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Une application pour les naturalistes en herbe
Créée en 2011 par l’Office national des forêts, Clés de Forêt permet à l’utilisateur d’identifier, de façon active, les différentes essences d’arbres. Dernièrement, elle s’est enrichie de l’identification des empreintes d’animaux et des rapaces, ainsi que des essences d’arbres en lien avec le changement climatique.
Pour les amoureux de la Nature et plus particulièrement des espaces forestiers, c’est une des applications à posséder impérativement dans son smartphone. Prévue pour fonctionner sans réseau, elle vous permettra de partir à la découverte des différentes espèces (arbres, animaux, rapaces) qui peuplent la forêt, de façon ludique mais exigeante. Contrairement aux applications comme Google Lens ou PlantNet, qui consistent à photographier une espèce puis de lancer une recherche d’images similaires sur internet, Clés de forêt demande un effort d’observation. « C’est de la pédagogie par objectifs. C’est vous qui apprenez à reconnaître l’espèce, ce qui implique un engagement de l’utilisateur. C’est ce qui la différencie des autres », confie Nathalie Petrel, chef de projet digital à l’ONF. Créée en 2011, Clés de forêt fut une des premières applications consacrées exclusivement à la découverte des espaces forestiers. A l’origine, toutes les fiches techniques sont issues de documents PDF rédigés par les forestiers de l’ONF. « En plus de leur mission de sylviculteurs, ils sont souvent naturalistes, explique Nathalie Petrel. Nous avons donc des spécialistes des arbres bien-sûr, mais aussi des rapaces, des amphibiens ou de la faune ».
En 2011, la responsable du service digital de l’ONF trouve dommage de ne pas partager une telle richesse avec le grand public, et propose la création d’une application ludique, interactive et pédagogique. Le succès est immédiat auprès des amoureux de la nature, des familles et même des scolaires. En 2019, l’application est totalement remise au goût du jour, et intègre désormais toute une partie « game play » : un quizz sur la nature, une attribution de points à chaque espèce identifiée qui permet de débloquer un mode secret ainsi que des Easter eggs1. L’application ne se limite plus aux essences d’arbres, coeur du métier de l’ONF, et intègre désormais les « rapaces » et les « empreintes d’animaux » à sa base de recherche.
Être acteur de sa recherche
L’application est basée sur les clés de détermination : en biologie, cet outil d’identification des êtres vivants repose sur une succession de choix qui portent sur les caractéristiques physiques du spécimen étudié. En partant de l’observation la plus générale à la plus détaillée (arborescence), on parvient à déterminer l’espèce que l’on a devant soi. Nous l’avons testée sur un arbre, le long d’un petit chemin à la sortie du Bois-Plage. L’application propose ainsi trois clés d’entrée : « Je suis devant un arbre », « j’ai trouvé une empreinte », « je vois un rapace ». En cliquant sur le premier onglet, une nouvelle page me propose trois choix : « à feuilles », « à aiguilles » ou « à écailles ». Après avoir choisi « à feuilles », on me demande s’il s’agit de feuilles simples ou de feuilles composées. Après avoir bien observé, j’opte pour l’option numéro deux. Il faut ensuite déterminer si les feuilles sont « alternées » sur la branche ou « opposées ». Après quelques minutes d’hésitation, il me semble qu’elles sont alternées. Ultime étape de mon enquête de naturaliste en herbe, je dois préciser si les feuilles possèdent des bords « lisses » ou « dentés ». Là, il est évident qu’elles sont lisses. Après le dernier clic, une image apparait, qui ressemble exactement à l’espèce que j’ai face à moi : c’est un robinier faux-acacia ! Une fiche extrêmement détaillée précise que les grappes de fleurs parfumées du robinier attirent les abeilles et que le miel (liquide) qu’elles en font possède des vertus médicinales favorables au système digestif. Mais qu’il est, en revanche, « une des principales causes d’intoxication végétale chez les chevaux » ! A la fin de cette fiche technique, un petit onglet propose de cliquer sur « l’anecdote du forestier » : on y découvre que le nom de l’arbre rend hommage à Jean Robin, botaniste des rois Henri III, Henri IV et Louis XIII, qui sème le premier arbre de cette espèce en 1601. Et que depuis 1632, on peut observer le plus vieux spécimen de cette espèce au Jardin des Plantes, à Paris.
