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Un nouveau dispositif pour prendre soin des Rétais
La Communauté professionnelle territoriale de santé de l’île de Ré, tout juste créée, doit permettre une meilleure coordination des professionnels de santé et un accès aux soins facilité pour les patients. Explications.
Si son nom peut sembler abscons, la « Communauté professionnelle territoriale de santé » (CPTS) de l’île de Ré aura bientôt des effets pratiques pour les patients rétais. Les CPTS, qui ont vu le jour avec la loi Santé de 20161, ont pour but principal de faciliter l’accès aux soins et d’améliorer la coordination entre médecine de ville et hôpital. « L’idée, c’est que les professionnels de santé s’organisent pour trouver des solutions au plus proche du terrain plutôt que les décisions soient dictées au niveau national », explique Alexandra Benaiteau, médecin généraliste à La Couarde et présidente de la CPTS de l’île de Ré. Cette nouvelle organisation doit ainsi correspondre à un bassin démographique cohérent et à des problématiques de santé propres, avec en ligne de mire une simplification du parcours de soin. La CPTS Aunis Nord, née en avril 2021, fait ainsi figure de « pilote » dans le département, suivie de celle d’Aunis-Sud puis de La Rochelle.
Bonnes habitudes
Au printemps 2022, la CPTS de La Rochelle, en cours de création, propose alors aux professionnels de l’île de Ré de faire cause commune. « Nous avons estimé que nous avions un public spécifique du fait de l’insularité et qu’il y avait plus de sens à créer une CPTS propre à l’île de Ré », confie Alexandra Benaiteau. Cela semble d’autant plus cohérent que les soignants rétais, et plus particulièrement les médecins, ont déjà l’habitude de travailler collectivement, surtout depuis la crise du Covid. Grâce à des groupes WhatsApp, les échanges sont devenus réguliers entre médecins, infirmiers et pharmaciens. Lorsqu’il a fallu rédiger la lettre d’intention, étape préliminaire de la création d’une CPTS, ce fut l’un des principaux arguments mis en avant par les médecins rétais. « Nous ne partions pas de rien, il y avait des habitudes de travail. Il s’agissait donc d’assurer une continuité et de l’élargir à l’ensemble des professionnels de santé », confirme Alexandra Benaiteau.
Suite à l’acceptation de la lettre d’intention en octobre 2022 par l’Agence Régionale de Santé, l’association a été créée dans la foulée avant la première assemblée générale de la CPTS de l’île de Ré, en décembre dernier. Elle compte à ce jour 70 adhérents (médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes, podologues, dentistes, pharmaciens, infirmiers, orthophonistes, etc.), ce qui représente déjà une proportion importante des professionnels de santé rétais. La prochaine étape sera la finalisation dans les mois à venir du Projet de santé, élément central de la structure, qui doit définir son fonctionnement, sa gouvernance, ses premières actions… Pour alimenter ce projet de santé, la CPTS a organisé en janvier et février des groupes de réflexion chargés de rédiger des fiches « action ». Un site internet, à usage interne, permet d’informer les professionnels de l’île de l’avancée du projet et d’enregistrer les nouveaux adhérents. Chaque CPTS a l’obligation d’inscrire ses actions dans quatre missions : l’amélioration de l’accès aux soins, l’organisation du parcours de soins, la prévention et la gestion des crises sanitaires.
Disparités nord-sud
Concernant l’accès aux soins non programmés, l’île de Ré dispose déjà d’un système bien rôdé, avec des permanences de médecine générale les samedis, un système de garde des médecins à l’hôpital de Saint- Martin l’été, un cabinet médical de permanence tous les jours jusqu’à 23 h en haute saison et des tours de garde des médecins tous les week-ends le reste de l’année. Là où La Rochelle dispose de SOS médecins pour les cas ne nécessitant pas de passage par les urgences, l’île de Ré possède donc son propre système de permanence des soins, également régulé par les appels au 15. La CPTS a pour objectif de faire un état des lieux de tout ce qui existe (et fonctionne) déjà et de le rendre accessible au grand public, notamment à travers un site internet. Exemple : en cas de grosse douleur dentaire un vendredi soir à 22 h, le site m’indiquera qui contacter pour une prise en charge rapide. Deux défis importants attendent la structure : les différences d’accès aux soins entre nord (moins de médecins, problème des transports) et sud de l’île, et la saisonnalité qui entraîne une hausse exponentielle de la population l’été et l’arrivée d’un public différent. « Globalement, nous avons une population relativement âgée à l’année, avec les questions notamment d’autonomie et de maintien à domicile. L’été, nous avons un pic avec une population plus jeune avec des conduites à risques et une forte accidentologie », résume le docteur Benaiteau. Pour atténuer la question des transports liée à l’insularité, la CPTS pourrait ponctuellement faire venir directement sur l’île des médecins spécialistes. Pour la mission II (parcours de soins), il s’agit d’améliorer les échanges entre soignants et de répertorier les réseaux des professionnels : mise en place d’un répertoire des professionnels, création d’un outil numérique permettant un accès thématique à ce répertoire en fonction de sa situation (enfant, jeune femme, personne âgée, postopération, etc).
Concernant les actions de prévention, l’accent sera mis sur « le dépistage des fragilités » chez les personnes de plus de 60 ans, public cible du territoire. Parmi les objectifs, le maintien à domicile des personnes âgées, l’aide à la prise de rendez-vous pour les personnes en situation d’illectronisme ou la mise en place de solutions de transport. Des campagnes de prévention sur la périnatalité, sur les drogues, sur le dépistage des cancers colorectal et du col de l’utérus seront également mises en place. Quant à la gestion des crises sanitaires (4ème mission), elle a été rendue obligatoire suite à crise du Covid, mais doit prendre en compte tous types de « crises » (risque submersion marine, nucléaire, canicule etc). Si les soignants de l’île disposent là encore d’un certain savoir-faire, il s’agira d’améliorer les choses. « Nous allons apporter notre support à tous les plans de crise, notamment communaux, qui existent déjà. Mais il faut organiser mieux les choses et mettre en place des protocoles », souligne le docteur Benaiteau.
Après la validation du projet de santé entre avril et mai, le recrutement d’un(e) secrétaire et d’un(e) chargé(e) de mission, la structure espère signer l’Accord conventionnel interprofessionnel (voir encadré) d’ici septembre. Et ainsi lancer ses premières actions en direction des patients…
(1) Loi de modernisation de la Santé du 26 janvier 2016.
Près de 300 000 euros de budget
Dans la phase de montage d’une CPTS, l’Agence régionale de santé (ARS) peut prendre en charge l’accompagnement du dossier par des experts. Après la signature de l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI), un contrat tripartite de 5 ans avec l’ARS et la CPAM, la CPTS reçoit des fonds pour financer son fonctionnement (notamment des incitations financières pour les soignants qui s’impliquent) et pour la mise en oeuvre de ses actions. Les financements d’une CPTS, alloués par l’Agence régionale de santé, la CPAM et éventuellement les collectivités, sont proportionnels à la population : avec moins de 40 000 habitants (taille 1), l’île de Ré fait partie des plus petites structures. Mais avec une dotation potentielle de 287 000 euros, elle disposera de moyens intéressants pour améliorer la prise en charge des patients.
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