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Un chantier de 5 M€ pour sécuriser l’accès au port de Saint-Martin
Mardi 26 avril, Christophe Sueur, conseiller départemental délégué aux infrastructures et activités portuaires est venu à Saint-Martin de Ré présenter le chantier de remplacement de l’épi de protection du port, éventré lors de la tempête de décembre 2019, par deux nouveaux ouvrages.
Il était accompagné des deux conseillers départementaux de l’île, Véronique Richez-Lerouge et Patrice Raffarin, ainsi que par Mathieu Barbier, directeur adjoint de la Mer et du littoral, Eric Blanchard chargé du fonctionnement portuaire de l’île de Ré, Eliane Le Fao du Bureau du port et Léonard Larue responsable du chantier pour le groupe Vinci.
Une compétence départementale (Loi NOTRe)
Depuis le 1er janvier 2020, date de la reprise de la gestion du port par le Département, l’état de dégradation de certains ouvrages et équipements portuaires a nécessité différents travaux : reprise des maçonneries des quais et changement de pontons. Un diagnostic des portes d’écluse et des équipements de la station carburant est en cours, le renouvellement des équipements de levage et de manutention est prévu en 2022. On le sait aussi, il devient urgent de réaliser un dragage du bassin à flot, les analyses de la qualité des sédiments ont donné un résultat « moyen ». Nous écrivions en juin 2020 : « Le dragage du port de Saint-Martin constitue une urgence et représente un budget de plusieurs millions d’€ ». Ce sujet n’était toutefois pas à l’ordre du jour de cette conférence de presse, tout comme le projet de protection contre les submersions dans le cadre du PAPI (Plan d’actions de prévention contre les inondations), « un projet totalement distinct », a expliqué le Département.
Sur les 56 ports de Charente- Maritime, Christophe Sueur a évoqué les vingt-trois sites portuaires gérés en direct par le Département, tandis que certains ports restent « concédés à des Communes » ou « gérés par les communes » et seize entités sont gérées par des syndicats mixtes. Sur l’île de Ré, les ports de Loix, La Flotte et Saint-Martin sont désormais départementaux, ceux d’Ars et Rivedoux étant toujours communaux.
« Dans la reprise des ports par le Département il y a des travaux assez importants à mener. Une première période de travaux jusqu’en 2022 représente 16 M€, dans les six années à venir le budget d’investissement est estimé à 30 M€. Tout le littoral de Charente-Maritime va en profiter, il s’agit de présenter une façade Atlantique digne de ce nom, avec des prestations adaptées, afin d’avoir une belle approche par la mer. Cette nouvelle dynamique départementale s’inscrira dans un Schéma de développement et de modernisation de la plaisance, en cours d’élaboration, dont l’objectif est la mise en réseau des ports, l’harmonisation et la mutualisation de l’offre de services et d’accueil des plaisanciers. », a expliqué Christophe Sueur.
« Ecoute et Concertation »
Conseillère départementale et présidente du Conseil portuaire, Véronique Richez-Lerouge a évoqué l’environnement du chantier qui se déroulera dans le cadre d’un site remarquable classé au patrimoine mondial de l’Unesco, qu’il s’agit de préserver. Elle a aussi insisté sur la concertation ayant eu lieu en amont avec les parties prenantes, notamment les usagers. « Nous avons eu beaucoup de réunions, il s’agissait de rassurer, écouter, communiquer. Ainsi la largeur du chenal a-t-elle été agrandie par rapport au projet initial, à 27 mètres, soit + 7 mètres, afin de permettre le trafic saisonnier. Pendant sept mois, il s’agira d’un chantier d’équilibriste, le port doit pouvoir continuer son activité. »
De fait, le projet a fait l’objet d’une demande d’autorisation environnementale intégrant une demande spéciale d’autorisation en site classé. L’arrêté préfectoral autorisant les travaux sur site a été récemment notifié au Département.
Mathieu Barbier et Léonard Larue ont évoqué l’état préoccupant de l’actuel épi de protection, datant d’il y a une trentaine d’années (1989 – NDLR), qui s’est ouvert durant la tempête de décembre 2019 et ne fait que se dégrader, se vidant de son sable. Ainsi les ouvrages prévus doivent être conçus pour durer plusieurs dizaines d’années. Ils ont pour objectifs de « sécuriser de manière pérenne les conditions d’accès au port, mais également d’optimiser la protection et limiter l’agitation dans l’avant-port. »
7 mois de travaux, deux ouvrages
Ainsi deux ouvrages viendront remplacer l’actuel brise-lames (ou épi de protection) : un brise-clapot dans le prolongement de la jetée Est pour protéger du clapot Nord-Est, et un brise-lames fixe localisé à proximité de la jetée Ouest, afin de protéger le port de la houle Nord-Ouest. Leurs orientations différentes de l’épi actuel doivent permettre une meilleure protection contre le clapot Nord-Est, tout en maintenant une protection nécessaire contre la houle Nord- Ouest, l’avant-port étant très agité, notamment en période hivernale par vents Est-Nord-Est.
