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Un grand moment d’Histoire rétaise au musée Ernest Cognacq
Dans le cadre des conférences organisées par l’association Vauban Fortifications, Jacques Boucard a donné samedi 25 juin, au musée Ernest Cognacq, une conférence cadrant avec le thème de cette année, « Etre et renaître », intitulée « Mort et renaissance de la citadelle de Saint-Martin de Ré ».
Pour comprendre l’histoire de la Citadelle de Saint-Martin qui est quelque peu compliquée, il faut la replacer dans son environnement historique c’est-à-dire les guerres de Religion. Ces conflits ravagèrent la région durant trente-six ans, de 1562 à 1598 et peu d’informations nous sont parvenues sur cette période, les archives ayant été détruites ou brûlées. A partir des éléments dont il dispose, Jacques Boucard a néanmoins revisité les journées qui sont à l’origine de la construction de la Citadelle de Saint-Martin.
La Réforme s’est implantée très tôt dans l’île. La décadence de l’église catholique s’y faisait sentir et le peuple, pauvre, aspirait à un changement. Les idées de Luther et surtout de Calvin voyageaient vite par le biais des marins et des commerçants. En 1560, l’église de Genève envoie son premier pasteur, Germain Chauveton, sur l’île. Il restera quarante ans à la tête de l’église de Ré. Dès 1561, il célèbre le premier baptême protestant. La cohabitation entre protestants et catholiques se passe assez bien jusqu’au début des guerres de Religion. Le 9 janvier 1568, le maire de La Rochelle, François Pontard, soulève la ville contre les catholiques et la fait basculer ainsi que Ré dans le camp protestant, ravivant les conflits en cours depuis 1562 et qui ne s’achèveront qu’avec la promulgation de l’Edit de Nantes, le 20 avril 1598. A partir de cette date, l’île connaîtra une période d’accalmie et un renouveau économique qui durera jusqu’en 1610, date de l’assassinat d’Henri IV. A compter de la disparition d’Henri IV, les protestants se sentiront menacés. En décembre 1620, La Rochelle se rebelle contre Louis XIII et se tourne vers l’Angleterre pour reprendre le contrôle du trafic maritime. En 1621, Henri II de Rohan prend la tête de l’assemblée protestante et Soubise, son frère, chef de l’armée huguenote, s’assure de la maîtrise de l’île de Ré et en fait sa base opérationnelle. Dans la foulée, les églises de Ré sont dévastées par les Rochelais.
La bataille d’Ars
En 1625, Louis XIII décide de frapper un grand coup et de reprendre La Rochelle et l’île de Ré. Henri de Montmorency, à la tête de la flotte royale qu’il a réorganisée, quitte sur ordre du roi, les Sables d’Olonne en direction de l’île de Ré le 14 septembre. Jean Guitton, qui dirige la flotte protestante, est informé de leur arrivée. Pendant ce temps, Toiras, capitaine aux gardes du roi, reconnu pour ses qualités de stratège, débarque 3 000 fantassins et 150 chevaux entre les Portes et la pointe de Gros Jonc, puis va s’établir sur une éminence. Soubise qui essaye de s’opposer au débarquement, se trouve rapidement dans l’obligation de se replier sur le Martray, abandonnant son artillerie. La bataille de Gros Jonc, le 15 septembre, est suivie par celle d’Ars le 16 du même mois. Les troupes royales de Sain-Luc, 2 000 à 3 000 hommes, se portent sur Ars, l’occupent et se heurtent aux forces de Soubise. Les réformés finissent par s’enfuir. Pendant ce temps la flotte royale qui n’a pas réussi à bloquer les navires rochelais dans leur refuge de Loix les poursuit et les coule. Le bilan humain est lourd 1 300 protestants ainsi que 300 catholiques sont tués. Le traité de Montpellier du 18 octobre 1622 signe la fin des hostilités.
D’Argencourt et Le Camus désignés pour construire la citadelle de Saint-Martin
Comment faire pour que les événements de l’île de Ré ne se reproduisent pas ? Louis XIII décide de renforcer les défenses de l’île et de consolider ses positions. Richelieu envoie deux ingénieurs, Pierre de Conti d’Argencourt et Le Camus, fortifier les lieux. En 1625, d’Argencourt entreprend de construire ce qui sera la première citadelle de Saint- Martin et le Fort La Prée. Dès que les travaux sont terminés, Toiras investi les lieux avec 2 200 hommes. Mais, l’île de Ré reste le lieu privilégié du roi d’Angleterre pour porter secours aux Rochelais. C’est également un lieu de ravitaillement qui, de plus, permet la surveillance de la circulation maritime sur la façade Atlantique. En juillet 1627, la flotte de Buckingham s’installe devant Saint- Martin et le siège de Ré commence.
