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Tous ensemble pour pérenniser la vie rétaise
Ce sont plus de 150 professionnels de tous les métiers qui ont répondu présents mercredi 24 juillet au soir, à l’appel de l’Association pour une Vie Economique Novatrice sur Ile de Ré (Avenir), récemment créée (voir notre article « Des professionnels mobilisés »), mais aussi de l’Association Ré-veille des propriétaires de biens immobiliers impactés par le PPRL (voir notre article « Touche pas à mon île ! ») et de Réagir (association de professionnels créée il y a 2 ans pour défendre la place des professionnels, promouvoir la vie permanente et participer à la concertation dans le cadre de l’élaboration du SCOT).
Une prise de conscience tardive mais énergique
Comme l’a concédé à plusieurs reprises Emmanuel Vignaud, Président d’Avenir, les professionnels n’ont pas su réagir il y a un an alors que tous les signes d’alerte étaient déjà bien là et que Lionel Quillet et les Maires de 9 communes avaient largement alerté la population au cours de deux réunions publiques très suivies (voir les nombreux articles de Ré à la Hune de l’été 2012 sur realahune.fr). Certains professionnels leur avaient même reproché de « faire peur inutilement aux gens » et de « menacer ainsi leur activité ». Ils sont d’autant plus déterminés aujourd’hui qu’ils ont bien conscience qu’il reste très peu de temps pour agir et essayer d’obtenir de l’Etat de revoir sa position.
Si notre confrère de la presse écrite payante en a « pris pour son grade », c’est notamment parce que les professionnels d’Avenir ne veulent pas être catalogués comme une « association immobilière ». Il suffit de voir la composition du bureau * ainsi que les autres professionnels du « noyau dur d’origine » ** pour en être persuadé, l’ensemble des corps de métiers du bâtiment étant représentés.
Dans la salle, les dirigeants d’Intermarché – Séverine Desmereau et de Leclerc – Michel Desfontaines étaient aussi présents pour témoigner que c’est l’économie toute entière de l’île de Ré qui est menacée à très court terme.
Côté assistance, outre cette forte mobilisation, l’autre bonne surprise est venue d’une participation majoritaire de professionnels du canton sud, alors qu’ils auraient pu penser – à tort – qu’ils étaient moins concernés. Il est vrai que la plupart travaillent sur toute l’île de Ré, démontrant – si besoin était – que le raisonnement qui consiste à distinguer le canton nord et le canton sud est très dépassé.
Rentrant rapidement dans le vif du sujet, le Président, Emmanuel Vignaud a expliqué que l’association a été créée quand les professionnels ont pris conscience du risque économique que va engendrer la carte des niveaux d’eau, avec en corollaire la vie permanente et l’avenir de nos enfants sur cette île.
Les professionnels ainsi fédérés entendent « s’associer aux élus de la CdC pour ne pas accepter les directives du futur PPRL » mais aussi « pour échanger avec les élus sur la révision des POS EN PLU et les « sursis à statuer » dont ils sont victimes, ce qui – il en a convenu – sont deux sujets totalement distincts.
Les métiers liés à l’habitat, mais pas seulement
Avenir veut sensibiliser l’Etat et les élus au fait que ce sont non seulement les métiers liés à l’habitat, mais aussi tous les autres professionnels à l’année qui seront peu ou prou impactés.
En effet, depuis un mois déjà les métiers de l’habitat ressentent les effets de la communication publique des cartes de niveaux d’eau, qui sont opposables et se sont concrètement traduites par des refus de permis de construire de la part des Maires, qui n’ont plus la possibilité de passer outre l’avis négatif des services instructeurs de l’Etat. Pour les agences immobilières, non seulement les visites de biens ont chuté, mais aussi les certificats de vente et même certains actes authentiques sont annulés au dernier moment. Du jamais vu, un permis de construire a été refusé sur un lotissement.
Les professions libérales que sont les architectes, les experts géomètres, les notaires sont déjà touchées aussi. Viendra rapidement le tour pour les professionnels du gros œuvre (travaux publics, entreprises générales du bâtiment, maçons, piscinistes), puis du second œuvre (menuisiers, plaquistes, plombiers, électriciens, …), et l’équipement et décoration de la maison (cuisinistes, parqueteurs, électroménager, hifi-vidéo…).
