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- Plan global des déplacements de l'île de Ré
Un défi, des enjeux, des progrès et des frustrations…
L’île de Ré est un territoire fragile qui doit, sans nuire à la qualité de son environnement, relever le défi d’améliorer ses infrastructures, les conditions de transports et de déplacements, pour accompagner la vie permanente et réduire l’impact de la circulation en période touristique.
Actuellement en phase finale d’élaboration, le plan global des déplacements de l’île de Ré sera présenté aux élus communautaires en avril 2013. Il concrétisera les réflexions et expérimentations sur les déplacements intra-insulaires et vers le continent, initiées depuis 2010. La Communauté de Communes de l’île de Ré n’a pas la compétence transports. C’est une limite à des décisions soumises à l’avis et à la compétence d’autres collectivités territoriales : Conseil général de Charente-Maritime, CDA de La Rochelle, et des opérateurs de transports.
Le regard des experts et les retours d’enquête sur les expérimentations testées
L’offre de transports collectifs est multiple, mais manque de coordination. Si les lignes de bus n° 3, 50 et 51 sont bien fréquentées, voire parfois saturées, elles souffrent d’un manque d’harmonisation tarifaire. Réactiv’Bus de son côté évolue positivement mais reste encore confidentiel. Les services d’accompagnement répondent aux besoins de proximité, comme les navettes électriques de village qui ont transporté sur 57 jours en période estivale 8 415 passagers. Mais le taux de passagers par course est encore faible à certaines heures matinales. En haute saison, les infrastructures sont saturées et les points noirs qui pénalisent les transports collectifs sont épinglés : le péage et le pont, la traversée de Rivedoux, le contournement de Saint-Martin ou le Martray. L’automobile, le vélo, la marche n’échappent pas aux remarques du cabinet d’étude, qui part de ces constats pour préconiser des orientations et des solutions aux élus communautaires. Dans ce constat sans concession, il y aussi des indicateurs encourageants. On y analyse notamment l’évolution du comportement des usagers qui vont vers les transports collectifs. Les navettes Ré-Express avec la ligne 3 progressent de 27 % par rapport à la même période en 2011, de juin à septembre. La navette de pont et bus Vélo a transporté 36 657 passagers d’avril à septembre 2012. Vélo Mouettes en Ré progresse de 42,27 %. Une concrétisation bienvenue de la volonté politique et écologique exprimée dans le projet de Plan global des déplacements (PGD).
Un objectif unanime, réduire l’utilisation de la voiture sur l’île de Ré
La limitation des nuisances générées par l’automobile est un axe fort de travail partagé par les élus et ceux qui s’intéressent à la préservation de l’environnement rétais. Les avis peuvent diverger sur les préconisations de solutions et leur mise en oeuvre. Pour Patrice Raffarin, « il n’y a pas de solution miracle, mais un bouquet de solutions qui participeront à une organisation équilibrée de nos déplacements et transports, en tenant compte de toutes les contraintes réglementaires, techniques, financières qui s’imposent. La CdC n’ayant pas la compétence transport, cela nous oblige à travailler avec d’autres collectivités, à procéder par expérimentation pour adopter les meilleures solutions. Nous réfléchissons aux délégations de compétences qui pourraient accompagner et faciliter notre action. Si la présentation du plan global des déplacements intervient avec quelques semaines de délai par rapport au calendrier prévu, c’est que nous avions besoin de retravailler et de compléter certaines propositions avec le cabinet d’études. Nous voulions l’enrichir de nos dernières réflexions ».
Il est bien conscient de l’attente forte sur des problématiques essentielles : une meilleure organisation des transports collectifs avec des efforts en matière d’information, d’harmonisation tarifaire, de circuit, d’horaires, d’amélioration des infrastructures pour les transports en commun. Mais le PGD n’est pas limité aux transports collectifs. L’amélioration des conditions de circulation pour les vélos et les marcheurs, le co-voiturage et l’autopartage, l’anticipation des mobilités, s’inscrivent aussi dans ce cadre de propositions.
Il y a des ajustements nécessaires tirés des bilans 2012 dont les usagers se féliciteront. La révision de certains circuits pour transporter davantage d’usagers, l’amélioration de la signalétique avec des poteaux supports d’information et d’horaires, la création d’emplacements de stationnement assurant une visibilité aux navettes en dehors des trajets, l’amélioration de la communication pour limiter la diversité des dépliants avec une lisibilité des horaires regroupant les opérateurs… Et pour clore cette liste non exhaustive, la création d’une maison des déplacements à Sablanceaux est envisagée dans l’ancienne gare routière, pour informer les arrivants.
