« Une opposition multiple et constructive »
Le groupe d’expression multiple (GEM) qui s’est constitué au sein du Conseil communautaire en début du mandat en cours aspire à plus de démocratie participative et à une meilleure visibilité. Il prépare aussi, en filigrane, l’avenir politique.
Composé de cinq délégués communautaires : Patrice Raffarin, (maire de Rivedoux), Patrick Salez (élu minoritaire de La Flotte), Didier Guyon (élu minoritaire de Sainte-Marie), Jean-Pierre Gaillard (élu minoritaire du Bois-Plage, ancien maire) et de Julie Foulquier (2ème adjointe au maire de Rivedoux) qui en constituent le noyau dur, le GEM est parfois rejoint pour certaines réunions par d’autres délégués communautaires ou invités du territoire.
Le GEM a invité les médias à une conférence de presse samedi 27 novembre et le fera régulièrement : estimant que ses interventions sont parfois insuffisamment relayées, il souhaitait les « contextualiser » et en expliquer la finalité.
« Nous souhaitons travailler de façon positive et active et être force de propositions et de contestation, nous avons nos propres personnalités, parfois nous n’avons pas les mêmes idées et c’est tant mieux », explique Patrice Raffarin.
Que ce soit lors des Conseils communautaires ou municipaux, ils interviennent fréquemment, parfois d’une même voix, d’autres fois de façon divergente. « Le M de GEM est fondamental, précise Didier Guyon, nos approches sont différentes, nous pouvons avoir des désaccords ou trouver un consensus, mais il y a discussion. Nous faisons souvent des réunions, et toujours une avant le Conseil communautaire pour le préparer, nous échangeons aussi de façon continue par mail sur un forum virtuel. »
« Nous souhaitons nourrir le débat, apporter des réponses qui conviennent à la population. Le Conseil communautaire est trop souvent une chambre d’enregistrement, nous voulons apporter nos réflexions, analyses, propositions voire des motions, si besoin, nous ne votons pas en bloc au conseil communautaire » poursuit Jean-Pierre Gaillard.
Pour cette première rencontre formelle avec la presse, le GEM a souhaité se focaliser sur quatre thèmes : Le logement à l’année, la transition énergétique et écologique, le ramassage des ordures ménagères, la pratique de la démocratie. « Sujets d’actualité qui, sur l’île de Ré, ne manquent pas de susciter des interrogations, des critiques parfois des polémiques. Notre intention n’est autre que d’apporter l’éclairage le plus large possible sur ces problématiques et de participer ainsi, à la mise en oeuvre de réponses équilibrées et acceptables par le plus grand nombre de nos concitoyens. »
La collecte des ordures ménagères
« Au sujet du changement de collecte des ordures ménagères à partir du 15 février, nous avons déposé un amendement* au Conseil communautaire du 30 septembre, afin de faire une petite interpellation. Si sur les réseaux sociaux des gens se sont plaints et une pétition a circulé, c’est sans doute parce que le sujet n’a pas été assez débattu, il aurait fallu avant de prendre la décision, et de l’inclure dans le marché public, expliquer aux Rétais les enjeux de la réduction des déchets en matière écologique et économique. Lionel Quillet a organisé trois réunions publiques, annoncées le 30 septembre, en réponse. On les soutient, mais cette concertation a lieu après la décision. Or si elle n’est pas concertée, une telle décision peut avoir des effets négatifs, voire inverses aux effets attendus » estime Didier Guyon.
« Si l’objectif est de réduire les déchets, j’adhère totalement, renchérit Patrice Raffarin, mais je ne pense pas que ce soit la seule motivation. »
Patrick Salez a, pour sa part, souhaité revenir sur le Conseil communautaire du 25 octobre**. Lors de la délibération visant à autoriser le président à signer l’attribution du marché (le choix du prestataire relevant de la Commission d’Appel d’Offres et non du Conseil), huit délégués communautaires ont préféré s’abstenir, dont les cinq du GEM. « Il y a eu des réactions fortes, de Lionel Quillet, de Lina Besnier et d’autres maires élus de la CAO, estimant que notre abstention traduisait un manque de confiance à leur égard. Si cela avait été le cas, nous aurions voté contre. Notre position est liée au fait qu’il y a eu un signalement envers le vice-président en charge de la gestion des déchets, des procédures judiciaires sont en cours, nous avons entendu deux versions contradictoires. Dans ce contexte nous n’avons pas assez d’éléments fiables pour nous prononcer », explique l’élu flottais.
« Un tel marché n’est pas anodin, au regard du montant du budget et des questions soulevées sur le précédent marché par la Chambre Régionale des Comptes », estime Patrice Raffarin.
Démocratie participative
Le Pacte de Gouvernance, cher à Patrick Salez, qui s’est exprimé à plusieurs reprises à ce sujet lors des conseil communautaire et municipal de La Flotte, a été présenté aux délégués communautaires lors d’un séminaire le 18 novembre dernier. « En jeu, se trouve l’organisation du ménage à trois : CdC, communes et citoyens. Les relations entre les communes et les citoyens marchent plutôt pas mal sur l’île de Ré, celles entre la CdC et les communes peuvent être améliorées, les communes pourraient mutualiser certains sujets avec le soutien de la CdC, les relations entre la CdC et les citoyens sont parfois distanciées, avec un risque de décrochage de ces derniers… Je suis frappé par tout ce qui existe déjà, mais les citoyens doivent pouvoir mieux s’approprier les projets publics. Cela passe par la communication et d’autres moyens » explique l’élu flottais.
