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Souriez, vous êtes flashés !
Leur arrivée a fait l’objet d’une sacrée levée de bouclier et d’une belle polémique. Mais seize mois après leur mise en service, quel est le premier bilan des radars sur l’île ?
Depuis le 1er juin 2023, ils sont là, et bien là. Seize mois après leur mise en service, laquelle a provoqué on s’en souvient le tollé d’une grande majorité de Rétais, où en est-on de l’exploitation des quatre radars fixes de l’île ? Impossible d’y échapper, en tout cas au moins visuellement, tant ces Mesta Fusion 2 de quatre mètres de haut, aussi imposants que métalliques, dénaturent un paysage qui n’avait rien demandé. Rappelons à toutes fins utiles leur situation géographique : trois de ces tourelles sont positionnées sur la RD 735 (La Flotte, La Couarde, Ars-en-Ré) et une sur la RD 201 (Sainte-Marie). Auquel il faut ajouter le radar-tronçon du pont, même si celui-ci existe depuis plus longtemps, installé à l’entrée et la sortie de l’édifice, et qui prend en compte la vitesse moyenne sur les trois kilomètres de la traversée. Voilà pour le GPS. Le maillage est serré, et pour le conducteur distrait voire carrément imprudent, il n’est pas facile de passer entre ses filets. Précision d’importance : depuis le début, ces radars fonctionnent alternativement et jamais tous en même temps, l’objectif étant évidemment de faire respecter la vitesse maximale autorisée – 70 km/h – sur l’ensemble des 30 kilomètres du parcours, l’usager n’ayant pas connaissance de l’endroit précis où il pourra être contrôlé.
Les radars font le boulot
Avec seize mois de recul, qui peuvent déjà prendre les contours d’un premier bilan, il faut bien admettre l’évidence : les radars font le boulot. En terme d’avis de contravention émis, déjà. Selon les chiffres officiels de la préfecture de Charente-Maritime arrêtés au 15 septembre 2024, ces fameux « flashs », les seules photos sur lesquelles on n’a pas forcément envie de sourire, se sont déclenchés à bon escient 7.770 fois sur la période, soit 16,4 flashs par jour, ce qui fait une moyenne tout à fait respectable qu’aucun gendarme humain ne saurait atteindre. Comme toutes les moyennes, il faut évidemment la relativiser et la contextualiser : les ETT, pour Equipement Terrain Tourelle, flashent bien plus l’été, lorsque la saison bat son plein, que l’hiver. Ils sont plus efficaces au petit matin et en début de soirée, lorsque les routes sont dégagées, qu’à 10h30 ou 17 heures en plein mois d’août, alors que c’est l’heure des courses ou des retours de plage sur des routes départementales saturées. Même chose pour l’ETVM, pour Equipement Terrain Vitesse Moyenne, qui affiche 2.074 avis de contravention émis sur la même période pour ce qui concerne uniquement le pont.
Dans le détail, les chiffres de la Préfecture sont encore plus révélateurs. Sans grande surprise, le radar le plus « performant » est celui de La Flotte, situé sur la RD 735, au croisement du chemin des Essarts et de la rue de la Grainetière. Avec 3.376 flashs entre le 1er juin 2023 et le 15 septembre 2024, il enregistre à lui seul près de la moitié des infractions. Logique pour un ETT placé sur l’axe routier principal, celui qui enregistre un flux de véhicules trois fois supérieur à son alternative de la route sud, la RD 201. Magalie, 32 ans et Maritaise depuis 5 ans, est pourtant, elle serait prête à le jurer « croix de bois – croix de fer », une conductrice prudente au volant de sa petite citadine. Ce qui ne l’a pas empêché de compter parmi les victimes du plus impitoyable des gendarmes fixes de l’île : « Je me suis faite flasher en mai dernier à La Flotte. Bon, 82 km/h ça va encore. Avec la minoration de 5 km/h, ils ont retenu 77 km/h. Mais quand on reçoit l’addition à la maison, trois semaines plus tard, ça fait mal quand même. » Ce que confirme André, retraité à La Couarde : « J’y ai eu droit cet été. Même si je n’ai eu aucun point de retiré sur mon permis, une contravention de classe 3 ramenée à 45 € si l’on paye dans les quinze jours, c’est une amende qui n’est pas prévue dans notre budget, on ne m’y reprendra plus. »
Plus au nord, le radar du rond-point de La Passe, toujours sur la RD 735, quelques dizaines de mètres avant (ou après, selon le sens de circulation emprunté) le chemin des Prises, enregistre 2.769 excès de vitesse signalés sur la période. Quant au radar de Sainte-Marie, sur la RD 201, au niveau de la Beurlière, il ferme la marche avec ses 1.625 avis de contraventions envoyés au domicile des contrevenants. Reste la quatrième tourelle, la plus mystérieuse : celle du Martray, à hauteur de la Maison Neuve. Victime « de dysfonctionnements et de réajustements réguliers », selon les termes des services affiliés de la préfecture, il est à ce jour impossible de dégager pour ce radar des résultats fiables. De là à en déduire qu’il est rarement en service, voire systématiquement désactivé depuis le début de son installation, il y a un pas que l’on se gardera bien de franchir ici…
Une baisse spectaculaire des accidents
Voilà pour le « rendement » de ces tourelles d’acier. Plus parlant encore, les chiffres liés à l’accidentologie. Là encore, la baisse des accidents graves avec dommages corporels est assez spectaculaire. Entre le 1er janvier 2018 et le 31 mai 2023, l’île de Ré déplorait dix-sept accidents corporels graves, dont cinq tués, sur la zone d’influence de ces radars, soit une distance de quatre kilomètres (deux kilomètres avant le radar, deux kilomètres après). Depuis le 1er juin 2023, les chiffres sont éloquents : seulement deux accidents corporels graves ont été enregistrés, un dans le rayon de Sainte-Marie, l’autre dans celui de La Couarde, et aucun mort à déplorer.
L’effet préventif aurait-il fonctionné à plein ? On serait tenté de le croire. « Depuis que les radars sont là, je fais beaucoup plus attention, c’est vrai, reconnaît Marc, commerçant à Ars-en-Ré. Et pas uniquement sur les portions de routes concernées, mais sur toute la durée de mon trajet. C’est devenu une habitude. » « J’ai une réelle tendance à appuyer sur le champignon, avoue Stéphane, qui tient une boutique de souvenirs à Saint-Martin, mais là, c’est terminé. Je me suis fait avoir deux fois dans l’année, c’est deux fois de trop ! » Des résultats probants, en tout cas autour des zones surveillées, qui plaident a priori en faveur de l’arrivée sur l’île de ces mouchards d’acier.
Qu’en est-il du cinquième et dernier radar, celui qui devait voir le jour entre Ars-en-Ré et Saint-Clément au début de l’année 2024 ? « Sa création est encore à l’étude », précise-t-on de manière assez sibylline du côté de la préfecture, sans toutefois donner de date précise sur son arrivée. Ce qui, en langage diplomatique préfectoral, signifie que le financement de ce radar ne sera pas inscrit à l’ordre du jour avant quelques années.
Reste cette rumeur, persistante : ces radars « intelligents », véritables petits bijoux de technologie, seraient capables de relever l’usage du téléphone au volant, l’absence de port de la ceinture de sécurité ou même le non-respect des distances de sécurité. Elle est infondée, comme la plupart des rumeurs. Enfin, pour l’instant…
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