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- 7e édition - Festival Jazz au Phare
Une soirée d’ouverture en beauté
Avec sept spots de concerts répartis sur les scènes et dans les cafés, le festival offrait cette année 64 concerts dont 54 gratuits. Les fêlés de jazz de tous bords ont eu quartiers libres quatre jours durant sur le site du Phare.
Une joyeuse mise en bouche était dispensée par « La Planche à Laver », une formation ambulante à la Bourbon Street qui ne manquait pas de punch (washboard, clarinette, banjo, voix).
A 19h, le premier concert se jouait au bien nommé Théâtre de Verdure. Sous un soleil radieux, on a pu savourer le talentueux pianiste Fred Nardin, à l’origine de la formation « The amazing Keystone Big Band », en trio avec Samuel Hubert à la contrebasse et Romain Sarron à la batterie. Tous trois ont déjà le magnifique album « Watts » à leur actif.
La dextérité de Fred Nardin, le feeling pêchu de Romain Sarron, la basse chaude et enivrante de Samuel Hubert, au travers des compositions personnelles de Fred Nardin comme « Hope » et des reprises de Théolonius Monk, qu’il affectionne particulièrement, ont fait swinguer le Théâtre de verdure et mis un dièse supplémentaire à la clef du festival. C’était donc le cul dans l’herbe, la tête dans la verdure et l’âme dans les hautes sphères du jazz que le festival a débuté.
Patricia Bonner
Côté Grande Scène, Patricia Bonner, désormais porte-bonheur du festival, nous a dévoilé en avant première, son prochain coffret de 5 disques « A Song For You ». Partition à huit avec le tromboniste et chanteur Patrick Bacqueville et les « Orléans Feetwarmers ». Une ballade nocturne dans les rues de La Nouvelle Orléans au cours de laquelle elle rencontre successivement l’amour (Just You, Just Me) puis le perd (I’m Sorry Dear !), elle nous a fait partager ses états d’âme jusqu’au fin fond de la solitude, pour mieux renaître, avec et par le swing à la joie de vivre, d’où elle puise sa voix chaude et gouailleuse.
Stanley Clarke : La légende vivante
Après que Jean-Michel Proust et Jean Chavignier, les directeurs artistiques du festival aient congratulé Patricia Bonner, il ne restait que peu de patience à l’auditoire pour accueillir celui pour qui tout le monde était venu.
Une contrebasse fût installée sur la scène, quatre claviers (synthé, piano acoustique, quart de queue et piano électrique) disposés en triangle et une batterie enrichie d’une inimaginable flopée de cymbales composaient le décor. La légende vivante de la basse tant acoustique qu’électrique pouvait enfin entrer en scène.
La toute première note a soulevé une ovation générale et ce premier morceau à la basse électrique a chauffé la pelouse sans conteste. Le virtuose de la basse nous a alors fait une démonstration plus que magistrale, durant une heure et demie, à pincer, gratter, taper, slaper et caresser sa contrebasse dans un jeu d’une dextérité féroce absolue. En quarante ans de carrière, Stanley Clarke a atteint le summum de l’art, il est celui qui a libéré la basse pour la hisser au rang d’instrument leader.
Quatre fois gagnant des Grammy Awards, l’auteur, compositeur, arrangeur et producteur qui a joué avec les plus grands musiciens du XXème siècle (George Duke, The Rolling Stones, Stan Getz et j’en omet) a exploré pour le public réthais ébloui, les phrases les plus osées du vaste répertoire stylistique du jazz.
Avec à son actif plus d’une quarantaine d’albums, leader ou en formation avec Chick Corea dans « Return to Forever » Stanley Clarke fut le pionnier du jazz fusion, (jazz-rock). Il est le bassiste acoustique et électrique le plus connu au monde. Son dernier album « D-Strings » en trio avec l’autre « titan » : Jean-Luc Ponty (violon) et Birelie Lagrene à la guitare est sorti en novembre 2015. En tournée cet été dans toute l’Europe, il est accompagné de trois jeunes musiciens d’une vingtaine d’années : Beka Goschiachivilli au piano, Cameron Graves aux claviers et Mike Mitchell à la batterie. Très jeunes, mais non moins virtuoses, ils s’amusent dans leurs phrasés, se cherchent, se répondent, attentifs au jeu de leur leader ils le devanceraient presque, tant leur connivence est aboutie.
Il faut dire que Stanley Clarke n’est pas avare, chaque note est un pur cadeau, il la choisit, il la sent, il la fait vibrer sur sa contrebasse, pour nous offrir le meilleur de son coeur.
Pendant que l’organiste nous livre un phrasé coulant, harmonisant des sonorités cosmiques dignes du III ème millénaire, le pianiste lui emboite le rythme, au piano acoustique avec virtuosité.
L’Apothéose du slap
Une guitare espagnole ? Un piano ? Un troupeau de chevaux en furie ? Un jumbe ? Non, la bonne vieille contrebasse de Clarke, magnifiée par l’imagination et la dextérité. A ce niveau de maîtrise, ce n’est plus de la musique, c’est du feeling, ce n’est plus du jazz, c’est de l’amour. Il a frappé fort, l’assistance était à l’unisson.
Ce fût un concert réellement exceptionnel au pied du Phare ce lundi 15 août, où nous n’étions malheureusement qu’un petit nombre, environ trois à quatre cent personnes à nous être déplacés.
Voir le festival Jazz au Phare 2017 (St Clément des Baleines)
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