- Environnement & Patrimoine
- Conseil départemental
Un moratoire contre le projet éolien Sud Atlantique
Lors de l’assemblée du 14 mars, la présidente du Département Sylvie Marcilly a soumis au vote un moratoire pour s’opposer au projet éolien offshore Sud-Atlantique. Une proposition qui n’a pas été du goût de tout le monde.
Sylvie Marcilly a montré une fois de plus qu’elle marchait dans les pas de Dominique Bussereau. En proposant lors du conseil départemental du 14 mars un moratoire contre le projet éolien offshore au large de l’île d’Oléron (1), elle a renouvelé le positionnement de son prédécesseur, qui luttait contre le déploiement massif de ces infrastructures dans un département arrivé à saturation. Dominique Bussereau était notamment à l’origine de la création de l’Observatoire de l’éolien, dont la mission consiste à s’opposer aux projets disparates et non concertés. Si la position de la majorité politique de Conseil départemental (droite et centre droit) était jusqu’alors assez claire concernant le déploiement de l’éolien terrestre en Charente- Maritime, elle l’était moins sur l’éolien en mer, il y a encore quelques mois. Le « Oui, mais » s’est transformé en « Non merci ».
Une position tranchée exclusivement représentative des élus de droite qu’a regrettée l’élue rochelaise Brigitte Desveaux, qui « aurait aimé autre chose qu’un vague échange autour d’un texte peu éclairant suivi d’un non vote ». « Tout ce que vous défendez dans votre motion : paysage, patrimoine culturel, biodiversité, cordon littoral, pêche artisanale, tourisme durable, nous le chérissons autant que vous », a affirmé Brigitte Desveaux. « Alors, vous allez voter notre motion ? », a malicieusement demandé Sylvie Marcilly. Rien n’est moins sûr, pour l’élue rochelaise qui s’est positionnée en faveur de l’arrivée d’éoliennes terrestres aux abords de l’agglomération, lors du dernier conseil communautaire quelques jours plus tôt. « Nous avons étudié toutes les possibilités d’amendement et de consensus [à votre texte] au sein de notre assemblée, mais compte tenu des arguments de cette motion, nous avons souhaité vous transmettre une autre motion qui sera distribuée à nos collègues [pour le vote de fin de session] », a-t-elle expliqué. Elle estime que « la transition énergétique est aujourd’hui reconnue comme un sujet majeur pour le climat et pour notre autonomie économique et politique, et l’invasion de la Russie en Ukraine nous le prouve encore plus aujourd’hui ».
Une position ambigüe
L’argument de la peur se retrouve également dans la bouche de l’élu écologiste rochelais Jean-Marc Soubeste : « On est dans une économie droguée aux énergies fossiles. Il nous faut sortir de cette dépendance « climaticide » qui, on le voit, provoque aussi des guerres. Si Vladimir Poutine n’avait pas cette manne financière [le gaz], il y aurait réfléchi à deux fois avant d’envahir les pays alentours. »
Un positionnement ambigu de la part du représentant d’EELV, dont le groupe politique s’était fendu d’un communiqué le 18 février pour dire « Oui aux énergies renouvelables, mais pas n’importe comment ». Le courrier déclarait notamment : « la zone initiale d’étude du projet éolien offshore en face de l’île d’Oléron est inacceptable. Le choix d’une zone Natura 2000, ayant motivé l’émergence d’un Parc Naturel Marin, est une provocation au regard de l’indispensable protection de la biodiversité. Le projet d’éolien offshore devra être largement modifié et amélioré pour ne pas opposer transition énergétique et sauvegarde de nos écosystèmes, dès lors que des alternatives existent. » Il prônait une « approche globale, écologique », « avec et pour les citoyens, les acteurs professionnels », et « dans le respect de la protection des espèces », massivement décimées par l’éolien, de la faune volante aux mammifères marins.
La motion devait être soumise au vote après débat, le jour de clôture de la session, le 18 mars.
1) Bien que le débat soit clos, les personnes morales ont la possibilité de contribuer au débat
Les phares des deux îles dans le giron du Département
Le Département a récemment remporté l’appel d’offres pour la gestion du phare des Baleines et du phare de Chassiron. « C’est une grande satisfaction », s’est félicitée Sylvie Marcilly, qui explique ce succès par « la qualité et la solidité de la candidature portée aux cotés des gestionnaires historiques de ces phares ». Elle y voit une reconnaissance du Département en matière de gestion touristique des sites patrimoniaux. « Cela correspond à notre volonté d’harmoniser notre offre touristique par la mise en réseau des phares », y compris ceux de Cordouan et de l’île d’Aix.
