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Un marais salant réhabilité par deux jeunes sauniers
Romain Pédurant et Yves-Marie Chambon sont sur le point de mettre en culture un marais abandonné depuis plus de quarante ans, situé à La Couarde, au lieu dit des marais de Dieppe, côté du Pertuis Breton. Les travaux ont commencé début juin et se termineront à la mi-juillet.
Les propriétaires ont l’intention de commencer à récolter un peu de sel au début du mois d’août. L’espace avait été laissé à l’abandon à la fin des années 1970. Il était utilisé pour la production d’huîtres de manière « récréative ». Les deux jeunes sauniers ont décidé de remettre le marais en service afin d’augmenter leur production. Cette exploitation salicole sera constituée de soixante aires saunantes, appelées « carreaux ». Un carreau mesure, selon la tradition rétaise, cinq mètres sur cinq. A titre d’information, à Guérande, l’aire saunante est appelée « oeillet », sa surface varie de dix mètres sur dix, à quinze mètres sur quinze. Un carreau, sur une année normale, produit jusqu’à une tonne de gros sel, et environ une centaine de kilos de fleur de sel.
Une démarche qui relève du marathon…
Pour entreprendre les travaux de réhabilitation, les sauniers concernés ont, tout d’abord, pris contact avec l’AEMA (Association des Etangs et Marais d’Ars en Ré) qui a entrepris la constitution d’un dossier, présenté à la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), qui représente l’Etat. Une seconde entité a, ensuite, été consultée, la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer), qui représente la Préfecture, puis, ce fut au tour du service « Environnement » de la Communauté de Communes de l’île de Ré, et du Département de la Charente-Maritime. Enfin, le Conservatoire du Littoral a, de son côté, donné son accord au projet.
Deux volets primordiaux à valider
Pierrick François, directeur de l’AEMA, précise que dans un premier temps, il s’agit de réaliser une étude d’impact sur le plan environnemental. L’association qu’il représente travaille de concert avec la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), pour évaluer la biodiversité du site, au niveau de la faune et de la flore. En effet, il est important de réaliser des aménagements favorables non seulement à la préservation, mais aussi au développement de cette biodiversité.
L’AEMA s’efforce, lors de travaux de réhabilitation d’un marais, de créer des îlots de nidification qui vont permettre à des échassiers (comme l’avocette élégante ou l’échasse blanche) de se reproduire, en étant préservés des prédateurs terrestres (particulièrement, le renard). D’autre part, l’AEMA insiste sur le caractère patrimonial. Elle garantit la création de marais salants dans la pure tradition rétaise. On reconstruit, on renature l’espace de production salicole en respectant la physionomie que lui avaient donnée les moines, au Moyen-Âge, et qui a perduré au fil du temps. Pierrick François examine avec beaucoup de précaution et d’attention les cartes postales anciennes, ainsi que les photos aériennes prises depuis les années 1950, sur l’ensemble des sites du nord de l’île.
Un important soutien financier indispensable au développement de la saliculture sur notre île
Il existe une volonté délibérée de la part de la CdC de développer la production du sel. Cette dernière finance à hauteur de 45% du montant total du coût du projet d’installation d’un saunier (le Département participe à un niveau de 35%, les 20% restants sont à la charge du propriétaire). Il s’agit de créer un dynamisme social et économique sur le nord de l’île.
On recensait ainsi une vingtaine de sauniers à la fin des années 1980, on en compte 115 en 2020…
Le côté pittoresque des marais salants attire les touristes. Régulièrement des vacanciers garent leurs véhicules, ou s’arrêtent le long des pistes cyclables pour prendre en photo un saunier, en bras de chemise, récoltant son sel ou, encore ces petites pyramides blanches, alignées, qui brillent au soleil…
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