Le brise-lames en béton armé sera coulé dans la grande forme de radoub du port de La Pallice et acheminé par la mer par deux remorqueurs placés de chaque côté. Ses 1900 tonnes, 72 mètres de longueur, 10 mètres de largeur et 8 mètres de hauteur en font un « ouvrage poids », dont la stabilité au regard des sollicitations extérieures est assurée par son poids. Il est destiné à résister 50 ans aux assauts de la mer. Son installation devra se faire par tirant d’eau adapté, dépendant du coefficient de marée, de la météo, des horaires de marée : « Il s’agit d’un gros sujet » ont expliqué les techniciens, « Nous ne disposerons que de peu de temps, un à deux jours, fin septembre/début octobre. »
Phasage des travaux en 2022
– Rempiétement de la jetée Est : début mai à début juin
– Dragage déroctage chenal et zone brise clapot : début juin à mi-juillet
Interruption de mi-juillet à mi-août
– Dragage déroctage et lit de pose du nouveau brise lame : mi-août à début septembre
– Réalisations de pieux de guidage brise clapot : mi-septembre
– Remorquage et mise en place du brise lame : fin septembre
– Démolition ancien brise lame, remplissage et fermeture du nouveau : octobre et novembre.
Deux pontons flottants de 27 mètres, chacun guidé par deux pieux, composeront le brise-clapot de 56 mètres, qui sera installé dans le prolongement de la jetée Est. La plateforme élévatrice « île d’Oléron » sera mise à disposition du chantier. L’ancien épi de protection sera démoli en fin de chantier en octobre/ novembre 2022.
Les deux bases de vie du chantier se situeront à Saint-Martin, à proximité de la jetée Ouest, et à La Pallice. Un chantier sans grande nuisance, avec « des temps de gêne limités » d’après les responsables, la phase la plus bruyante concernant la réalisation des pieux de guidage sur une semaine. Côté environnemental, une sonde permettra de surveiller le niveau de turbidité des eaux et une « compensation écologique » en matière de zones humides est prévue avec le nettoyage de l’estran, face à la plage de la Cible.
Enquête publique
Celle-ci n’a recueilli que peu de commentaires. Outre ceux du maire (lire ci-contre) et de quelques élus municipaux, le Cercle nautique martinais s’est inquiété sur la largeur du chenal (argument pris en compte – NDLR) et sur l’esthétique du briseclapot en rupture avec les fortifications Vauban, regrettant qu’aucune variante n’ait été étudiée, notamment une prolongation de la digue Ouest.
Le Commissaire-Enquêteur relève plusieurs remarques « fréquentes » au cours de l’Enquête publique : « la fragilité du brise-clapot » et sa « pérennité », « l’esthétique du brise-clapot avec les piliers Duc-d’Albe particulièrement visibles », « la largeur du chenal insuffisante avec le trafic estival », « l’absence de projet alternatif et de concertation, avec un sentiment exprimé par des usagers du port : celui d’un projet imposé ». « Une seule variante a fait l’objet d’une approche comparative… cela semble exclure les propositions soit de rétablir une digue à son emplacement actuel, soit d’établir une porte » comme celle du port de La Flotte.
« Bien que l’enquête porte sur une demande d’autorisation environnementale, il n’y a eu aucune observation du public sur un sujet lié à la protection de la Nature » relève le commissaire-enquêteur, poursuivant : « Je note toutefois que la qualité de la sauvegarde de l’environnement naturel n’est assurée que par la compétence et l’engagement attentif des entreprises sélectionnées pour le chantier. Une attention particulière et pointilleuse devra être portée sur la compétence des intervenants. Le suivi du chantier sera déterminant dans toutes les phases du chantier. Comment la Maîtrise d’ouvrage s’en assurera ? »
Au total, on note une faible participation du public à cette enquête avec seulement quinze observations.
Patrice Déchelette « mis devant le fait accompli »
Absent du point presse, interrogé par nos soins, le Maire de Saint- Martin, Patrice Déchelette estime avoir été « mis devant le fait accompli » malgré ses remarques faites lors de l’Enquête publique.
« L’épi de protection actuel avait été conçu dans le respect du plan relief du port de Saint-Martin datant de 1703 (voir photo). Les Ducs-d’Albe prévus sont en matériaux très modernes, le comité scientifique du réseau Vauban a aussi donné son avis. Et pourquoi faire un brise-clapot flottant ? Le même ouvrage fixe, comme le brise-lames, ne serait pas plus coûteux, rendrait le même service et serait mieux intégré au caractère du Site Vauban. Je suis aussi inquiet sur la maintenance de cet ouvrage mobile.
La largeur du chenal sera insuffisante et jusqu’ici il y avait deux entrées possibles, les petits bateaux de plaisance rentraient dans l’avant-port par la gauche, l’existence d’une seule entrée va ralentir fortement le trafic en plein été. »
Je pense qu’il aurait été utile de faire une réflexion globale intégrant la protection du port et la protection contre les submersions, pour un travail intelligent. On affecte 5 M€ à la protection contre les clapots, et il ne reste que 900 K€ dans le PAPI pour la protection contre les submersions. Les pêcheurs estiment que ce système de pontons flottants ne sera pas adapté, l’eau passant dessous. Nous avons été informés mais il ne nous a pas été demandé notre avis… » explique-t-il, se disant ainsi « pas favorable à la solution retenue, nous aurions dû avoir une variante. »
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