Navette maritime, opération différée à l’été 2014
L’attente était forte sur le projet de liaison maritime dédiée entre Saint- Martin et le vieux Port de La Rochelle. Mais, comme le confirme Patrice Raffarin : « contrairement à ce qui a été annoncé prématurément par certains médias, cette liaison ne sera pas mise en place pour l’été 2013.
Au risque de connaître les déboires financiers du début d’exploitation de la ligne reliant Boyardville à La Rochelle, nous devons mettre en place un cahier des charges, lancer un appel d’offres à différentes compagnies maritimes, peaufiner notre montage budgétaire… et nous ne serons pas prêts pour l’été même si nous le regrettons ». Il exprime toutefois un réel intérêt pour cette liaison maritime et les perspectives qu’elle ouvre pour Ré – La Rochelle et La Rochelle – Ré. Certains seront déçus, d’autres comprendront le délai de réflexion qui ne remet pas en cause la volonté de création de cette liaison maritime utile et attrayante.
Pour les personnes isolées, âgées, handicapées, ou sans ressources qui ne disposent pas ou n’utilisent pas de véhicules, se déplacer individuellement ou collectivement n’est pas toujours très pratique sur l’île de Ré. Des critiques, des protestations sont adressées à l’organisation complexe des modes de transport, qui ne peut répondre à toutes les situations, à toutes les exigences : problèmes d’arrêts, de circuits, d’horaires, de tarifs, de confort… Le déplacement, c’est avant tout un acte social et économique. C’est vital pour un territoire et significatif d’une éducation, d’une culture. Le temps de trajet n’est pas le même dans toutes les cultures. Ceux qui ont la chance de voyager s’en aperçoivent.
L’île de Ré doit marquer son identité par une vision et par une audace sur l’organisation de ses transports, croire en l’information et en l’éducation progressive de ses résidents et visiteurs, pour réduire les nuisances de l’automobile. Idéaliste sans doute, mais assurément c’est à chacun d’entre nous de prendre ses responsabilités, de donner l’exemple, d’encourager des comportements raisonnables, de comprendre notre intérêt et les enjeux du territoire.
À pied, à vélo, à cheval, en navette, en bus, en bateau, l’île de Ré nous offrira longtemps encore des paysages uniques à découvrir, au détour d’un chemin, d’une piste cyclable, d’une petite route, ou en arrivant au port… Au moins à une condition : que nous soyons capables de faire des efforts personnels pour moins utiliser la voiture.
Le point de vue de l’Association des usagers des transports de l’île de Ré
Michel Terrasson, président de l’AUTIR, force de proposition sur les modalités de déplacements et de transports, affiliée à la Fédération nationale des usagers des transports (FNAUT) réagit : « Dès le 28 août 2012, l’AUTIR s’est étonnée que les grandes orientations décidées en janvier 2012 n’aient pas été “partagées” avec la population, comme celles du SCoT ont pu l’être. Fin juin 2012, nous avons souhaité que les actions définies dans le projet de plan des déplacements en cours d’élaboration, amendées et complétées, soient vraiment mises en oeuvre et ne restent pas inappliquées. Nous demandons que ce plan des déplacements sur l’île de Ré prévoie :
– des mesures de priorité pour les autobus aux endroits congestionnés et saturés, dont nous avons fait l’inventaire avec le concours de professionnels du transport et des usagers des transports collectifs,
– l’extension et la sécurisation du réseau cyclable,
– la coordination des transports entre l’île de Ré, La Rochelle et le département,
– l’étude d’un tracé de futur site propre pour transports collectifs entre l’île et La Rochelle.
À l’écoute des usagers de tous les modes de déplacements, nous participons aussi aux travaux de la commission transport du Conseil de développement. Par notre réflexion et notre intervention auprès des autorités organisatrices, nous cherchons à faire évoluer l’information des usagers actifs et potentiels, à améliorer les conditions de déplacement des personnes ayant pour diverses raisons l’incapacité d’utiliser un véhicule, à encourager Rétais et touristes qui auraient la volonté d’utiliser les transports collectifs ou à la demande, pour réduire ainsi l’utilisation des véhicules personnels sur l’île de Ré ».
Propos recueillis par Michel Lardeux
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