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- Portrait : Fabien Ruiz
The « Claquettist » à La Maline !
Fabien Ruiz, l’un des plus grands claquettistes au monde (il a notamment coaché Jean Dujardin et Bérénice Béjo pour le film The Artist) a fait escale vendredi soir, sur la scène de spectacle de La Couarde, pour la soirée d’ouverture du festival Jazz au Phare.
Cette première soirée de lancement annonce un festival haut de gamme, car Fabien Ruiz est décidément une pointure ! Tout rythme est prétexte à chauffer les planches de son énergie inépuisable. Il glisse, virevolte, improvise, invente sans cesse tout en rendant hommage aux anciens. C’est d’ailleurs cette incroyable faculté d’improvisation qui lui vaut sa renommée internationale. Lui qui a partagé la scène avec les plus grands (Yehudi Menuhin, Lisa Minelli, Didier Lockwood, pour ne citer qu’eux…) a proposé vendredi un spectacle intimiste et généreux, ponctué d’humour. Ce virtuose de son art n’hésite pas à partager sa passion, et alterne le récit des origines et de l’évolution des claquettes par d’époustouflantes démonstrations.
Le public a ainsi pu accéder, dans une ambiance conviviale et chaleureuse à une sorte de cours magistral, enlevé et drôle. Du Step au Shuffle (redouté des débutants) jusqu’au Double Pull Back, il enchaîne les combinaisons de frappe avec une aisance que l’on jalouse. L’artiste nous enseigne l’alphabet de cette langue artistique dont les prémices sont nées de tous les moyens que trouvèrent les esclaves pour communiquer entre eux.
D’échanges, il fût question, puisqu’après la projection du film aux 5 Oscars, qui l’a vu propulsé, et quelques anecdotes à son propos, Fabien Ruiz a continué la conversation avec les veilleurs conquis par son talent.
La musique au bout des pieds
Les claquettes sont entrées dans la vie de Fabien Ruiz comme une fulgurance. Il en aurait fait plus tôt s’il avait su que cela existait, dit celui qui, dès l’âge de vingt ans, se mit à les pratiquer plus de deux heures par jour. Si la plupart évolue sur des chorégraphies écrites et se revendiquent avant tout danseurs, Fabien Ruiz, lui, se considère comme un musicien et se sert de ses pieds comme d’un instrument de percussion. Sur le jazz, sa musique de prédilection, ses deux semelles ferrées donnent le tempo et remplacent la batterie. En musicien accompli, il explore tous les rythmes, joue de toutes les tonalités, même, semelles nues, le sucre chante sous pieds ! Danse ou musique ? Les deux ! On regarde et on écoute attentivement, respectueusement…
Remarquablement accompagné par l’excellent pianiste de jazz, Michel Van Der Esch, les notes claquent, et rebondissent en une danse spontanée, chorégraphiée par l’oreille.
Celui qui peut perdre 1,5 kg en un spectacle, est aussi depuis plus de trente ans, l’un des très rares collectionneurs de films anciens sur pellicule. Incollable sur les films muets, il n’en est pas moins un ingénieur du son dans l’âme. De retour d’Australie où il a tourné une publicité pétillante pour un vin qui l’est aussi, « Monsieur Ruiz » dont c’était la première venue à l’île de Ré, s’est envolé dimanche pour d’autres improvisations.
Voir le programme de Jazz au Phare 2015
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