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Un début de saison très tardif pour les sauniers
Le soleil et la chaleur sont de retour sur l’île de Ré, au plus grand bonheur des sauniers. La pluie, le froid et le manque de soleil de ces deux derniers mois avaient empêché le sel de se former dans les marais. La récolte peut enfin commencer.
Il est 17h sur le marais de Denis Dupré et, en cette fin juillet, le saunier guette la formation de la fleur de sel. « La météo nous annonçait du vent mais c’est le calme plat ! Je vais attendre jusqu’à 18h mais ce n’est pas sûr que ça marche », dit-il. « Pour le moment, je dois avoir récolté de 200 à 300 kg de fleur et 5 tonnes de gros sel. L’année dernière à la fin juillet j’en avais déjà 40 tonnes ! On n’a rien fait pendant deux mois, et on vient juste de commencer à travailler. » Même constat chez tous les producteurs d’or blanc de l’île de Ré, condamnés au chômage technique jusqu’ici. La production a pris du retard. « En vingt ans d’activité c’est la première fois que je vois une saison démarrer aussi tard ! », affirme Nicolas Bécaud, le président de la Coopérative des sauniers. « Normalement c’est plutôt l’inverse, c’est à dire que ça commence tôt, en juin, et ça peut se terminer, ou fortement ralentir, début août. »
Les conditions nécessaires (pas de pluie, du soleil et du vent) ne sont réunies que depuis peu. « Ce mois de juillet a été très particulier » analyse Louis Merlin, saunier et président de l’APSIR, l’association des producteurs de sel de l’île de Ré. « On a été à deux doigts de faire du sel à plusieurs reprises, et finalement non, il y avait toujours une pluie qui venait tout casser. Là c’est enfin parti et on a de la chance car ce n’est pas le cas partout. À Noirmoutier ça commence à peine, et à Guérande toujours pas. Finalement on s’en sort plutôt bien sur l’île de Ré. »
Entre sérénité et inquiétude
Malgré tout, la plupart des sauniers rétais restent sereins pour le moment. Tout d’abord parce que les prévisions de ces prochains jours sont bonnes. « En moyenne, la production d’une saison se joue sur une quarantaine de jours », dit Louis Merlin. « Et il nous reste encore un bon mois et demi jusqu’à la mi-septembre pour produire. Tout n’est pas perdu ! » Ensuite, les stocks de la Coopérative sont pleins. « Nous conservons toujours un stock de sécurité qui nous permet de pallier les saisons plus creuses », explique Nicolas Bécaud. « Nous avons beaucoup de marge, surtout que les trois dernières années ont été très bonnes. Cela nous permet de continuer à alimenter le marché et de lisser les revenus des sauniers coopérateurs. Au 1er janvier nous avions 9 000 tonnes de sel en stock. Donc pas d’inquiétude ! »
Cependant, la situation est beaucoup plus complexe pour les sauniers indépendants comme Éloi Keller, qui a attaqué cette saison avec très peu de stock. « Pour des raisons personnelles je n’ai pas pu produire autant que d’habitude en 2023 et j’avais déjà dû taper dans les stocks de 2022 », explique ce petit producteur installé sur la commune de Saint-Clément. « Cette année je dois produire au moins 1 tonne de fleur et 5 tonnes de gros sel si je ne veux pas perdre mes clients. Même si le marais commence enfin à produire, je reste inquiet pour la fleur de sel car plus on avance dans l’été, et plus le temps d’ensoleillement se raccourcit et plus il y a de rosée la nuit, ce qui n’est pas favorable à la fleur. » Le jeune saunier se souvient d’avoir déjà récolté de la fleur au début du mois d’octobre il y a quelques années. Tout espoir n’est donc pas perdu. À condition que l’été 2024 se soit installé pour de bon.
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