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- Pénitencier de Saint-Martin de Ré
Une courte cavale, qui aurait pu très mal tourner
C’est en entendant les nombreuses sirènes de gendarmerie que les Martinais et vacanciers encore présents ce vendredi matin ont été alertés qu’il se passait quelque chose d’anormal, puis en constatant un très important déploiement de forces de l’ordre.
Il était en effet 9 h 30 vendredi 2 janvier, quand deux jeunes détenus âgés de 29 et 30 ans, condamnés à de longues peines pour des crimes de sang ont décidé de se faire la belle de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré alors qu’ils se trouvaient dans un local technique à proximité des bâtiments administratifs. Une évasion préméditée, et rondement menée. Après avoir agressé et ligoté le surveillant chargé de les encadrer, les deux hommes lui ont subtilisé son portable et son trousseau de clés. De là, munis d’un câble électrique pour faire office de corde, ils se sont dirigés « tranquillement » vers le mur d’enceinte extérieur, à proximité du pont levis près de la Cible, soit l’endroit où le mur d’enceinte est le moins haut (4 à 5 m); ils se sont laissés glisser le long du mur avant de s’enfuir, courant en direction de la plage de la Cible.
« Cela aurait pu très mal tourner, compte-tenu de la dangerosité des fuyards et du monde présent à Saint-Martin »
Plusieurs personnes, témoins de leur escapade et qui les ont d’autant plus repérés qu’ils étaient habillés en salopette grise de travail, ont rapidement donné l’alerte en prévenant les forces de l’ordre.
Sur la Route de la Plage, Place du 8 Mai exactement, les deux fuyards sont tombés sur une femme à bord d’un véhicule dont le moteur tournait. Ils lui ont demandé de les conduire à La Rochelle. Faisant preuve d’une grande maîtrise, cette femme leur a dit qu’elle ne savait pas conduire et attendait son mari, elle a en outre eu le réflexe d’enlever la carte de démarrage du véhicule, coupant ainsi court aux velléités des deux fugitifs.
Compte tenu de la dangerosité des deux fuyards, très vite s’est mis en place un dispositif de verrouillage total de l’île. Alors qu’à Sablanceaux la gendarmerie territoriale contrôlait un par un les véhicules à la sortie de l’île, la brigade cynophile de la gendarmerie ratissait Saint-Martin, aidée d’agents de la maison centrale. Commune portuaire oblige, une surveillance du Pertuis breton était également effective en cas de fuite éventuelle par la mer.
Un déploiement en moyens et en hommes qui s’est révélé efficace puisqu’il aura fallu un peu moins de trois heures pour que la cavale du duo, traqué de toutes parts et en quête d’un véhicule, prenne fin sur le parking du personnel du centre commercial Leclerc.
C’est la brigade cynophile qui a retrouvé leur trace, l’un à proximité de la station d’essence où les deux détenus espéraient sans doute s’emparer d’un véhicule en train de faire le plein. Son comparse a été arrêté lui à quelques centaines de mètres de là, près du centre aquatique.
Ainsi cette Martinaise qui a assisté en direct à la fin de la cavale, témoigne t-elle : « J’ai été alertée un peu avant 10 h ce vendredi matin à mon domicile par les nombreuses sirènes des véhicules des forces de l’ordre, et je me suis doutée qu’il se passait quelque chose d’inhabituel, même si la présence de vacanciers génère souvent des accidents et incidents. Mais c’est en sortant de Saint-Martin intra-muros juste avant midi, que j’ai été impressionnée par le déploiement des gendarmes qui contrôlaient toutes les voies d’accès au rond point « nord » de Saint-Martin. Arrivée à la hauteur des magasins rue des Salières, j’ai aperçu deux personnes qui couraient, puis une voiture de gendarmerie arrêtée au milieu du rond point de Leclerc, sans personne à bord. Quand j’ai appris ce qu’il venait de se passer, j’ai eu froid, dans le dos. Il y avait effectivement énormément de monde qui faisait ses courses ce lendemain de fêtes et le parking de Leclerc était plein à craquer, cela aurait pu très mal se passer… »
Joint par nos soins, le Maire de Saint-Martin de Ré, Patrice Déchelette, confirme que les deux fugitifs étaient armés d’une « arme blanche de type cutter, qui peut être extrêmement dangereuse. Ils auraient pu prendre quelqu’un en otage… Leur objectif en se rendant à la station d’essence de Leclerc était de s’emparer d’un véhicule pour prendre la fuite, ce qui était un très mauvais calcul car lors d’une évasion, l’ensemble de l’île de Ré et notamment le Pont sont verrouillés en quelques minutes et ils n’auraient pas pu aller bien loin. Ce qui montre un grand amateurisme de leur part, une méconnaissance du dispositif mis en place sur le Pont et sur toutes les voies d’accès et de sortie de l’île de Ré ».
« Tout s’est bien terminé, et c’est tant mieux renchérit ce surveillant contacté par téléphone qui tient à garder l’anonymat, car quand avec les collègues qui m’entouraient on a appris de quels individus il s’agissait, on a tous fait une drôle de tête. On a craint le pire. Sans trop vouloir noircir le tableau, on peut dire que la femme qui est parvenue à leur échapper a peut-être eu beaucoup de chance ». Ce surveillant dénonce le fait « de n’être jamais écouté, donc entendu, quand on signale un risque quelconque à la direction. Jamais ces deux détenus auraient dû bénéficier d’une telle liberté de mouvement au sein de l’établissement, et ce ne sont pas les 215 fonctionnaires et les organisations syndicales de la centrale qui me contrediront. Je me demande encore comment peut-on s’évader aussi facilement ? C’est bien la preuve que l’on manque cruellement de personnel ».
Le Maire de Saint-Martin de Ré semble plus circonspect : « Evidemment les syndicats de surveillants profitent de cet important incident pour alerter, mais personne n’est à l’abri d’être dupé et de voir sa vigilance déjouée, c’est ce qui est arrivé au surveillant qui les encadrait, cela aurait pu arriver avec tout autre détenu ».
Rappelons que la dernière tentative d’évasion remontait à juin 2013, qui en avait suivi plusieurs autres.
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