Ré : 619 salariés d’entreprises dont le siège est basé sur Ré, 150 indépendants et artisans seuls, 145 salariés d’entreprises basées en Charente-Maritime et 45 salariés d’entreprises basées hors Charente-Maritime, et travaillant quotidiennement sur Ré.
Il faut selon la FDBTP ajouter à ce nombre un coefficient multiplicateur d’emplois induits (entre 0,7 et 1) ce qui représente directement et indirectement pour le secteur du bâtiment entre 1630 et 1918 emplois.
Pour l’INSEE, le secteur du bâtiment représente directement 15,6 % des emplois de l’île (sur 6122 emplois) et indirectement entre 26 et 31 % des emplois. Les sources sont donc cohérentes entre elles.
Selon le Ministère de l’Équipement, un emploi dans le secteur du bâtiment génère 98 400 € de chiffre d’affaires, soit pour 959 emplois directs pas loin de 100 millions d’€ de chiffre d’affaires direct.
L’autre apport intéressant du CdV concerne le nombre de logements commencés chaque année : 133 en 2009, 146 en 2010, 267 en 2011, 238 en 2012 et 191 en 2013. Soient 975 constructions neuves ou travaux d’extension ayant nécessité un permis de construire de fin 2009 à fin décembre 2013 et un net infléchissement de la tendance en 2013.
Le président du CdV a conclu : « Il a fallu la carte des hauteurs d’eau en juin 2013 pour que l’on commence à mobiliser les gens. Le SCoT n’aurait jamais dû être validé sans révision du PPRL » et a regretté « le manque d’écoute et de considération du Conseil de Développement par les élus de la CdC ». Conclusion un peu surréaliste après 2 heures de critique systématique de la stratégie et de la politique menée par la CdC et compte tenu de l’opposition continue des intervenants aux élus rétais. Un Conseil de Développement n’est-il pas censé travailler en bonne intelligence avec les élus, condition sine qua non de la prise en compte de ses réflexions ?
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