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Une assemblée générale sous haute surveillance
La 59e Assemblée générale de l’Association des amis de l’île de Ré (AIR) s’est finalement déroulée calmement, ce 6 août, dans la salle polyvalente de Saint-Clément, malgré la rumeur annonçant le contraire, mais néanmoins sous la surveillance bienveillante de la Gendarmerie !
Le préfet de Charente-Maritime, Béatrice Abollivier ainsi que le député de circonscription Olivier Falorni, les deux conseillers généraux de l’île, Léon Gendre et Lionel Quillet, et tous les maires étaient invités. Aucun n’est venu hormis Léon Gendre présent avec la double casquette de Conseiller général et adhérent de l’AIR. Olivier Falorni et Patrice Raffarin se sont excusés de ne pouvoir assister à la réunion. La présence de Gilles Duval était annoncée. Devant son absence, Pierre Bot indiqua : « il y a eu des pressions pour qu’aucun élu ne soit présent ».
La première partie de cette Assemblée générale se déroula comme n’importe quelle autre assemblée de ce type et vit le vote du rapport d’activité et du rapport financier montrant une augmentation des recettes par rapport à l’an passé, due à l’accroissement des adhésions entre 2011 et 2012. Puis il fut procédé au renouvellement du Conseil d’administration.
Quid de l’agrément de l’association ?
Le rapport moral, axé sur l’agrément des associations environnementales, le recours contre le SCoT et le PPRL furent plus longs à traiter.
Rappelons que le Grenelle 2 souhaitant modifier les critères de représentation des associations de protection de l’environnement, la préfecture avait demandé à l’AIR en 2012 de remplir un dossier pour obtenir un nouvel agrément. L’AIR n’est pas seule dans ce cas et toutes les associations vont perdre leur agrément avant d’en obtenir un nouveau … ou pas. La réponse faite à ce jour à l’AIR est qu’elle ne représente que 10 communes et que c’est insuffisant. Cependant, selon Pierre Bot, la nouvelle loi du 27 décembre 2012 devrait permettre à l’AIR d’être agréée, mais le décret d’application n’est pas encore passé. Ainsi que l’indiqua Pierre Bot « Ce sont des changements administratifs, mais nous continuons d’exister. »
Le recours en annulation du SCoT au Tribunal fin 2013 ?
Le recours en annulation contre le Schéma de cohérence territoriale pourrait passer au Tribunal d’ici la fin de l’année. Ce qui réjouit Pierre Bot qui rappela qu’il avait participé aux travaux d’élaboration du SCoT avec Jacques Boucard durant deux ans en tant que membre du Comité de suivi. Il regrette qu’il n’y ait plus de représentant d’aucune association dans ce Comité puisque lui-même s’en est éloigné, car il estimait, a contrario de la CdC, que le résiduel constructible devait être décliné commune par commune et redevenir prescriptif comme prévu à l’origine des travaux. D’ailleurs Béatrice Abollivier, préfet, avait approuvé le SCoT, par un courrier en date du 12 mars 2012, à la condition expresse que le résiduel constructible soit prescriptif et non une simple préconisation. Or la position de Pierre Bot est qu’il eut fallu « attribuer de 7 à 10 ha par commune, mais les maires ont refusé et on est revenu aux préconisations d’un Grenelle 2 ». Ceci est à l’origine du reproche que Pierre Bot a fait à Ré à la Hune, à savoir que nous n’aurions pas souligné le fait que le document n’ait jamais été approuvé par la préfecture. Ré à la Hune a pourtant raison. À partir du moment où le document était entériné par l’État et qu’il n’y a pas eu de recours à son encontre, il était ipso facto approuvé. Et il est d’ailleurs en application depuis le 1er janvier 2013.
Un dialogue indispensable avec l’Etat dans le cadre de la révision du PPRL
À propos du PPRL, Pierre Bot revint sur le rapport réalisé avec Jacques Boucard : « Ré, une île face à la mer » dans lequel on apprenait, entre autres, que durant les cinq derniers siècles, Ré avait enregistrés 54 vimers d’amplitudes variables. Pierre Bot constatait que « de plus en plus d’événements extrêmes successifs et pas seulement dans notre île. Les conditions météorologiques de Xynthia n’étaient pas les pires (coefficient de la marée 104, vitesse du vent 140 km/h) et il est tout à fait possible qu’un super Xynthia ait lieu un jour. Quand ? Impossible à préciser, mais la moyenne est quand même de 2 à 3 événements de ce type par siècle ». La prévention est indispensable et les enjeux d’importance : d’abord sauvegarder des vies humaines, puis conserver une activité économique (commerce, artisans) et préserver l’immobilier. Car comme l’a redit Pierre Bot, l’association est attachée à la vie permanente dans l’île ainsi qu’aux logements sociaux. Il est donc normal que l’État prenne des mesures en ce sens.
Afin de faire comprendre à l’assistance qu’il fallait être réaliste et accepter certaines décisions, même si elles sont difficiles, Pierre Bot fit un bon exposé technique en s’appuyant sur des cartes et des statistiques. Il indiqua qu’il y avait des PPRL en cours un peu partout dans la région et que seule l’île de Ré se rebellait… avec Noirmoutier quand même. Sa position : pour avancer il faut dialoguer avec l’État et ne pas faire montre de cette attitude agressive qui ne facilite pas l’écoute de la part des services. De plus ce n’est pas en mettant les problèmes sur la place publique qu’on les résoudra.
