«Travailler ensemble, dans le respect les uns des autres»
Cinq jours après sa défaite aux élections départementales, Lionel Quillet a souhaité s’exprimer, apporter son analyse de cette campagne et évoquer l’avenir. Une sorte d’exutoire, pour mieux repartir
« Cela n’a pas été des élections départementales mais des élections communautaires, je n’ai jamais pu valoriser tout le travail fait au Département. En amenant la campagne sur la Communauté de Communes, Patrice Raffarin a parfaitement joué », estime l’ex premier vice-président du Département.
Analyse de la campagne
« Les neuf Maires se sont nettement engagés à mes côtés, je les remercie de leur confiance. Ce soutien a cristallisé les oppositions municipales, qui ont été très présentes. Tous les perdants aux dernières élections municipales ont fait campagne contre nous : par exemple Didier Guyon à Sainte-Marie de Ré, Jean-Pierre Gaillard au Bois-Plage qui a mené une campagne très active, l’opposition à Saint-Martin qui n’avait pas voté depuis longtemps… A La Flotte, bien que le Maire ait été très bien élu, l’opposition organisée autour de Patrick Salez et surtout le soutien de Léon Gendre ont été costauds. A La Couarde, une opposition s’est mise en place avec des résidents secondaires. A Saint-Clément, l’ancien Maire, Gilles Duval et le perdant aux élections, Didier Courtemanche ont été très actifs, tandis qu’aux Portes le clivage est porté par Anne Deniel, qui a également été battue aux dernières élections. Quant au maire de Rivedoux, il a parfaitement mobilisé sa population. Il n’y a qu’à Ars où il n’y a pas eu d’opposition forte, la Maire actuelle et l’ancien Maire d’Ars, homme d’une vraie loyauté, m’ont tous deux soutenu. »
« Outre le fait que cette élection s’est faite sur le terrain de la CdC et non du Département, le second point important a été l’intervention forte des réseaux sociaux, et d’autres réseaux. Concernant les réseaux sociaux nous avons vite été débordés, sans moyens pour y aller. »
« Troisième point, c’était extrêmement difficile aussi en termes d’opposition. L’opposition Léon Gendre/ Lionel Quillet était confortable, nous n’avions pas de divergence sur le fond, nous étions de la même famille, deux cousins qui s’affrontent, c’était un problème d’égos. Tandis que l’opposition de Patrice Raffarin a été longtemps cachée, il a été douze ans auprès de moi, il n’y a jamais eu un refus de sa part sur les délibérations. Son opposition s’est manifestée à l’occasion du PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal) au sujet de la zone des Bragauds, il a été le seul maire à attaquer le PLUi. Ensuite il n’est pas allé dans le débat politique, qualifié d’union centriste, plutôt centre gauche, finalement dans la majorité départementale. Mon opposition avec Léon Gendre ne portait pas sur le fond, nous avions la même vision de protection de l’île de Ré, tandis que notre opposition avec Patrice Raffarin est fondamentale. »
Une île protégée, trop de restrictions
« Autre phénomène fort ayant joué, malgré toutes ses réalisations, la CdC est devenue plutôt porteuse aux yeux des Rétais de décisions négatives. Le PLUi en est le parfait exemple, il est restrictif, mais je rappelle qu’il découle du PPRL (Plan de prévention des risques littoraux) de l’Etat. Côté Tourisme, on attribue à Destination Île de Ré la venue toujours plus importante de touristes, alors qu’en quelques années les locations de meublés sont passées de 1500 à 5000 locations, tout le monde loue, nous ne pouvons y faire grand-chose. En matière d’Agriculture, elle ne s’est jamais aussi bien portée, la carte CIGALE repose sur un travail énorme, mais la perspective d’une carte CIGALE 2 pour les métiers de la mer et des marais a été mal perçue, comme porteuse de nouvelles contraintes et de la volonté de tout régir. Bref, la protection de l’île de Ré impose trop de contraintes aujourd’hui pour les habitants et les professionnels. » « On me reproche mon côté autoritaire, mais il faut de l’autorité pour piloter une CdC, pour mettre d’accord tous les Maires, je suis très souple dans cette gestion. J’incarne l’autorité et naturellement toutes les remontées sur les problème. »
« Les crises sanitaires de 2020 et 2021 nous ont aussi privés de liens avec la population, plusieurs évènements n’ont pu avoir lieu » analyse Lionel Quillet. « Le plus fantastique a été la polémique sur la gestion des ordures ménagères, qui est l’exemple même d’une bonne gestion, en douze ans de mandat nous avons baissé de 16,5 % à 14 % la fiscalité des OM. La Cour des Comptes a, par ailleurs, confirmé qu’il n’y avait aucune illégalité ».
« Les Rétais doivent se réapproprier les projets »
« Concernant l’avenir, les huit Maires de l’île de Ré m’ont renouvelé leur confiance, ils n’ont pas été battus, il ne faut pas se tromper d’élections et tous ont été choqués par cette campagne qui n’a guère été respectueuse des individus, ils m’ont témoigné une belle solidarité. Ils reconnaissent ma compétence pour mener à bien les dossiers de la CdC et m’ont demandé de poursuivre tous les projets lancés. Nous devons infléchir notre politique en matière de communication, de proximité, on va changer cela, il faut que les Rétais s’approprient/se réapproprient tous les projets que nous menons. Mais nous ne verserons jamais dans la démagogie. Il nous faut trouver comment être plus souple, dans le cadre de la Loi, ce qui n’est pas simple pour un territoire « fini » à 80% non constructible. »
« Ma plus grosse inquiétude concerne le Département. Avec ma fonction de 1er vice-président l’île de Ré avait une place importante, stratégique. Et Dominique Bussereau adorait l’île de Ré, il est l’artisan du déplafonnement de l’écotaxe. Aujourd’hui, nos deux conseillers départementaux n’ont aucune vice-présidence et pour la nouvelle Présidente – et c’est tout à fait normal – l’Île de Ré n’est pas une priorité. Le dossier des éoliennes se présente très mal, il a été positionné au meilleur moment pour l’Etat, en période électorale, aucune décision ne pourra être prise par le Département avant le mois d’octobre, ce sera trop tard. Second sujet très important, celui de la mobilité, j’étais prêt à faire passer notre projet, il va bien falloir résoudre le problème. Concernant le Pont le seul critère juridique viable est celui de la résidence, la notion d’ayant-droit n’est pas définissable au plan juridique. »
« Aujourd’hui, bien sûr, nous sommes prêts à travailler ensemble, la CdC, les Communes avec les Conseillers départementaux, mais dans le respect les uns des autres », conclue Lionel Quillet.
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