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Un territoire insulaire d’exception
En cette période estivale où se côtoient sur l’île de Ré habitants permanents, résidents secondaires et vacanciers, il nous a paru intéressant d’évoquer avec le président de la Communauté de Communes les grands enjeux de notre territoire.
Vie permanente, intégrité insulaire et préservation environnementale constituent les trois piliers de la politique continue menée par les élus rétais depuis trente ans, Lionel Quillet pilotant l’intercommunalité depuis seize années.
« La CdC va soutenir les projets de logements des communes »
« Nous sommes en train de réussir le pari de la vie permanente à dix-huit mille habitants, ce fut le grand enjeu. La population avoisinait les treize mille personnes avant la construction du pont de l’île, il nous a fallu à tous une énergie énorme, d’autant que nous avons rendu inconstructible 80 % du territoire. Certaines communes et la CdC ont injecté beaucoup d’efforts dans le logement à loyer modéré, pour maintenir et faire venir la population à l’année. Un nouveau phénomène se produit désormais, on voit très clairement que beaucoup de résidents secondaires s’installent définitivement sur l’île, faisant le choix d’une vie agréable toute l’année. Nous avons apporté une réponse en termes de services, de santé, d’activités, d’animation culturelle. La pierre angulaire de notre politique reste le logement, on a investi 25 M€ en acquisitions foncières pour la construction de logements sociaux. L’action sociale est centrale. Nous allons la poursuivre et multiplier les actions. », explique Lionel Quillet.
« Mais toute cette politique du logement ne suffira pas, nous sommes confrontés à la pénurie de terrains, à la difficulté croissante de mener des grands projets. Aussi, nous allons aussi travailler avec les communes en soutien sur de plus petits projets. »
Après une première phase, ayant couru jusqu’en 2008, où les communes menaient directement leurs projets de logement, à partir de cette date la CdC s’est dotée de la compétence logement pour piloter elle-même les projets à partir de dix, puis rapidement les plus grands projets de vingt logements et plus. « A l’automne, nous rentrerons dans une troisième phase, où la CdC va délibérer en vue d’accompagner l’action des communes sur la création de logements, en apportant une aide financière, qui aura un effet de levier, comme ce fut le cas entre 2013 et 2024 avec le fonds de concours sportif qui a permis de financer à hauteur de 30 % les équipements sportifs des dix communes. On a financé près de 4 M€ des projets sportifs communaux s’élevant à 13,6 M€. Cela a formidablement boosté les associations sportives. L’idée sur cette « aide à la pierre » est de flécher 2 à 3 M€ par an en appui des communes, tout en continuant à prendre en charge directement les projets de vingt logements et plus. Ainsi après les phases « communes », puis « CdC » on va aborder un troisième élan avec une action mixte. Le Plan local de l’habitat (PLH) prévoit aussi un certain nombre d’actions et d’aides, par exemple en matière de rénovation énergétique des logements. »
Ecoles et EHPAD, deux sujets de grande vigilance
L’enjeu du maintien des classes et des écoles reste essentiel, avec une courbe de natalité à la baisse. Le moratoire de trois ans – gel de fermeture de classes – obtenu dans le cadre d’une convention d’insularité proposée par le DASEN et signée par les dix maires de l’île laisse un peu de temps pour construire un projet éducatif. Un nouveau regroupement pédagogique intercommunal est en cours de création entre La Couardesur- Mer et Saint-Martin de Ré, pour une mise en place à la rentrée scolaire 2026. « Cette convention d’insularité proposée par l’Education Nationale fait jurisprudence pour d’autres domaines, la spécificité de notre territoire est reconnue, et notre objectif est de maintenir une école par village. Ce sera l’un des gros projets de l’automne. » « Côté collège on fait ce que l’on peut, on a créé l’internat, la section beach volley, il reste à monter le projet autour de la musique, en lien avec l’Ecole de musique. »
Si l’île est bien dotée en services de santé, le gros sujet d’inquiétude concerne le maintien du seul EHPAD public du territoire, à Saint-Martin de Ré : « La direction de l’hôpital se calfeutre derrière le refus du Département d’instaurer une prime d’insularité. J’ai toujours un plan B pour tout, mais ce n’est ni notre métier, ni notre compétence de base que de gérer un tel établissement. »
« Nous avons un grand projet pour l’avenir, celui dit du « lieu de vie » sur notre terrain du Bois-Plage, à composantes à la fois sociale et culturelle, nous allons pouvoir satisfaire toutes les demandes, je l’espère. » La configuration du site – issue d’un processus de concertation avec un grand nombre d’acteurs du territoire – a été présentée publiquement au printemps dernier.
Enfin en ce qui concerne la petite enfance, le territoire est bien doté en crèches – de compétence intercommunale -, assistantes maternelles et MAM.
