Un nouveau capitaine à la barre du Richelieu
Après des mois de flottement, l’Hôtel-Restaurant Le Richelieu créé en 1963 par Léon et Jacqueline Gendre, puis géré ces dernières années par Richard Gendre, a été repris ce mardi 4 août par Philippe Cazenave. PDG du groupe CV Développement, ce capitaine de la Marine Marchande à la retraite est propriétaire de cinq établissements dont l’hôtel Le Galion et la Villa de l’Eclusier à Saint-Martin ou encore le camping des Fougères à Rivedoux-Plage.
Si la vente des différentes parties de cette institution rétaise est échelonnée, le dossier étant particulièrement complexe, CV Développement assure dès à présent – via une location-gérance – la gestion de l’hôtel et de la résidence hôtelière, avec une société créée à cette occasion, « Le Corsaire du Richelieu ». Chaque établissement du groupe est en effet hébergé dans une société dédiée, détenue par la holding.
De longues négociations
Bien que ne datant pas d’hier, les rumeurs sur le devenir du Richelieu ont redoublé l’hiver dernier, à la faveur d’une campagne électorale tendue à La Flotte. Richard Gendre ayant été contraint de procéder à un licenciement économique collectif, il se disait qu’il souhaitait transformer l’établissement en résidence de retraite ou résidence senior.
En réalité, Richard Gendre aurait aimé vendre les appartements de la résidence hôtelière à des particuliers, et avait en tête l’aménagement d’autres habitations en front de mer, à la place de l’hôtel. Son projet, désapprouvé par ses parents, s’est heurté à des obstacles juridiques incontournables, notamment l’impossibilité d’obtenir un changement de destination « établissement touristique » en « habitation » (lire Ré à la Hune 208 et sur realahune.fr).
« Dès lors que l’impossibilité juridique m’a été confirmée, et bien que ce n’était pas mon projet, j’ai joué le jeu et assuré tout le travail lié à cette reprise de concert avec Philippe Cazenave, avec qui j’entretiens de très bonnes relations » explique Richard Gendre, heureux de voir ce dossier aboutir et de tourner la page.
Les négociations avaient réellement débuté à l’automne dernier « avec des hauts et des bas », d’autant que l’acquéreur devait convaincre les différents membres de la famille. En effet, comme l’explique Léon Gendre : « La SA le Richelieu qui détient l’hôtel et une partie du restaurant appartient à Richard, qui en est l’actionnaire majoritaire, tandis que mon épouse et moi sommes propriétaires de la thalassothérapie et d’une partie du restaurant, via deux SCI. » Les appartements de la résidence hôtelière sont eux tributaires d’actionnaires ayant acquis des parts dans une logique de défiscalisation.
De nouveaux aménagements, un redéploiement
Si Philippe Cazenave deviendra progressivement propriétaire de l’hôtel, du restaurant, de la thalassothérapie et de la résidence hôtelière, il a d’ores et déjà pris les manettes de gestion depuis ce 4 août et entend bien donner une nouvelle impulsion à « cet établissement classé 5 étoiles qui dispose de 21 chambres et suites, 14 appartements, un restaurant panoramique avec une vue magnifique sur la baie de l’Arnérault, un bar lounge, trois salles de réunion, une thalassothérapie, une piscine extérieure chauffée, ainsi qu’un parking privé. »
De nouveaux aménagements sont d’ores et déjà prévus, ainsi qu’un axe de développement repositionné, comprenant évidemment la création de synergies avec Le Galion, repris en 2017, et La Villa de l’Eclusier l’an passé.
L’ensemble des fonctions ressources (Administratif, finances, ressources humaines, juridiques, marketing, décoration…) seront assumées par le groupe CV Développement.
Un duo pour la gestion, une équipe de confiance
Philippe Cazenave, en homme d’affaires averti et pragmatique*, sera très présent pour le redéploiement de l’établissement tout en s’entourant d’une équipe qu’il connaît bien : il fonctionnera en duo avec Alexandre Pigeau, nommé responsable d’exploitation – avant d’évoluer vers la direction d’exploitation. Celui-ci a notamment géré les restaurants du casino de Châtelaillon-Plage, de l’hôtel Mercure situé sur le port de La Rochelle, de la Tour de la Chaîne et du Novotel situé dans les parcs.
