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Une pelle amphibie pour l’entretien des zones humides inaccessibles
Le 23 janvier, un énorme engin est arrivé à Ars-en-Ré par convoi exceptionnel : une pelle amphibie, dernière acquisition de l’AEMA (Association des Etangs et Marais), pour travailler dans les zones jusque-là inaccessibles aux pelles à chenilles.
Retour en arrière, 2010 : Xynthia. Les marais ont servi de tampon lors du passage du vimer. Dans ces endroits endigués et salés se côtoient des marais salants, des marais ostréicoles, des marais aquacoles et des marais de loisirs. Il y avait urgence à entretenir, globalement et régulièrement, ces zones humides parfois délaissées.
En 2012, l’AEMA a été retenue dans le cadre de l’appel d’offres lancé par la CDC pour l’exécution des travaux du CTMA (Contrat Territorial volet Milieux Aquatiques), nouveau nom donné au CREZH (Contrat de Restauration des Zones Humides). Ce projet était évoqué depuis de nombreuses années, bien avant même la tempête. Derrière ces abréviations, un enjeu de taille : le curage et l’entretien des chenaux, le retrait des encombres, la protection des berges, la lutte contre les plantes invasives et la restauration des ouvrages hydrauliques. En résumé un objectif « la remise en service des réseaux hydrauliques, en veillant bien à la cohérence du système d’exploitation » explique Jean-Bernard Ansoud, président de l’association syndicale. Le contrat porte sur quatre années, pour un montant de 2,4 M €, valeur 2012. Un défi en quelque sorte pour l’AEMA, à laquelle adhèrent 250 propriétaires de marais.
La pelle amphibie, la Big Float
Conçue en Finlande, la pelle amphibie intervient dans les tourbières, là où on ne peut aller ni à pied, ni avec des pelles. Avant son acquisition les équipes de l’AEMA ont fait des essais au Mont Saint-Michel. Cet engin y est utilisé pour la restauration du caractère marin, lié à l’envasement du site. En fait c’est une pelle classique, montée sur un chassis avec deux caissons flottants, permettant l’amphibie lorsque la mer remonte. Les premiers tests, dans un marais d’Ars, se sont révélés concluants. Elle est impressionnante et pourtant plutôt silencieuse. Elle flotte bien ! et ne s’enfonce pas, même lorsqu’elle rencontre des épaisseurs de vase importantes. Ces dernières semaines ont été consacrées aux réglages, à la prise en main, à la formation des pelleteurs. « Nous devons adopter nos méthodes de travail à l’engin », atteste Benjamin Courtadon, directeur de l’AEMA. Grégory, que ses collègues appellent amicalement le Mozart de la pelleteuse, devrait être en charge des travaux les plus délicats.
Gros chantiers en perspective
La CDC est maître d’ouvrage. Les projets de travaux, dans le cadre du CTMA, ont été concertés avec l’ONEMA (Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques), l’Agence de l’Eau, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et le Conservatoire du Littoral. Avant toute intervention, l’AEMA établit un diagnostic et des simulations de process. Accès, épaisseurs de vase, largeurs des chenaux, dépôt de vase sur les berges, autant de paramètres à intégrer. La première intervention a débuté mi-février, sur le chenal des Rouets à Ars. Jamais aucune pelle n’y est passée, et pour cause, la largeur entre deux berges atteint jusqu’à 80 mètres ! À certains endroits il y a deux mètres de vase. La machine réaligne le chenal, pour corriger les méandres qui tapent sur le pied de la berge en l’abîmant. « Plus droit, plus de courant, moins d’envasement » résume Benjamin Courtadon. Ensuite ce sera le tour du chenal de la Groix à Saint- Clément. 300 heures d’intervention ont été programmées par année pour cet engin. Les travaux ne peuvent s’effectuer qu’au moment de faibles coefficients de marée ou au mort d’eau, afi n d’optimiser le résultat. L’amphibie permet de profiter au maximum du temps disponible entre la montée et la descente de la mer.
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En chiffres
> Son poids : 24 tonnes
> Son réservoir : 1 000 litres, favorisant la stabilité et l’autonomie en carburant
> Ses dimensions : le châssis est monté sur vérins afi n de permettre l’écartement des flotteurs. Au travail, elle mesure 4,80 m de large. Au repos, elle se réduit à 3,10 m, permettant le déplacement sur les routes avec un gabarit réglementaire. La longueur du bras : 12 m.
> Son coût : 421 000 euros, financé par les travaux du CTMA.
> Les huiles (hydraulique, de graissage et moteur) sont bio, pour tenir compte du milieu protégé environnant.
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