- Loisirs
- Saga de la famille Becker
Une famille qui a marqué le cinéma français
L’île a attiré bien des familles qui, prises au piège de sa beauté, ont fini par s’y installer définitivement. C’est le cas de la famille Becker, encore une fratrie où la fibre artistique est omniprésente, même chez les conjoints, qu’il s’agisse de cinéma, de peinture ou de photographie.
En décembre 1970, Jean Becker découvre l’île grâce à une invitation de Jean-Jacques Debout et Chantal Goya à venir passer un weekend dans leur maison de La Flotte. Malgré le temps hivernal, Jean Becker et son épouse sont conquis par les paysages et la tranquillité qu’offre alors l’île, territoire singulier presque encore hors du temps. A l’époque, les touristes viennent rarement hors saison et pratiquement jamais à Noël. La lumière si particulière de l’île et la splendeur du soleil couchant sur les marais séduisent les Becker à tel point qu’ils réservent immédiatement une maison pour l’été suivant à Saint-Martin.
A la recherche d’une maison
Une fois sur place pour les vacances d’été, ils font véritablement connaissance avec l’île et cherchent un lieu qui leur convienne parfaitement. Ils loueront d’abord une maison à Saint-Clément, puis dénicheront un moulin aux Portes. Ils apprécient la douceur de vivre du village et le sentiment d’être au bout du monde qu’ils éprouvent lorsqu’ils sont aux Portes. C’est dans cette commune que Jean achète, en 1978, une maison qui deviendra sa résidence principale. A l’époque, le fils du célèbre réalisateur Jacques Becker dont on se rappelle Casque d’Or avec Simone Signoret dans la plénitude de son talent ou Touchez-pas au grisbi avec Jean Gabin, n’a pas encore réalisé L’Été meurtrier, qui marquera une étape dans sa carrière, mais il a déjà à son actif un certain nombre de films tel Un nommé La Rocca avec Belmondo, Pas de caviar pour tante Olga et Tendre voyou et s’est fait une quantité d’amis dans l’univers du cinéma.
Pendant deux à trois ans, ils reviendront chaque été dans ce moulin, toujours avec leurs enfants, car chez les Becker on aime les enfants, ainsi que leurs amis et les enfants de ces derniers ! Le caractère heureux et jovial de Jean fait que dès qu’il s’installe quelque part, ses amis le suivent et le premier d’entre eux sera Gérard Hernandez, un ami d’enfance. Durant ces premières années, les fêtes se succèderont attirant beaucoup de monde parmi lesquels les regrettés Sempé et Villeret.
Une enfance heureuse
Ses enfants, Jean-Paul et Louis, évoquent avec bonheur la gaieté de ces étés fabuleux où leur père les emmenait à la pêche et à chaque sortie en mer, ils devaient se taire pendant trois à quatre heures afin de ne pas effrayer les poissons. Jean- Paul se souvient de sa première partie de pêche en compagnie de son père au cours de laquelle ils trouvèrent le moyen de s’échouer et durent rentrer à la voile. Jean Becker leur fit également découvrir le foot et oublia d’ailleurs un jour Paul sur le terrain. Paul Belmondo, le fils de Bebel, faisait partie des copains des deux frères ; avec lui, ils « pilotaient » la 4L familiale dans le jardin aux risques et périls de tout l’entourage. Les copains en question n’en avaient que pour le fils de Belmondo et cela agaçait un peu Jean-Paul. Plus tard, c’est en faisant de la voile qu’ils dépenseront leur énergie se restaurant de frites à la buvette près de Gros Jonc au retour de chaque sortie. Quant à Vony, leur mère, elle faisait face à l’appétit dévorant de tous ces jeunes avec bonne humeur et efficacité, cuisinant les produits de la pêche ramenés par la gent masculine familiale. Et lorsque cette activité prenante lui laissait du temps, elle intervenait dans les films de son époux en s’occupant de décoration comme dans L’été meurtrier, par exemple.
Les enfants, comme les adultes, étaient heureux de vivre au grand air et de profiter de la mer en toute liberté. Ils adoraient le côté sauvage de l’île. Jean, qui admire la manière dont elle a été protégée très tôt par ses élus, sera catastrophé à l’annonce de la construction du pont même s’il reconnaît que c’était indispensable pour le développement de la vie économique de l’île et un certain bien-être des Rétais.
La descendance n’échappera pas au virus du 7e Art
Finalement, plus qu’une ouverture sur le cinéma, leur père grâce à l’île, leur a fait découvrir la mer et les a initiés à la pêche. Ils n’ont cependant échappé ni à la tradition familiale, ni au monde de l’image. Jean-Paul travaillera dans la photographie, la publicité et le cinéma. Adolescent, il était malheureux de quitter l’île après les vacances et y revenait souvent en hiver. Adulte, allergique à la grisaille de la région parisienne, il va en 2014 s’inventer un projet professionnel pour revenir définitivement dans l’île. Après des essais dans la restauration, ce touche-à-tout de génie, donnera enfin libre cours à sa passion pour la peinture et Delphine, son épouse, créatrice de bijoux, s’essaiera avec succès à la photo. Très sensible au monde qui l’entoure, Jean-Paul raconte avec talent et humour sur des toiles gaies et colorées, des histoires plutôt sombres et relatives aux grandes problématiques de notre temps (1).
De son côté, Louis nourrit une passion pour le cinéma et dès l’enfance, tourne des films en super 8. On ne naît pas impunément petit-fils de Jacques Becker et fils de Jean Becker ! Jeune homme il sera stagiaire sur le dernier film de Luis Buñel, puis assistant réalisateur de Jean Yanne et assistera ensuite Gérard Oury et Costa Gavras jusqu’au moment où, en 1986, il s’associe à Thierry Lhermitte pour fonder ICE3, société de production qui fera entre autres Un indien dans la ville et produira huit films de son père.
Quant à Jean, à 90 ans passés, après le joli film plein de charme Les Volets verts, il goûte des plaisirs de la vie en préparant son prochain film. Il a pris une option sur les droits d’une pièce de théâtre dont le titre donne le ton Avis de tempête et dans laquelle se débattent les membres d’une famille dans le genre des Atrides !
(1) La galerie de Delphine et Jean-Paul Becker se trouve aux Portes, 13 ruelle de la Paix.
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