La botte secrète de Richelieu
Ce siège qui a fait l’objet d’un long article dans le N° 222 de Ré à la Hune (mai 2021) durera du 27 juillet au 8 novembre. Le blocus maritime et terrestre isole totalement Saint-Martin. Richelieu qui n’aime pas Toiras, critiqua la préparation du siège. Il écrit dans ses mémoires : « Il prit seulement de la viande et du pain pour nourrir deux cents volontaires sept à huit semaines. Il ne tenait qu’à lui pour en faire rentrer pour tous les soldats. Il n’eut pas seulement l’idée de se munir de drogues d’apothicaire… On laissa dans le bourg un grand nombre de vivres et de meubles qui eussent été très utiles aux pauvres soldats …les celliers de toute l’ile étaient pleins de vin. » Richelieu reprocha même à Toiras de ne pas avoir brûlé le bourg de Saint-Martin dans lequel les Anglais purent s’approvisionner ! Le siège fut long et éprouvant. Les puits proches des remparts sont souvent empoisonnés, les magasins et les moulins incendiés. Buckingham parie sur la famine pour que les troupes royales se rendent. Toiras, encerclé depuis des semaines par 8 000 Anglais, envoie un message désespéré au roi par le canal de trois émissaires qui rejoignent le continent à la nage. Le premier se noie, le deuxième est repêché par des Anglais qui récupèrent les documents qu’il transportait. Le troisième Pierre Lanier atteint le continent et réussit à faire passer le message à Louis XIII.
Dans la nuit du 7 au 8 octobre, des embarcations royales franchissent une première ligne de défense anglaise mais sont bloquées par une deuxième ligne. 29 bateaux sur 35 réussiront à passer. Cela permettra à Toiras de tenir le temps qu’une opération de plus grande envergure se réalise. De son côté Buckingham ne voyant pas de renfort arriver d’Angleterre prépare son départ. Quant à Richelieu, il peaufine son plan d’intervention et prévoit, pour un effet de surprise, de cacher les hommes qu’il envoie à plusieurs reprises au Fort la Prée afin qu’ils interviennent une fois regroupés. Entre le 17 et le 30 octobre 1325 hommes, 30 chevaux, 3 canons et des vivres arriveront discrètement de nuit. Buckingham décide de quitter l’île, mais tente un ultime assaut le 6 novembre. Toiras résiste, rejoint en fin de matinée par la garnison cachée jusque-là au Fort la Prée. La surprise achève le moral des Anglais qui lèvent le siège. Alors que ceux-ci se retirent en direction de Loix pour embarquer à bord de leurs bateaux qui les attendent, l’armée royale commandée par Schomberg débarque et attaque au pont du Feneau l’armée en déroute. Le combat est meurtrier. Toiras sort grandi de cette épreuve et cette victoire fait taire ses détracteurs.
A la suite de ces événements, le roi exigera que toutes les fortifications soient rasées aussi bien à La Rochelle que dans l’île et des pieds de vigne seront plantés à l’emplacement de la Citadelle. En 1665-1666, l’arsenal de Rochefort est construit. Il n’est malheureusement pas bien situé par rapport à l’Atlantique et Rochefort vit dans la crainte de voir les Anglais débarquer pour s’emparer de l’arsenal. Pour éviter tout danger, Vauban va entreprendre de fortifier les îles d’Oléron, d’Aix et de Ré. En 1681, il décide de « relever et accommoder » la vieille citadelle qui doit contenir tous les habitants de l’île avec leurs animaux ainsi que les troupes. L’ingénieur François Ferry est chargé de dresser les plans d’une nouvelle citadelle qui soit « un réduit central imprenable » empêchant l’ennemi de devenir maître de l’île et de menacer La Rochelle. Les travaux lancés le 29 juin 1681 s’achèveront en 1685. Claude Masse, ingénieur très apprécié du roi, témoigne : il a encastré un verre plein de vin dans la première pierre posée à la citadelle en hommage à cette île renommée pour ses vignobles. Nous ne savons toujours pas, de nos jours, à quel endroit se trouve cette pierre.
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