Les autres professionnels à l’année tels les commerces, la grande distribution, les services aux particuliers et aux entreprises devraient être à leur tour impactés en ricochet. Si les professionnels s’en vont, ce sera moins de consommation, des familles entières qui quitteront l’île de Ré, des écoles qui se videront, des services de santé moins denses etc..
Ainsi la population permanente de l’île de Noirmoutier (plus avancée puisqu’elle en est aux cartes des aléas et que cela fait 18 mois qu’elle subit les 1ères cartes) serait passée de 12 000 personnes à 10 000 personnes. Ce qui fait dire à Emmanuel Vignaud que – en appliquant le même ratio – cela voudrait dire que l’île de Ré pourrait passer en 18 mois de 18500 habitants à 15500 habitants… Même s’il existe des signes d’espoir sur Noirmoutier (NDLR : faibles, ne nous leurrons pas…) comment les professionnels pourront-ils tenir 18 mois de plus ?
Loin des chiffres qui circulent, les agences immobilières ne sont qu’au nombre de 28 sur l’île de Ré, tandis qu’exercent 37 architectes et maîtres d’œuvre, et que les deux offices notariaux – non présents à la réunion – emploient 45 salariés. Ceux-ci rencontrent des difficultés pour les signatures d’actes d’achat, mai aussi comment font-ils pour gérer les donations ou successions ? L’Etat remboursera –t-il l’ISF s’est interrogé Emmanuel Vignaud ? Le gros œuvre représente autour de 50 entreprises rétaises, le second œuvre près de 450 entreprises, la décoration et ameublement plus de 30 entreprises.
Ce sont près de 5000 personnes, chefs d’entreprises et salariés, qui seraient impactées directement pour les seuls métiers de l’habitat. Sans oublier les 200 entreprises rochelaises qui passent le pont et font partie de « la grande famille de l’habitat ».
Le rapport entre retraités et actifs devrait encore se creuser, les recettes fiscales diminuer sensiblement, et il n’y aura plus assez d’actifs résidents pour garantir un accueil qualitatif au flot des vacanciers.
La conséquence de tout cela doit être, pour Denis Hénault, vice-président d’Avenir, « une véritable mobilisation où chacun d’entre nous doit apporter sa pierre pour endiguer ces vagues d’incohérence ».
Des actions tous azimuts
Aussi Avenir entend « aider les élus à se faire entendre pour obtenir une révision de la circulaire », pour « refuser les cartes en l’état » et « reporter donc la carte des aléas ». Il a été fait un appel aux 245 adhérents de Réagir, aux 60 adhérents de Ré-veille et aux 250 adhérents d’Avenir pour remonter au bureau de l’association des exemples concrets d’impacts sur leurs activités.
L’association entend aussi « tout faire pour que les digues soient réalisées, même si on ne sait pas à qui elles sont » et obtenir de vraies modélisations avec des méthodologies de calcul raisonnables.
« Qui aujourd’hui peut donner la valeur d’une maison en zone à risque ? »
L’autre sujet très différent que le président d’Avenir souhaitait aborder et qui semble concerner moins de professionnels est relatif à la révision des POS et les « sursis à statuer » qui en découlent. « La règle des 80/20 nous y adhérons tous, nous ne sommes pas des « bâtisseurs » comme on a pu nous le reprocher, mais alors que nous sommes déjà très touchés par la révision en cours du PPRL, les sursis à statuer dans les zones blanches constituent la « double peine », d’autant que la seule réponse apportée serait : « L’Etat répondra sous 2 ans ». « On demande une règle, et la même pour tous » a lancé Emmanuel Vignaud, car « les élus doivent être décisionnaires sur ce point tout en respectant la réglementation actuelle ou donner une règle de transition, et non pas réagir au cas par cas ». « Certaines zones blanches sont bloquées à cause des élus » a t-il martelé.
« Jusqu’ici nous vivions dans un havre de paix économique, nous n’avions aucune vision prospective économique, mais peu importait, nous ne regardions pas au-delà du Pont. Aujourd’hui, sur la crise extérieure (contexte national) vient se greffer une crise interne, qui change l’ensemble du référentiel. Là où avant la situation d’une maison, sa vue sur mer ou encore sa surface déterminaient sa valorisation, demain seule l’altimétrie jouera ! »
« L’autre point de détresse concerne le « mille-feuilles administratif », avec sans cesse de nouvelles règles, telles la sismicité, la RT, des règles d’urbanisme contraignantes et maintenant les conséquences du PPRL qui paralysent toutes nos entreprises ».