La lutte contre la submersion et l’érosion, ou l’intégrité du territoire
« Côté protection contre la submersion, on est en avance, on a déjà investi 65 M€ de travaux dans les digues, le Plan d’actions de prévention des inondations 1 (PAPI 1) va se terminer, le PAPI 2, qui comporte notamment la défense du fier d’Ars est complexe, cela avance bien sur Les Portes mais c’est très compliqué pour Ars, où il faut tout revoir, on est sur environ 35 M€ de travaux + 5 M€ qui manquent. Le travail sur les compensations environnementales n’est pas simple non plus. Côté financier, le Département doit financer 30 %, soit environ 6 M€ sur les 15 à 20 M€ du projet de protection des Portes, la CdC 30 %. La protection de l’île en matière de submersion représente quatorze années d’efforts sans relâche. »
« En matière d’érosion, on avance, je reste persuadé que nous n’aurons pas de financements autres que ceux des communes et des intercommunalités. J’ai acté le fait que la CdC de l’île de Ré va financer une part. Nous avons pu faire cet hiver quelques réalisations sur Saint- Clément, ouvrant une jurisprudence en matière d’autorisations de l’Etat, et ouvrant la voie aux travaux sur La Couarde et Ars. On a aussi une excellente réponse avec l’ONF, dont la très bonne équipe technique a repris en trois mois les douze accès aux plages sur toutes les communes. On attaque le travail de fond, avec la vraie prise en compte des cartes érosion. L’objectif est qu’en 2030 tout le reprofilage du trait de côte soit achevé, sachant évidemment que c’est un éternel recommencement. Nous devrons acheter des terrains, travailler commune par commune sur les cartes d’érosion et les travaux. Il nous faut un décret de l’Etat pour permettre ce travail de défense contre l’érosion, qui devra préciser les responsabilités, les compétences, les bases financières… En effet, on est sur le Domaine public maritime (DPM). »
La préservation environnementale, force de l’île
« Nous avons de très bons résultats, l’écotaxe est toujours là et elle n’est pas remise en cause, l’action reste forte. La prise de conscience est faite, cette préservation fait partie de notre marque insulaire. La gestion des activités dans les marais reste essentielle, nous avons financé 3,62 M€ d’interventions de l’AEMA dans les marais sur un total de travaux de 4,5 M€, en qualité de maître d’ouvrage (2,1 M€) et via des subventions (1,5 M€). L’entretien de nos zones humides, pour la préservation de l’environnement et pour le soutien aux activités économiques, est l’un des plus aidés de France, il permet de maintenir ces activités et de garantir la disponibilité en eau. »
« Sur nos territoires, nous menons en permanence une politique de compromis »
« Le dossier de la mobilité est insuffisant, notre plan imaginé avec Dominique Bussereau n’a pas abouti, le projet était prêt, on a lancé la première partie, puis il est resté lettre morte et la CdC n’a pas la compétence en la matière. »
« Dans le domaine économique, la compétence est partagée entre la Région Nouvelle-Aquitaine et la CdC, on a repris la main pour préempter dans certaines zones artisanales si besoin. Mais l’économie touristique reste le point fort de l’île de Ré, avec un tourisme de plus en plus environnemental, culturel et patrimonial et un développement sur les ailes de saison. La météo est en train de faire évoluer les consommations touristiques. Reste la diversification des activités économiques à encourager… »
« La spécificité de notre territoire liée à son insularité est de plus en plus reconnue, il est très qualitatif en matière de vie à l’année, il nous faut préserver cette réussite et cette qualité, dans nos gestions communales et intercommunale, avec nos deux principaux partenaires que sont l’Etat et le Département, confrontés tous deux à des difficultés. Aussi, pour garantir notre avenir, il faut compter surtout sur nous-mêmes, pour garder ce territoire très administré. »
« Le vivre ensemble est un vrai enjeu, il nous faut garder cet esprit dans les villages et à la CdC. Il faudra que ceux qui veulent être à la tête de leur commune aient très clairement cette bienveillance et cette compétence. Cela fait longtemps que sur nos territoires nous savons mener une politique de compromis, notre majorité nous la construisons autour de chaque projet, la CdC a besoin des communes pour avancer et vice-versa. »
Lionel Quillet, Chevalier de la Légion d’Honneur
Comme nous l’annoncions dans notre précédente édition, Lionel Quillet a été nommé Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur par le président de la République, par un décret en date du 3 juillet 2024 qui précise les « 37 ans de services » du chef d’entreprise. En effet, il a été proposé auprès du Ministère de la Culture au titre de son Entreprise du patrimoine vivant et de la culture, par Dominique Bussereau, ancien ministre et ancien président du Département de Charente-Maritime, auprès duquel Lionel Quillet fut 1er vice-président.
« Cette distinction a été créée en 1802 par Napoléon, elle concerne 0,1 % de la population, Dominique a trouvé mon entreprise l’Atelier Quillet extraordinaire et que j’avais du mérite de mener cela de front avec mes mandats de maire, de président de la CdC, de 1er viceprésident du Département… Le ministère de la Culture, c’est là où il y a le plus de monde, les places sont rares. C’est la plus haute distinction française, cela vient honorer mon engagement et ma passion de chef d’entreprise pendant 37 ans, mais aussi mes 29 ans de vie politique. »
« La cérémonie aura lieu en octobre, j’espère que Dominique Bussereau pourra venir à l’Atelier Quillet pour me la remettre. Je souhaite associer à cette Légion d’Honneur Nadine Jaunet, ma directrice à l’Atelier Quillet depuis toujours, mon fils Olivier qui prend la relève, et toute l’équipe de l’Atelier et de la Librairie et à tous ceux qui m’ont accompagné toutes ces années. »
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