Migration assistée
Si vous utilisez l’application sur l’île de Ré, vous avez beaucoup de chances de tomber sur un pin maritime ou un chêne vert, les deux espèces dominantes. En cherchant bien, vous découvrirez, plus ponctuellement, des pins d’Alep, des pins parasol ou des cèdres. L’onglet « J’ai trouvé une empreinte » exige un sens de l’observation aiguisé. Le principe est le même que pour les arbres : il faut identifier en premier lieu des formes « de sabot », « de coussinets » ou « de doigts ». Et ainsi de suite, jusqu’à l’identification d’un lièvre, d’un chevreuil, d’un écureuil ou d’un renard. « Il y a tellement de gens qui se baladent en forêt avec leur animal domestique que vous aurez de fortes chances de tomber sur des empreintes de chiens ! », rigole la webmaster de l’ONF. Dernièrement, Clés de Forêt s’est enrichi des espèces d’arbres liées au changement climatique : sapin d’Espagne, sapin de Céphalonie, frênes du Sud ou calocèdre. « L’ONF pratique depuis quelques années la migration assistée, c’est-à-dire l’implantation expérimentale d’espèces du sud plus au nord, afin d’anticiper les conséquences du changement climatique ». Pour Nathalie Petrel, c’est une manière de sensibiliser le public, et de lui faire découvrir des essences jusqu’alors absentes de certaines forêts hexagonales.
Depuis sa création, l’application a été téléchargée plus de 100 000 fois sur Android et 50 000 fois sur Apple. « Quand on travaille dans le digital, on se donne souvent beaucoup de mal mais il n’y a pas toujours le succès escompté. Cette application vit sa vie depuis le début et son succès ne se dément pas, c’est une vraie récompense », confie Nathalie Petrel. Elle promet d’ailleurs des nouveautés dans les prochains mois, avec l’ajout d’une clé sur « les amphibiens dans les zones humides », tout en imaginant déjà d’autres clés consacrées à des territoires plus spécifiques…comme l’île de Ré. « Dites aux Rétais qu’une entrée sur les milieux particuliers comme les espaces dunaires, ça viendra un jour ou l’autre ! » En attendant, Nathalie Petrel travaille d’arrache-pied sur une nouvelle application, qui permettra une plongée surprenante dans le monde des forêts. Mais pour en savoir plus, il faudra patienter jusqu’en 2024…
(1) Fonction cachée au sein d’un programme informatique ayant un caractère ludique et non fonctionnel (images animées, jeu, message électronique, etc).
Côté mer, le Parc naturel marin lance son application
Le Parc naturel marin estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis vient de lancer, en mars dernier, l’application Nav&Co, qui s’adresse à tous les usagers de la mer et du littoral. Elle permet d’accéder depuis son smartphone aux informations essentielles concernant la réglementation maritime, le balisage en mer ou la biodiversité, en fonction de sa géolocalisation.
Née de la collaboration de différents organismes de référence (Direction générale des affaires maritimes, Office français de la biodiversité, Service hydrographique et océanographique de la Marine etc), cette application se veut avant tout pratique et informative. Un mode « navigation » permet de suivre son parcours en temps réel et informe les plaisanciers sur la réglementation maritime en vigueur (entrée par exemple dans une aire marine protégée). Il donne également les informations de balisage afin de fournir un appui en temps réel par le biais d’alertes. Le mode « découverte » permet de découvrir les richesses naturelles environnantes : sur le périmètre du Parc, 258 points d’intérêt sont ainsi référencés (présence d’espèces particulières, de fond rocheux d’intérêt écologique, etc.), grâce au concours des structures animatrices des sites Natura 2000 et aux conservateurs des quatre réserves naturelles nationales, sous la coordination du Parc naturel marin.
L’application Nav&Co a également la particularité de sensibiliser les usagers du littoral à la préservation de la biodiversité, en indiquant par exemple la présence d’herbiers (et ainsi éviter que les plaisanciers ne mouillent sur ces zones sensibles). Enfin, un mode « carnet » permet de garder en mémoire de l’application le tracé des différentes sorties en mer de l’usager.
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