Tourisme : une belle saison 2017 à confirmer en Septembre
C’est une tradition : dès les premiers jours de septembre, les acteurs du tourisme font les comptes : les passages du pont, les nuitées d’hébergement, le nombre de couverts… C’est que bonne ou mauvaise, une saison touristique a inévitablement des répercussions sur notre territoire et le moral de ses habitants.
Sans tirer de conclusions hâtives (l’arrière saison commence à peine), quelques grandes tendances se dessinent.
Cette année, la saison touristique a démarré tôt. Dès avril pour certains, s’épanouissant comme un fruit déjà mûr pendant un long week-end de l’Ascension aux températures estivales, faisant sereinement la planche jusque fin juin, puis tanguant un peu sur juillet et août, au gré des vagues et d’une météo un tantinet capricieuse. Si 2017 ne s’annonce pas comme un cru exceptionnel, on peut néanmoins dire que la saison a tenu ses promesses.
De l’importance des ailes de saison
Cette tendance s’affirme d’année en année : si les traditionnels mois de juillet et août sont loin d’être répudiés par des vacanciers soucieux de passer quelques semaines d’été loin de leur cadre habituel, ils sont néanmoins toujours plus nombreux à s’accorder des pauses moins longues mais plus fréquentes, soucieux de profiter des belles journées du printemps et de l’automne. Des escapades qui dépendent pour partie de la météo, et en cela 2017 nous a déjà gâtés avec un printemps allant jusqu’à la canicule. S’il est bien top tôt pour parler d’été indien, l’arrière saison voit toujours arriver un autre type de vacanciers, ne dépendant pas (ou plus) des rythmes scolaires et choisissant cette période autant pour le calme retrouvé que pour des prix en tendance baissière, sautant alors sur les occasions si le beau temps est de la partie.
Une haute saison tardive…
C’est l’un des points faibles des saisons touristiques dépendant toujours un peu du calendrier scolaire. Tardif, celui de 2017 a conduit la haute saison à démarrer juste avant le 14 juillet, soit globalement avec une semaine de retard. Un décalage qui s’est forcément fait sentir auprès de professionnels du tourisme.
Quant au mois d’août il reste ce qu’il est : dense en population estivale et tenant ses promesses de pic de saison, malgré une météo instable, pas toujours propice au farniente sur la plage. Voilà qui aurait du remplir le centre nautique AquaRé. Mais à contrario, son directeur Franck Legendre note une baisse (peu importante mais…) de fréquentation par rapport à 2016, là où les chiffres du mois de juillet avaient augmenté.
Soumise aux caprices de la météo
Si l’Ile de Ré était loin d’être « vide », il semble néanmoins que les aléas météorologiques aient bénéficié au tourisme de l’intérieur plus qu’au littoral. C’est en tous cas l’une des tendances que relève Charente Maritime Tourisme dans son bilan de saison : les caprices du temps se sont révélés favorables aux séjours dans les campagnes de Charente et aux visites de sites, les vacanciers délaissant quelque peu les bords de mer, et montrant ainsi un intérêt on le sait à la hausse pour le « tourisme vert ». Pour autant les amoureux de l’Ile de Ré étaient bien là et parmi eux nombre d’anglo-saxons qu’une météo un peu grise ne sauraient faire reculer.
Et aux restrictions budgétaires
Autre constatation faite par l’analyse de Charente Maritime Tourisme, le niveau de dépenses des vacanciers 2017 était globalement inférieur à celui de 2016. Est-ce vraiment une surprise ? Non. Chacun connaît le contexte économique difficile avec lequel doivent faire nombre de vacanciers français. Autre phénomène logique : le recul de la clientèle anglaise, le Brexit étant passé par là. Une clientèle importante pour l’Ile de Ré, heureusement compensée par l’arrivée d’Irlandais aisés, en forte progression pour Didier Peletengeas, Directeur de « Bon Séjour en France », agence spécialisée dans la location saisonnière de belles maisons sur l’Ile de Ré, qui confirme avoir fait une très bonne saison et attendre pour septembre quelques 500 personnes dont 90% de britanniques cette fois, ceux-ci étant en décalage côté scolaire. Les Anglais ne sont pas donc pas vraiment partis et heureusement, M. Peletengeas précisant que cette clientèle réserve très tôt au contraire des Français, plutôt adeptes de la dernière minute.
