Un Saunier fasciné par la richesse du marais
Cédric Fortunier est saunier depuis dix ans et produit une large gamme de produits dérivés du marais sous sa marque Rivesaline. Mais son objectif initial était de cultiver les algues.
En 2015 il se lançait dans la culture de laitue de mer dans ses marais du Feneau. Hélas, leur faible profondeur ne permet pas d’y développer d’autres types d’algues. C’est pour cette raison qu’en novembre 2018, il se rapproche de La Ferme des Baleines.
La Ferme des Baleines ce sont 24 hectares de terres et de marais (dont 10 ha en eau), où l’on élevait jadis du poisson dans des conditions controversées. L’immense territoire vient d’être réhabilité par Jacques Lepage qui y cultive, depuis un an et demi, des huîtres des marais sous le label Les huîtres de St-Clément. Avec l’aide de Benjamin, ils ont au préalable « nettoyé » le site de tout un tas de matériel et autres déchets amoncelés, pour près de cents tonnes !
Des marais à perte de vue, Cédric Fortunier en avait rêvé !
Cédric et Benjamin travaillent désormais la main dans la main. Leur passion du milieu et leur respect de la nature les poussent avant tout à mettre le marais en valeur. Finalement leur travail consiste à refaire son biotope plutôt que de l’exploiter au maximum. Ils laissent faire la nature, le temps et les saisons, point d’urgence, la nature se débrouille très bien toute seule et le marais est naturellement riche.
La culture des huîtres et des algues en synergie
Il y a une grande complicité de travail et d’état d’esprit entre les deux jeunes agriculteurs de la mer. Dans leur milieu naturel, les algues et le phytoplancton sont en concurrence car ils se nourrissent des mêmes éléments. Dans le marais, les huîtres de Benjamin se nourrissent du phytoplancton et rejettent l’azote, le phosphore et le CO2, ces éléments essentiels à la croissance des algues.
Les rejets des uns font le bonheur des autres – si l’on peut oser le mot – c’est ainsi que Cédric cultivera ses algues en aval des bassins enrichis par la culture des huîtres. C’est ce qu’on appelle une intégration multi-trophique, où certaines espèces optimisent leur nourriture grâce à la présence d’une autre. C’est un protocole répandu en aquaculture et qui a fait ses preuves dans d’autres domaines, citons l’association : saumons + algues + oursins.
Le second avantage des marais des Baleines, c’est leur profondeur, quatre mètres, qui permet de cultiver les algues rouges comme la dulse (palmaria palmata) ou brunes comme le kombu royal (saccharina latissima) en plus de la laitue de mer (ulva lactuca).
Cédric précise que les algues sont des aliments non caloriques. Consommées fraîches, déshydratées ou salées, elles rééquilibrent le mix-alimentaire en vitamines et minéraux que l’alimentation agro-industrielle ne saurait fournir.
Cédric ne manque pas d’idées pour l’avenir et regarde avec intérêt la moutarde noire qui afflue sur l’île, d’autant qu’à la Ferme des Baleines il pourra bientôt installer un laboratoire de transformation. Alors, on est impatient de goûter la moutarde artisanale 100% rétaise !
Véronique Hugerot
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