Didier Guyon précise : « Nous avons posé la question du journal communautaire, qui n’est pas paru depuis un an, cela prive le GEM d’un vecteur d’expression, nous avons suggéré la mise en place d’un Conseil intercommunal des jeunes et d’un budget participatif, le président Lionel Quillet ne souhaite plus éditer le journal sous la forme qu’il avait, il a par contre assuré que Conseil des jeunes et budget participatif étaient prévus. Je pense que dans les choses qui peuvent être réfléchies, l’organisation d’un référendum local par mandat, sur un sujet majeur, comme par exemple celui de la gestion de l’eau, serait opportun. En ayant avant le référendum travaillé sur le sujet, débattu, organisé des rencontres. Il s’agit d’un bon moyen d’impliquer les gens. Autre sujet plus symbolique, l’organisation de conseils communautaires décentralisés serait extrêmement pertinent. »
« Il ressort de l’Analyse des Besoins Sociaux réalisée en fin de précédent mandat que ce serait bien de coordonner les CCAS communaux via un CIAS intercommunal, comme l’avait suggéré Christian Bourgne (Maire des Portes et VP de la CdC de 2008 à 2014), heureusement que Ré-Clé-Ré existe », estime Jean-Pierre Gaillard.
« Nous avons aussi demandé que le Comité Consultatif Citoyen soit déconnecté du Schéma de Développement Durable afin qu’il puisse être consulté sur des projets structurants pour Ré, comme par exemple la transition énergétique » propose Patrick Salez.
On l’aura compris, le GEM souhaiterait plus de transparence et de démocratie participative, même si les décisions relèvent in fine des délégués communautaires, démocratiquement élus dans leurs communes.
Transition énergétique
Sur le projet éolien off-shore, Didier Guyon a une opinion divergente de celle de Patrick Salez, le premier étant très dubitatif sur le bilan carbone d’une telle production énergétique, le second estimant qu’il faut participer au débat afin de faire évoluer le contenu du projet, même s’il laisse poindre en aparté quelques premiers doutes et admet les insuffisances des réunions publiques CNDP. Ils pensent toutefois que le débat a le mérite d’exister et qu’il ne pouvait être dit que le débat était inutile et faussé avant qu’il ait eu lieu, justifiant ainsi leur vote contre la délibération proposée par Lionel Quillet en juillet dernier consistant à « émettre une très forte réserve quant à ce projet, et à ne pas rentrer dans le débat, faussé puisque sans contenu réel ».
En matière de transition énergétique, Jean-Pierre Gaillard regrette qu’ « on ne parle sur Ré que de production, et non pas de maîtrise de la consommation énergétique. On a un patrimoine bâti remarquable vieillissant, mal isolé, on devrait tester une politique plus volontariste, trop peu de particuliers font appel à l’ANAH (accompagnement pour des travaux d’aménagement de l’habitat). Par ailleurs, on a ouvert dans le PLUi des possibilités pour les toitures solaires, l’Architecte des Bâtiments de France freine des quatre fers, il est dans son rôle, mais son avis est simple et les Maires peuvent aller à son encontre. Il y a beaucoup de pédagogie à faire auprès des propriétaires pour qu’ils se lancent. »
Didier Guyon appelle de ses voeux une meilleure gestion de l’éclairage public, à l’instar de ce que Gisèle Vergnon a mis en place à Sainte-Marie de Ré. « La sobriété énergétique est un vrai sujet. »
Logement
A peine effleuré ce jour-là, le sujet du logement pourrait faire l’objet d’un prochain point presse. Il comporte « deux urgences : Ré est à moitié vide l’hiver alors que les Rétais n’arrivent pas à se loger, limiter le logement locatif saisonnier à des fins touristiques comme à Saint-Malo qui impose un pourcentage maximum par quartiers, limiter le nombre de jours annuels de location Airbnb, il faut y réfléchir. Et pour les saisonniers, sans attendre les résultats du diagnostic, on pourrait déjà réserver ne serait-ce qu’un mobil-home par hôtel de plein air pour du logement saisonnier, ce qui ferait autour de cent logements déjà, avant de trouver des solutions plus pérennes » propose Jean-Pierre Gaillard.
« La création de deux groupes de travail a été décidée lors du séminaire des délégués communautaires du 18 novembre, dans le cadre du « projet de mandature » sur ces sujets de la transition énergétique et du logement », conclue Patrick Salez.
*Lire notre article : www.realahune.fr/unconseil- communautaire-sportif/ **Lire notre article : www.realahune.fr/ marche-des-ordures-menageres-prudenceou- defiance/
Lire aussi
-
Politique
Signalétique des voies cyclables, où en est-on ?
On en entend parler depuis un moment mais la situation a-t-elle changé ?
-
Politique
Département : « Tout ce qui a été voté sera fait »
Alors que la dernière séance pleinière du Conseil départemental a confirmé l’état très préoccupant des finances du Département de la Charente-Maritime, les conseillers départementaux de l’île de Ré ont tenté de rassurer, relativisant quelque peu le discours de la présidente.
-
Politique
Séance municipale animée au Bois-Plage
La pugnacité des débats n’est pas chose extraordinaire au Bois-Plage, mais il aura fallu quand même près de trois heures pour mener à terme l’ordre du jour du 25 septembre.
Je souhaite réagir à cet article