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Que le spectacle commence ! Avec Chica Bigarnet…
Danse, chant, théâtre, cinéma, chevaux… Ne cherchez pas l’intrus, il n’y en a pas dans la vie de Chica, qui voit en toute chose, une possibilité artistique.
Niché au coeur des marais salants à Loix, Le Haras du Passage retrouve la quiétude des fins de saison, et les chevaux se prélassent nonchalants dans le pré. Chica s’extasie de cet inattendu rayon de soleil, tandis que son mari Manu, remet en état la piste de bois, qui a un peu souffert lors des spectacles de l’été. Elle raconte qu’elle aime cet endroit, où ses parents ont acquis une maison en 68, sur l’impulsion de sa mère, désireuse de proposer à ses enfants une alternative à la grisaille parisienne. Toute petite, manifestant des dispositions certaines pour la danse, ses parents, pourtant étrangers au monde artistique, l’encouragent et l’inscrivent à l’École des Enfants du Spectacle (*). Durant 12 années, Chica enfile tous les matins son justaucorps, et se plie à la discipline de cet art exigeant. Pour vaincre sa timidité, sa mère l’exhorte à suivre des cours de théâtre au conservatoire de Saint-Maur des Fossés. Elle a 16 ans, c’est la révélation immédiate : une nouvelle aventure débute ! Les chaussons font place aux costumes, mais restent tout près.
Cette année-là, Diane Kurys la remarque et la voici projetée dans son film, Diabolo Menthe. Dans la foulée, Yves Boisset la fait tourner dans La clé sur la porte. Quatre ans plus tard, à sa sortie du Conservatoire, elle est engagée par la compagnie de Dominique Ferrier « Le préau des fous ». Une fois encore, elle fait merveilles. Elle joue notamment dans Zazie dans le métro et naturellement, dans les grands classiques tels que Don Juan. Comme elle mord la vie à pleine dents, elle ne se contente pas de jouer, mais chante aussi et continue à danser. L’occasion se présente alors, d’ajouter une corde à son arc : La Capoeira. Chica fera partie durant huit ans d’une troupe brésilienne, qui pratique cet art du combat, qui mêle élégance, souplesse et danse. De cette époque, elle garde le surnom (qu’il est d’usage d’attribuer aux danseurs), Chica, qui ne l’a plus jamais quittée.
Autre aventure et nouveau succès pour Chica : elle crée une chorale de rue « Lila Fichette » qui cartonne au milieu des années quatrevingt. Cousins, copains, ils sont très vite une quarantaine à sillonner les rues de Paris, avec des compositions originales. C’est alors qu’une chanteuse de la troupe est engagée par Bartabas pour son spectacle équestre au Festival d’Avignon. En assistant à la représentation d’« Opéra Équestre », Chica a un coup de foudre pour l’un des cavaliers, Manu Bigarnet. De cette union enrichissante, naîtront deux enfants, Jules et Pauline, et de nouvelles perspectives artistiques…
L’amour, les voyages, Zingaro et les films…
« J’ai tout lâché pour suivre Manu dans la roulotte », raconte cette passionnée. Tous deux passeront plus de vingt ans, au Fort d’Aubervilliers où est installé le théâtre équestre. Les tournées mondiales s’enchaînent à raison de trois mois par an, New-York, Tokyo, Moscou… Pour s’occuper, Chica filme tout ce qu’elle voit, monte ses réalisations dans la roulotte et les projette à la troupe, pour le plus grand plaisir de Bartabas. Pour Chica, tout commence par le regard, le sien est résolument artistique. La vie évolue en harmonie dans la roulotte qui s’est agrandie, au rythme des chapiteaux démontés et remontés. En 2001, Jules, qui a décidé de devenir acteur, est choisi à l’issue de son premier casting, pour le film d’Isabelle Nanty, « Le Bison ». Il a 8 ans, Chica l’accompagne, le protège, le coache et découvre le cinéma de l’intérieur. C’est le début des making-of (petits films qui retracent les coulisses d’un tournage) et l’occasion pour Chica de professionnaliser sa passion. À cette époque, Jules tourne un film par an, à chaque fois, Chica réalise le film du film. Entre les tournages de cinéma et les spectacles de Manu, le clan se ressource dans le cocon de la roulotte, indispensable repère, dans cette vie de paillettes. La famille est soudée en dépit de toutes ses pérégrinations. Il y a quatre ans, alors que Jules gère désormais sa carrière seul, Manu ressent le besoin de ralentir le rythme après deux décennies d’exploits équestres. C’est le moment de quitter le Théâtre Zingaro pour une nouvelle vie.
Départ pour l’île de Ré et création du Haras du Passage
Le couple troque la roulotte du Fort d’Aubervilliers, pour la maison familiale de Loix, et Manu, qui ne saurait concevoir la vie sans chevaux, se met en quête d’un lieu pour pratiquer sa passion du dressage et initier les jeunes à la voltige. Depuis 2012, l’ancienne enceinte de l’Élevage du Feneau est devenue Le Haras du Passage où est installée son activité autour des superbes comtois et autres mules de Séville. Et que fait Chica ? Ce qu’elle a toujours fait : elle regarde avec amour, et transforme ce qu’elle voit en spectacles ! En prolongement du Haras, les amoureux ont crée la compagnie « Of K’horse ». Chica a participé aux mises en scènes des spectacles équestres de la compagnie : Ouais, en 2013, Tactus en 2014 et Tact et Tempo cette année (en collaboration avec le chef d’orchestre Marc Minkowski). L’été prochain, elle présentera « Enfin seuls ! », Une comédie équestre originale, où le temps défilerait à l’envers. L’histoire d’un homme et d’une femme, d’un couple et d’un cheval, forcément… Finie la vie de troupe certes, mais les enfants restent présents. Loix est devenu leur point d’ancrage. Eux qui ne montaient pas, ont découvert la voltige et Pauline, fait des prouesses. Habilleuse et costumière, il n’est pas impossible qu’un projet artistique réunisse prochainement la famille, confie Chica, qui ne lit dans l’avenir qu’une promesse.
(*) La prestigieuse institution de la rue du Cardinal Lemoine a été fondée par Raymond Rognoni en 1924 pour permettre aux enfants qui pratiquent une activité artistique intensive de bénéficier d’horaires aménagés.
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