Des terrasses pleines sous le soleil
Difficiles de prendre la température de la saison du côté des restaurants et commerces tant les objectifs et les ressentis varient, la tendance étant toujours à sous-estimer la saison présente au profit de celles passées. Constatons néanmoins que les belles journées ensoleillées ont rempli les terrasses et qu’en cela celles du printemps ont au moins compté double. Sur le port de Saint-Martin ou à l’abri de la rue du Marché, les crêperies ont fait « leur beurre » pourrait-on dire. Bonne saison donc pour la famille Borodine à « La Sarrasine » tout comme pour Mme Gaudochont au « Pot d’Etain », expliquant que galettes et crêpes plaisent à certains étrangers peu attirés par les fruits de mer et qu’elle bénéficie de plus d’une clientèle d’habitués, des résidents secondaires qui viennent de générations en générations. « Mais c’est vrai que les habitudes de consommation changent » précise-telle en évoquant les discussions avec les commerçants qui l’entourent (des boutiques de vêtements pour la plupart), et « si les gens n’hésitent pas à dépenser pour leurs enfants, ils sont bien plus modérés pour eux-mêmes ». « Et puis c’est à nous professionnels de savoir nous adapter », conclut-t-elle. Une phrase pleine de vérité mais un peu anxiogène, les périodes de mutation étant toujours difficiles à appréhender.
Souvent dépendante de réservations de dernière minute, elles-mêmes liées à la météo ou encore à l’agenda de certains évènements, il est difficile d’évaluer aujourd’hui la part que prendra l’arrière-saison dans le gâteau de la saison 2017. Celle-ci laissera néanmoins un bon souvenir, affirmant certaines tendances, comme les réalités peu amènes des conditions économiques générales, mais aussi celles, prometteuses, de saisons s’étirant à leur aise. On ne peut donc que saluer la vision de Destination Ile de Ré, qui a intégré dans sa stratégie le développement de ces fameuses « ailes de saison » profitables à l’ensemble de l’économie rhétaise.
Pauline Leriche Rouard
Du côté des hébergeurs
Acteurs incontournables du tourisme sur l’Ile, nous avons interrogé deux hébergeurs très différents.
Aurélien RAVET, Directeur Général du camping Sunêlia – Interlude au Bois Plage – 343 emplacements et 200 locatifs
La saison a-t-elle tenu ses promesses ?
Oui ! Nous avons connu une très forte activité sur l’avant-saison jusqu’en juin grâce à une météo très favorable. A fin juin nous étions à +20 % de nuitées. Les deux mois d’été sont identiques à 2016 et à fin août nous avons une progression de + 10%. C’est une très belle trajectoire. Nous connaissons une forte demande sur le locatif avec une montée en gamme et de plus en plus de demande de services. La seule difficulté étant de gérer la cohabitation entre les clients des toiles de tente et ceux des mobil homes qui n’ont pas les mêmes exigences… la mixité n’est pas évidente. Cette montée en qualité est à l’origine de notre forte croissance et du doublement de notre chiffre d’affaire en douze ans.
Parmi la fréquentation du camping, quelle est la part de clients étrangers ?
32 % d’étrangers viennent sur l’ensemble de la saison, dont 90 % de Britanniques, 2,5% d’Allemands, 2,5% de Hollandais et le reste se compose de Suisses et Belges. Nous avons enregistré une baisse de 10 % de la clientèle anglaise due à la baisse de la livre sterling mais compensée par la venue d’Irlandais et d’Ecossais.