Amélie Teinturier, sa compagne, a notamment œuvré côté commercial et séminaires à Atalante (Sainte-Marie) avant de rejoindre en novembre 2019 le groupe, chargée de dynamiser la Villa et apporter des séminaires au Galion. Elle étend désormais sa fonction d’« Event manager » au Richelieu.
A l’image du Galion qui a été joliment redécoré et de la Villa, Elodie Cazenave qui officie en tant que DRH au sein du groupe et gère Le Galion depuis un an, choisira la nouvelle décoration . Cette artiste peintre expose tout l’été sous le nom d’Elodie Linarès à la Galerie Bertrand à Ars (face aux marais).
Un mois après la réouverture du Richelieu, le 4 juillet 2020, faisant suite à la crise sanitaire, Philippe Cazenave, a donc pris les commandes du vaisseau Le Richelieu avec l’ensemble des quinze salariés actuels, qui doivent faire preuve de polyvalence en cette période de transition**. Le duo de direction évalue progressivement les actions de modernisation et de développement à déployer : « Nous avançons petit à petit, pour renforcer les fondations du château de cartes et redéployer une nouvelle stratégie. Nous souhaitons intégrer pleinement Le Richelieu sur le territoire, que les Rétais se réapproprient cette institution, ils en seront ainsi les premiers et meilleurs prescripteurs. »
Les premières idées et nouveautés
« Cela commence par le buffet petit-déjeuner qui sera ouvert très prochainement aux clients extérieurs à l’hôtel. Ils pourront ainsi bénéficier du cadre exceptionnel pour partager ce moment en famille ou entre amis. Un brunch sera aussi proposé en fin de semaine, de 10h à 15h, dès la fin août. »
« Le restaurant – qui devrait rouvrir en janvier 2021, tout comme la thalassothérapie – sera positionné comme une belle brasserie, travaillant des produits frais et de qualité. Il sera ouvert à l’année. Côté thalasso & SPA, nous allons rénover l’ensemble, dans une logique de service : les huit cabines seront multisoins, ainsi le client restera dans la même pour tout son programme de soins. Nous voulons développer un institut de beauté et travailler en collaboration avec des médecins pour des soins esthétiques pointus. »
Philippe Cazenave compte beaucoup sur l’accueil de groupes et de séminaires pour dynamiser l’affaire, et entend bien optimiser la gestion et développer les synergies avec ses deux établissements martinais.
La famille Gendre satisfaite, le Maire enchanté, les Flottais rassurés
Interrogé par Ré à la Hune, Richard Gendre, avocat de profession, qui a rejoint ses parents au sein du Richelieu en 1997, avant d’en prendre les rênes au début des années 2000, tient à remercier tous les salariés qui l’ont accompagné durant ces années, à souligner la bonne ambiance dans laquelle se sont déroulées les négociations avec le repreneur, « homme d’affaires avisé, humain et très compétent », à qui il souhaite bonne chance.
« On souhaitait que les activités de l’hôtel et du restaurant soient pérennisées » réagit de son côté Léon Gendre, qui se dit heureux tout comme son épouse de voir « leur œuvre » perdurer.
Le Maire Jean-Paul Héraudeau déclare, quant à lui, à Ré à la Hune être « enchanté de ce dénouement qui permet de conserver une hôtellerie de qualité à La Flotte – sur l’un des plus beaux sites de l’île de Ré – puisque Philippe Cazenave est un professionnel. L’ouverture prévue à l’année également du restaurant et de la thalassothérapie, qui a un gros potentiel hors saison, ne peut être que positive. Je me serais de toutes façons battu pour que Le Richelieu reste un hôtel-restaurant. C’est essentiel pour la vie de La Flotte »
Les Flottais et les Rétais seront certainement rassurés de voir le Richelieu, bien barré, naviguer vers de nouveaux horizons, l’établissement étant un acteur économique et social majeur sur la commune et à l’échelle de l’île de Ré.
Nathalie Vauchez
*Outre le Galion et la Villa de l’Eclusier à Saint-Martin, Philippe Cazenave détient plusieurs campings : Camping 3 étoiles Les Fougères à Rivedoux (depuis 2004), camping 4 étoiles du Petit Port à L’Houmeau, camping 3 étoiles de La Corniche à Angoulins
**Une vingtaine de salariés avait été concernée par le plan de licenciement collectif en novembre 2019
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