Un nouveau mandat communautaire plus concertatif
Dans le discours ayant suivi son élection à la présidence de la CdC de l’île de Ré (lire page 7), Lionel Quillet a largement insisté sur son souhait d’instaurer une « nouvelle gouvernance ». Une approche plus concertative que lors du précédent mandat semble de mise, d’autant que ce nouveau Bureau communautaire est composé de fortes personnalités.
« La confiance accordée n’est pas un blanc-seing »
Certains Maires ont depuis plusieurs mois fait savoir qu’ils entendaient exercer pleinement leurs délégations de vice-présidents de la CdC. Si le président Quillet, qui entame son 3e mandat à la tête de la CdC, est partout, ceci allant de pair avec sa force de travail impressionnante et sa vision politique de territoire, il semble avoir pris conscience qu’un excès de centralisation du pouvoir risquerait de devenir contreproductif. Il sait aussi qu’il est entouré de quelques fortes personnalités, aux compétences avérées, sur lesquelles il peut largement s’appuyer.
Au-delà de la CdC, même si officiellement l’heure n’est pas – encore, car dès octobre la campagne devrait être lancée – aux élections départementales (prévues en mars 2021), mais aux élections sénatoriales (27 septembre 2020, les Communes ont toutes désigné le 10 juillet les grands électeurs au sein de leur conseil municipal), voilà longtemps que Lionel Quillet se positionne pour la succession de Dominique Bussereau qui ne rempilera pas pour un nouveau mandat (il a annoncé souhaiter arrêter ses mandats électifs avant ses 70 ans). Tout le désigne comme dauphin aujourd’hui – même si en la matière le Président du Département en fin politique qu’il est ne soutient officiellement aucun candidat : sa 1re vice-présidence et ses délégations centrales (finances, environnement, Mission Littoral…), sa présence soutenue aux côtés ou pour représenter Dominique Bussereau sur de nombreux évènements, l’absence à ce jour – cela peut encore changer – d’un autre candidat déclaré issu de la majorité départementale… Eminemment politique, loin d’être gagnée qui plus est pour un Rétais… cette élection devrait rapidement le mobiliser à un double niveau : faire campagne pour être réélu conseiller départemental, puis pour être élu à la Présidence du Département. Et s’il succédait à Dominique Bussereau, Lionel Quillet serait forcément aspiré par la « machine institutionnelle » que représente le Département. S’il a toujours dit que s’il était élu à la Présidence du Département il n’en délaisserait pas pour autant la CdC de l’île de Ré. Il n’en reste pas moins qu’il devrait alors pouvoir se reposer sur de solides vice-présidents, à commencer par le premier d’entre eux, Patrick Rayton.
Une nouvelle gouvernance
Tous ces éléments plaident également pour la mise en place d’une nouvelle gouvernance à la CdC, en phase avec l’air du temps. Une nouvelle gouvernance interne et externe que Lionel Quillet a explicitée le 9 juillet, qui va bien au-delà d’une simple délégation renforcée confiée aux vice-présidents.
Il entend ainsi « conforter l’efficacité de la CdC avec plus de transversalité », en ne prévoyant que quatre conseils communautaires par an (jusque-là ils étaient mensuels ou bimestriels) de printemps (mars), été (juin), automne (septembre) et hiver (décembre). Mais quatre commissions qui fourniront un vrai travail : Environnement/mobilité/ ordures ménagères pour la première commission, Littoral/grands travaux/ économie pour la seconde, Finances et Administration Générale pour la troisième, Services à la population pour la dernière.
Le président prévoit d’envoyer un relevé de décision à tous les délégués communautaires. Des séminaires de travail/formation regroupant les 28 délégués seront organisés tout au long de l’année, le premier a eu lieu jeudi 16 juillet.
La cohésion du territoire sera développée par l’élaboration d’un pacte de gouvernance partagée, afin de privilégier une communication pertinente entre les communes et la CdC. Lionel Quillet aimerait rencontrer une fois par an chaque conseil municipal, avec bien sûr l’accord des Maires et prévoit l’organisation de réunions thématiques avec les conseillers et les services municipaux.
Troisième axe de cette nouvelle gouvernance, afin de « partager avec le citoyen les enjeux de demain » un Comité Consultatif Citoyen sera créé sur la question du Développement Durable, il participera notamment à l’élaboration du Schéma de Développement Durable de la CdC.
Des opposants qui comptent se faire entendre
Lors du précédent mandat, le principal opposant au président de la CdC fut Léon Gendre, emblématique Maire de La Flotte, qui n’en a pas moins voté favorablement une majorité des délibérations, y compris le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) ; Il s’est toutefois souvent abstenu sur le vote du budget, en guise de protestation autour de certains projets pour lesquels il a estimé sa commune lésée. En seconde partie de mandat, les relations se sont tendues entre Lionel Quillet et Patrice Raffarin, de moins en moins sur la même longueur d’ondes, le PLUi ayant cristallisé et révélé au grand jour leur antagonisme. Gilles Duval s’est aussi illustré lors des derniers conseils communautaires, en s’opposant frontalement au président.
Les votes lors de ce conseil d’installation du président et des vice-présidents ont confirmé les oppositions qui seront actives en ce début de mandat. D’une part le Maire de Rivedoux, Patrice Raffarin, a prévenu dès le mois de mai (lire sur www.realahune. fr) qu’il entendrait bien s’exprimer et affirmer ses positions tout au long de ce mandat. On imagine bien qu’il en sera de même des deux autres élus rivedousais, Marc Chaigne et Julie Foulquier. Patrick Salez, « élu minoritaire » de La Flotte, a étrenné son nouveau statut de délégué communautaire, en diffusant à tous ses nouveaux « collègues » une note de réflexion critique dans laquelle il exprime ses positions. Enfin, Didier Guyon, « élu minoritaire » de Sainte- Marie, qui semble n’avoir voté pour aucun des membres du Bureau, entend bien également remplir pleinement sa fonction.
Les débats au sein du Conseil communautaire devraient donc être animés, bien plus que lors des deux mandats précédents, ce qui semble une bonne chose au plan démocratique, surtout en cas de vraie critique constructive.
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