Nicolas FRABOULET, gérant du Clos des Vieux Moulins – La Flotte – Location de 16 villas du T2 au T4
La saison a-t-elle tenu ses promesses ?
Globalement un peu moins de monde qu’en 2016. Jusqu’en juin, l’avant-saison est meilleure que celle de 2016, en revanche on enregistre une baisse de fréquentation sur début juillet et fin août. Le milieu d’été (mi-juillet à mi-août) étant égal à l’année dernière.
Septembre s’annonce plutôt bien, mais ne permettra pas de rattraper la baisse de chiffre d’affaires correspondant aux deux mois de tarif haute saison.
Comment analysez-vous cette baisse ?
Il n’y a pas de demande. Il ne s’agit pas de gérer des réservations tardives ou de dernière minute, nous n’avons pas de demande pour ces périodes. C’est la première fois en quatre ans que nous ne sommes pas complets fin août !
Parmi votre clientèle étrangère, quelles sont les nationalités qui fréquentent le plus « le Clos des Vieux Moulins » ?
Incontestablement, les Anglais en numéro 1 puis les Irlandais et les Belges.
Florence Sabourin
Les tendances de la saison par Destination Ile de Ré
Guillaume Barny, directeur opérationnel de Destination Ile de Ré nous a communiqué son premier bilan, incluant le WE des 2 & 3 septembre.
Après une très bonne avant-saison, juillet et août 2017 enregistrent une tendance générale à la baisse, comparativement aux mêmes mois de 2016, qui avaient été exceptionnels. Septembre s’annonce déjà positif en termes de réservation auprès des hébergeurs.
Ainsi, sur avril, mai et juin, la fréquentation des bureaux d’accueil de tourisme des dix communes était à + 15%, et le taux d’occupation des hébergements en avril de + 10 % versus avril 2016, selon l’INSEE. L’avant-saison a été très porteuse pour 83% des partenaires de Destination Île de Ré, qui dressent un bilan positif de leur activité pendant l’avant-saison (avril, mai, juin 2017).
Juillet et août ont mis du temps à démarrer et ont connu une fréquentation moindre qu’en 2016 : les bureaux d’accueil touristique ont accueilli 216 000 visiteurs, contre 250 000 visiteurs en 2016 (- 14 %). Le volume d’affaires d’iledere.com est aussi en baisse avec des réservations du site internet de Destination Ile de Ré en régression de – 10 % sur juillet. Toutefois, parmi les partenaires de Destination Ile de Ré, 4 sur 5 se disent satisfaits de leur haute saison. Parmi 116 hébergeurs interrogés, 73 % sont satisfaits (dont 25 % très satisfaits) de leur activité, seulement 6 % très insatisfaits.
Autre constat largement partagé, la fréquentation étrangère a été en hausse notoire, illustrant l’effet Euro 2016 (4000 articles de journaux du monde entier avaient été consacrés à l’île de Ré en juin 2016). Ce qui est un grand motif de satisfaction pour les équipes de Destination Ile de Ré, qui travaillent à l’attractivité du territoire hors saison, et à s’affranchir d’une dépendance trop forte à la clientèle française. Les touristes étrangers commencent leurs vacances dès la dernière semaine de juin. En plus des Anglais, l’origine de la clientèle étrangère plus nombreuse : Belges, Allemands et Espagnols.
Autre motif de satisfaction, pour sa 1ère année de lancement Randojeu s’est vendu à 1000 exemplaires, illustrant la volonté de l’Office de Tourisme d’apporter du contenu à la destination et à ce qu’elle soit moins météo-dépendante. A noter aussi dans la même lignée une progression de + 25 % de fréquentation au Musée Ernest Cognacq, + 8 % au Musée du Platin, + 58 % à l’Ancre Maritaise et + 6 % à l’Ecomusée du marais salant.