« Le temps pour nous est compté, il nous faut nous tourner vers une économie novatrice, trouver des solutions, qui ne soient pas interdites par la DDTM. Avenir doit être une force de proposition pour pérenniser la vie économique, faire de l’île de Ré un territoire pilote dans les énergies propres, former les artisans à des réalisations d’habitat innovantes ».
« Avenir est né d’une crise et d’une prise de conscience conjoncturelles mais veut aider à la naissance d’un tissu économique structurel » a conclu Emmanuel Vignaud.
Se centrer sur le champ économique
Parmi les intervenants, outre le Président de la CdC Lionel Quillet qui a rappelé les bases du contexte et des problématiques, certaines suggestions d’actions « coups de poing » ont émergé.
« Construire nous-même une digue serait symboliquement fort », « aller bloquer le Pont », « aller tous avec des casseroles à l’AG des Amis de l’île de Ré du 6 août prochain, pour contrer ces pourfendeurs de vie économique et permanente ». Une ou deux interventions structurées permirent de poser le ton et de promouvoir une action ciblée d’abord sur le champ économique, sans s’éparpiller, ni perdre de l’énergie à combattre un « petit noyau de 50 personnes ». Le représentant de la CAPEB 17 a confirmé qu’il remonterait au niveau de la CAPEB et de la Chambre de Métiers ces discours alarmistes, pour qu’un soutien soit apporté aux professionnels rétais. D’autres suggérèrent effectivement de solliciter les appuis des chambres consulaires, des syndicats professionnels, des fédérations départementales et nationales. De remonter les problématiques économiques au Ministère de l’Economie, sans aller sur le terrain des élus, qui ont pour principal interlocuteur le Ministère de l’Ecologie et du Développement durable.
« Ne nous trompons pas de cible » a alerté Christine Garandeau (Foncia), n’ « opposons pas le canton nord et le canton sud a précisé Christophe Coussin (Hurtaud Immobilier », « soyons concrets et préoccupons nous de la classe moyenne et de ces jeunes entrepreneurs, les plus durement touchés » a recadré Anne Deniel (Architecte et déléguée communautaire).
« L’Economique pèse lourd dans le débat national actuel » a rappelé Lionel Quillet, « et l’économique a été totalement occulté sur l’île de Ré, on a déprécié la parole du territoire, que ce soit celle des élus comme celle des acteurs économiques ».
Jean-Paul Héraudeau (tabac du port de La Flotte et ancien délégué communautaire) a de son côté suggéré que chaque entreprise rétaise adresse une lettre aux autorités nationales, pour que cela ait du poids.
Les professionnels présents se sont montrés déterminés et ont assisté à une réunion de bonne consistance, il reste à cette toute jeune association à affiner le plan d’actions qu’elle entend mettre en œuvre, à court terme mais aussi à plus long terme, et à faire converger des idées, des approches, des énergies diverses mais qui poursuivent un seul et même but : permettre de sauver et de pérenniser la vie économique, sociale et donc tout simplement la vie permanente sur l’île de Ré.
* Le Bureau est composé de :
– Emmanuel Vignaud, Abaca Immobilier : Président
– Denis Hénault, Hénault Immobilier : Vice-président
– Yannick Palvadeau, SARL Olivier : Vice-président
– Yann Guillon, Réseau Pro : Vice-président
– Yves Monnée, Brize & Monnée : Vice-président
– Emmanuel Chauvet, Ré Concept Architecture : Trésorier
– Bastien Contamine, Electricien : Vice-trésorier
– Jean-Louis Lacroix, Expert Perrain : Secrétaire
– Anne Deniel, Architecte : Secrétaire adjointe
** Outre le Bureau étaient présents sur l’estrade :
Michel et Christine Vivies, expert-géomètre, Maurizio Arena, maçon, Jean-François Carçabal, paysagiste, Gérard Gianoli et Noël Forgot, architectes, Catherine et Thierry Duplessis, agence immobilière, Mr Marmé, Menuiserie Marmé, Yohann Lagorre, marchand de biens, Christophe Ouvrard, plombier-électricien, Ludovic Blot, entreprise générale du bâtiment.
Contact mail : emmanuel.vignaud@abaca-immo.com
Tél : 06.62.82.62.26 / 06.83.88.79.97
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