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- Portrait de Françoise Caillaud
Une poissonnière à la tête bien faite
Le tempérament et la gouaille de Françoise Caillaud font qu’elle ne passe pas inaperçue sur les marchés d’Ars et de Saint-Clément où elle possède un banc, à longueur d’année, ainsi qu’à La Couarde, en juillet et août. Portrait d’une battante qui a une haute conception de son métier.
Issue d’une longue lignée de pêcheurs rétais – son père représente la 7e génération -Françoise Caillaud qui avait envisagé après ses études de travailler à l’international, s’est finalement retrouvée dans la filière poisson.
Après le lycée Fénelon et l’obtention de son diplôme de Sup de Co, Françoise ayant soif d’autre chose et de voir ce qui se passait ailleurs, était partie à Oxford compléter son cursus, puis avait trouvé un poste dans le milieu du poisson en Écosse. Mais, à l’annonce de la prochaine retraite de ses parents, elle supporte mal que l’aventure de la famille s’arrête là et le désir de vivre sur son île l’emportant, elle rentre. Elle va alors recommencer une formation et travailler en alternance sur le marché de Châtelaillon-Plage, afin de passer son CAP de poissonnerie, qu’elle obtient en 2003. Elle se met à son compte dans la foulée. La Fille du pêcheur, une véritable poissonnerie professionnelle, est née. Remotivée par l’affaire que Françoise vient de créer, son père continue à prendre la mer et elle vend sa production, qu’elle complète avec ce qu’elle ramène de la Criée pour proposer un large choix à sa clientèle. Elle a 25 ans et en dehors de fêter les Catherinettes, il ne lui reste plus qu’à travailler dur et à faire connaître la manière dont elle envisage le métier.
Un beau mais difficile métier
Ces dernières années, elle collabore avec Charles, son époux, qui, épris de liberté et de nature, est retourné à l’école pour devenir marin pêcheur avant de naviguer deux années durant avec son beau-père et reprendre le flambeau familial. Charles est l’un des deux derniers pêcheurs restant dans l’île et le seul à aller encore chercher le homard. A bord de son bateau le « Jason IV », racheté à son beau-père, il pêche à la ligne, au filet et au casier moins nocif que le chalut, car il jouit de la même conscience écologique que Françoise qui bannit de son étal une pêche utilisant des méthodes destructrices. Elle estime que tous les acteurs de la filière ont un rôle à jouer pour éviter la surpêche et de son côté, le poisson qu’elle vend provient d’une pratique artisanale respectueuse de l’animal et de la saisonnalité. Elle est fière de pratiquer ce beau métier qui nourrit la population et il est indispensable pour son équilibre personnel de le faire correctement.
C’est effectivement un beau métier, qui ne laisse cependant que très peu de temps pour une vie personnelle et où le recrutement est de plus en plus difficile. Françoise travaille avec son mari, mais ne le voit pratiquement pas. Le couple remédie au problème en se consacrant chaque année le mois de janvier pour vivre véritablement ensemble. Quant à ses deux enfants, ils ont été très tôt autonomes !
Son stand est superbe à regarder et à déguster. Elle prépare elle-même le poisson de façon à ce qu’il n’y ait plus qu’à le faire cuire. Elle indique le temps de cuisson et éventuellement recommandera une recette pour l’accommoder. Elle constate que de plus en plus souvent elle doit pourvoir à l’éducation de ses clients. C’est particulièrement vrai avec les Britanniques qui ne connaissent que les poissons des mers du nord. Elle le fait volontiers, considérant qu’il s’agit d’une prolongation de sa tâche, tout comme elle ressent comme une nécessité la transmission de son savoir. C’est ainsi qu’elle est heureuse des résultats de son apprentie, Marie-Laure, une Casseronne, qu’elle a réussi à conserver auprès d’elle en lui proposant un CDI depuis novembre dernier.
Son surcroît de travail ne l’empêche pas de surveiller l’évolution de la société qui l’entoure afin de prendre le moment venu les décisions nécessaires à la bonne marche de l’entreprise et de sa vie.
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