« En septembre, 7 millions de Français ont déclaré partir en vacances cette année, niveau très supérieur à celui de l’an dernier, et 58 % de nos partenaires sont satisfaits des réservations déjà enregistrées, taux qui monte à 70 % pour les hôtels et campings. Pour la première fois, septembre pourrait être meilleur en terme d’activité que juillet cette année, si la météo est de la partie » conclue Guillaume Barny.
Propos recueillis par Nathalie Vauchez
Loix : une saison touristique intense et réussie
Nous sommes allés du côté de Loix, commune qui privilégie une approche qualitative de la vie touristique, et où règne une ambiance « village ».
Durant tout l’été, le centre bourg a été piétonnier de 9h30 à 18h00, ce qui n’a fait que préserver l’esprit Citta-Slow du village. Chez l’ensemble des commerçants loidais, on a enregistré une fréquentation en hausse. La brasserie « La Presqu’île » a organisé régulièrement des soirées à thèmes dans une ambiance des plus conviviales.
Tous les matins, la place du marché fourmillait de monde et les boutiques ouvertes à l’année ont fait le plein. Parmi cette affluence, leurs propriétaires, d’une manière générale, ont remarqué une forte présence de touristes étrangers.
Du côté du village artisanal, la constatation est identique. Une clientèle abondante notamment à « Planète Sports et Loisirs », « La Miellerie de Ré », « La Savonnerie », pour ne citer qu’eux. Le complexe sportif a accueilli beaucoup plus de monde que l’année dernière et le tournoi d’été a remporté un vif succès.
Le camping, quant à lui, a reçu près de dix mille vacanciers pour le plus grand bonheur de Sam et Damien, les nouveaux patrons du bar-restaurant des « Ilates ». Ces derniers ont proposé des soirées originales à la fin de chaque semaine.
Les manifestations traditionnelles, notamment la fête du port, le piquenique du Grouin ou encore le repas du village sur le thème du Mexique, organisé par le « Cochonnet loidais », ont également remporté un succès comparable à celui des années précédentes.
Nous devons souligner, pour compléter un bilan tout à fait positif, que l’on a recensé sur l’ensemble de la commune, la présence de plus d’une cinquantaine d’emplois saisonniers.
Jacques Buisson
Fréquentation du Pont en 2017 versus 2016
Les chiffres de fréquentation du Pont ne constituent qu’un indicateur parmi d’autres, ils intègrent aussi bien des visites à la journée, des séjours longue durée, sans oublier les déplacements des Rétais et Rochelais qui travaillent en été. De plus, cette fréquentation du Pont ne présume pas du montant des dépenses sur Ré.
Ces chiffres illustrent toutefois bien les tendances générales que l’on retrouve en interrogeant les professionnels du tourisme : Avril (vacances de Pâques) a été un excellent mois, grâce à une météo exceptionnelle, juin a été dynamique également, avec une météo plus favorable qu’en 2016.
Juillet a été amputé d’une bonne semaine de vacances, avec une sortie des classes tardives (7 juillet) et la météo n’a guère été estivale, août a aussi souffert d’une météo fraîche. Au final, ce sera l’arrière-saison (septembre et octobre) qui fera la différence en positif ou en négatif, pour juger de la saison dans sa globalité. Les chiffres du Pont montrent d’ailleurs que septembre est le 3ème mois le plus important, avec un nombre de passages impressionnant.
Une fois de plus, au-delà des évolutions de comportement des touristes qu’il convient d’anticiper en permanence, de la nécessité pour les professionnels de toujours évoluer vers plus de qualité et de services, d’une politique de prix qu’il conviendrait de réajuster dans certains secteurs d’activités, le facteur N° 1 reste la météo. L’île de Ré est terriblement « météo-dépendante », ce qui semble assez logique. Tout le travail de Destination Ile de Ré, l’office de Tourisme communautaire, est justement de travailler l’attractivité du territoire quelle que soit la météo.
Nathalie Vauchez
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