Précarité et mobilité
Avec la flambée du prix de l’essence, plusieurs élus du Département se sont inquiétés que les plus précaires des travailleurs ne puissent conserver leur activité. Dominique Rabelle (Oléron) et Lionel Pacaud (Tonnay-Charente) se sont notamment inquiétés du manque de candidats à se présenter au forum de l’emploi saisonnier, cause directe selon eux de la perte de mobilité des travailleurs les moins argentés. En difficulté également, les travailleurs de l’aide à la personne, ainsi que les pêcheurs. Christophe Sueur (Oléron) alerte sur le nombre de bateaux restant à quai ces derniers temps, limités autant par la hausse du prix du pétrole que par des quotas de pêche et des interdictions ponctuelles de prélèvements de certaines espèces. « Tout le monde subit la hausse des prix », a relativisé le préfet, interpellé lors de la séance pour que l’Etat vienne en aide aux plus précaires. Sylvie Marcilly réfléchit de son côté à un accompagnement des aides à domicile et des moins favorisés.
Conseil d’agglomération
Eolien en mer : La Rochelle dans le sens du vent
Le Conseil d’Agglomération de La Rochelle s’est positionné en faveur du projet éolien offshore Sud Atlantique, sans faire l’unanimité.
C’est une victoire en demie teinte obtenue le 10 mars par la majorité politique de Jean- François Fountaine, lors du dernier Conseil communautaire. Un avis positif en faveur du projet de parc éolien offshore Sud Atlantique, au large de l’île d’Oléron, par 41 voix « pour » sur 79 votants, et 15 abstentions. Le parti majoritaire avait proposé un vote favorable assorti de recommandations : garanties pour l’environnement, les activités humaines, les enjeux économiques, participation citoyenne. Jean-François Fountaine et son adjoint en charge du développement durable, Gérard Blanchard, ont argumenté dans le sens de la nécessaire participation de la collectivité à l’effort de décarbonation de la société. Sans faire l’unanimité, y compris au sein même de sa majorité. L’adjoint rochelais Pascal Daunit et les sept élus d’En Marche (LREM) ont tenu à se démarquer du discours de la présidence : « Notre responsabilité est de faire avancer collectivement la transition énergétique et ce qu’elle implique pour le territoire […] Néanmoins, nous ne pouvons que déplorer cette situation conflictuelle sur une thématique qui devrait nous réunir et qui aurait sans doute demandé davantage d’écoute mutuelle. »
En face, les opposants n’ont pas caché leur scepticisme sur l’effet miroir aux alouettes promisse par cette « énergie verte ». D’Hervé Pineau (maire de Marsilly) à Jean-Luc Algay (maire de L’Houmeau, PRG), les arguments sont essentiellement économiques : quand l’un souligne le non sens de posséder une énergie intermittente et polluante par son fonctionnement autant que par sa construction, l’autre doute fortement des retombées économiques promises en termes d’emplois. « La plupart des entreprises vont venir de Vendée ou d’ailleurs… », prédit Jean- Luc Algay, élu en charge des questions économiques du territoire. Quant aux élus d’Europe Ecologie Les Verts, ils soutiennent la proposition mais souligne qu’ils aimeraient voir deux des quatre scénarios prévus écartés. Sans garantie.
Les débats avaient été précédemment aussi vifs pour le vote sur le Plan climat air énergie territorial. Cette feuille de route prévoit l’implantation de 20 à 25 éoliennes terrestres aux abords de l’agglomération à l’horizon 2030, pour une production annuelle de 100 MW, mais également de quatre méthaniseurs dont trois pour déchets agricoles. Le plan a été voté à 41 voix pour, 37 contre et trois blancs, après un report de vote, plusieurs suspensions de séances et de nouvelles demandes de report du vote. Le sujet aura surtout profondément divisé les maires, dont les opposants à l’éolien demandent un moratoire depuis plusieurs mois.
Lire aussi
-
Environnement & Patrimoine
L’île de Ré et La Rochelle, un destin lié… jusque dans les commémorations
Dans le cadre des 400 ans des guerres de religion, la Communauté de communes de l’île de Ré, la ville de La Rochelle et La Rochelle Université organisent un colloque scientifique, ouvert au grand public, du 27 au 29 novembre.
-
Environnement & Patrimoine
AlimenTerre, engagé pour une alimentation éthique
Les 25 et 26 novembre, le festival AlimenTerre se tiendra sur l’île de Ré. Trois projections documentaires suivies de temps d’échange sont programmées à La Maline. Présentation avec l’un des co-organisateurs sur l’île de Ré de ce festival international, Geoffroy Maincent.
-
Environnement & Patrimoine
Grand Port Maritime : MAT-Ré reste vigilante
Après avoir été longtemps isolée, l’association rétaise entretient désormais des relations avec la gouvernance portuaire, avec les autres associations et élargit ses sujets de vigilance.
Je souhaite réagir à cet article