Pierre Bot, comme Léon Gendre d’ailleurs, estiment que l’on peut obtenir plus de l’État en le respectant qu’en le bousculant et recommandent que l’on donne du temps au temps. C’est également la position de Jacques Toubon. Sauf que les professionnels ne disposent pas de temps, ils subissent déjà le contrecoup des cartes de niveaux d’eau à un moment où les étapes qui sont devant nous sont encore nombreuses. Les successions sont bloquées chez les notaires, faute de pouvoir évaluer correctement les biens, les travaux dans le bâtiment n’avancent plus et la rentrée se profile accompagnée de son cortège de licenciements
Les interventions de certains adhérents de l’AIR qui suivirent l’exposé de Pierre Bot donnent à penser qu’ils s’inquiètent de ce qui peut arriver. Ils ne suivent pas aveuglément la position de leur président et souhaitent se rapprocher des élus.
Des interventions du public mitigées
À la suite de l’assemblée, il était prévu un temps de parole pour le public. Adhérents comme représentants d’autres associations se sont exprimés.
Jacques Toubon
« Si on abrogeait la circulaire 2011, il n’y aurait plus rien qui serve de cadre (NB Pierre Bot a déclaré à un moment de son exposé que Lionel Quillet avait demandé l’abrogation de la circulaire nationale de l’État du 11 juillet 2011 qui donne un cadre national à la stratégie de prévention des inondations). Tous les maires ont répondu comme on le leur demandait. Une réunion est prévue avec le préfet en septembre puis on va introduire les flux et une nouvelle carte sera éditée. Ensuite, il y aura conertation avec les intérêts concernés. La situation aujourd’hui n’est pas aussi simple que lon prend ou on ne prend pas. Le système d’aller-retour est en marche, il faut des allers- retours avec les services de l’État chaque fois qu’il y a une carte et démontrer ce qui ne va pas. Si on démontre on a une chance d’obtenir quelque chose, si on impose on aura rien ».
Robert Cuq, ancien président des AIR
« Hier soir (NB : réunion publique du 5 août au Bois-Plage) Lionel Quillet a été meilleur que d’habitude et n’a pas parlé de nous. Il y a un progrès et le climat est un peu meilleur. Ce n’est pas l’amour mais ce n’est plus la guerre. Concernant la circulaire, il n’a pas demandé son abrogation mais sa modification et il a raison car elle manque de précision ».
Léon Gendre
« Réunion fort intéressante. Je retiendrai l’avis de Jacques Toubon parce qu’il tient compte du droit. La carte des aléas prévue pour le 6 sept sera probablement en retard et on travaillera après sur le PPRL. Il faudra se donner le temps et je souhaite que Lionel Quillet puisse intensifier la construction des digues puisqu’il a la délégation du Conseil général.
Le 16 mars 2010, nous étions invités à écouter Nicolas Sarkozy au Conseil général de Vendée « Je ne veux plus voir personne dans les zones à risques » a-t-il déclaré. Cela a donné naissance à la circulaire de 2011. Si on l’abroge on retourne à celle de 2010 qui est bien plus sévère. On ne pas nier la compétence de Pierre Bot. Il faut travailler ensemble mais la situation de demain ne sera plus la même ».
Christine Masson, de La Couarde
« Ma question est : quelle est la légitimité de notre association ?
Lionel Quillet n’a pas demandé l’abrogation de la circulaire mais sa modification. Mon sentiment est que les interlocuteurs de l’État sont les élus et que nous ferions bien de nous en rapprocher ».
Jérôme Vigneau, d’Ars
« Notre association a peut-être un rôle à jouer dans ce que nous vivons. Il faut qu’elle renoue avec la population et les élus et leur montre que nous partageons leur conception des enjeux. Je fais le vœu que notre association et son bureau s’impliquent dans les allers et retours dont Monsieur Toubon a parlé et que notre attitude change vis à vis des élus. Mais on ne peut pas attendre 2015. Les successions ne se font plus car les notaires sont dans l’impossibilité d’évaluer les biens et les gens vont perdre leur travail ».
Aurélien Ravet, président de Ré-Agir
« J’ai participé au SCOT. La durée de vie du SCOT est de dix ans on ne va pas construire 263ha en dix ans. Le plan de prévention ne prend pas en compte les digues, qu’est-ce qu’on attend pour faire les digues ? Faire ces travaux est une priorité. Nous sommes dans une crise et on nous propose des solutions en 2015. Qu’est-ce que nos artisans vont faire d’ici 2015 ? A Noirmoutier la population était de 12 000 il y a 18 mois, elle est de 10 000 actuellement. Chez nous c’est la vie à l’année qui va être impactée. Aujourd’hui on a une qualité de vie que l’on doit à la présence des artisans ».
Emmanuel Vignaud, président d’Avenir
« Monsieur Bot on doit travailler ensemble, on doit respecter les élus. Vous n’avez pas cessé de critiquer Lionel Quillet – qui n’a pas parlé de vous hier soir -, cela ne fera rien avancer. On doit tous travailler ensemble. Aidez-nous à faire faire les digues ».
Frédéric Jacq, président de Mat Ré
« J’espère que la tension va retomber. Je suis inquiet que l’ensemble du résiduel soit donné à la construction. Je salue l’exposé très clair de Pierre Bot sur le PPRL. Bien qu’habitant Rivedoux, je considère que l’île est une et indivisible et ne se résume pas à son trait de côte ».
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