- Social
- Société
Slasheur : par choix ou obligation ?

Collectionneuses de petits boulots, professionnelles multitâches, travailleurs pluripotentiels, passionnées aux mille projets ? Vous faites partie de ces 4,5 millions de Français* qui cumulent plusieurs jobs, qui n’ont parfois pas grand-chose à voir et sont appelés les slasheurs. Une vaste tribu qui ne rentre pas dans les catégories traditionnelles du marché du travail.
Emprunté de l’anglais, le néologisme francisé « slasheur » désigne un phénomène professionnel qui existe depuis longtemps. Le terme « slash » ou « / » pointe vers ceux qui cumulent les professions : graphiste la journée et DJ le soir, ou chauffeur de VTC en semaine et prof de yoga le week-end !
Une tendance qui se développe
Depuis quelques années ce concept commence vraiment à se banaliser en France. Ce phénomène peut s’expliquer par au moins trois raisons : le régime de l’auto-entrepreneur qui a simplifié l’exercice légal d’une activité complémentaire. Les plateformes collaboratives qui facilitent la mise en relation avec des clients potentiels. Et la technologie mobile qui permet de travailler partout et tout le temps. Sans oublier la crise et la précarité qui forcent certains actifs à multiplier les petits jobs avec une motivation principalement monétaire.
Le phénomène semble encore plus marquée chez les jeunes puisque 21 % des actifs de moins de 30 ans sont des slasheurs*. Tendance qui semblerait gagner fortement les plus de 50 ans et notamment les femmes ainsi que les retraités obligés de slasher pour maintenir leur pouvoir d’achat à flot. Jusqu’à tirer aussi des revenus de leur passion. Les individus ont, de nos jours, de plus en plus de centres d’intérêt. Cela permet de cumuler des activités dites passions et professionnelles avec une frontière de moins en moins marquée entre vie privée et vie professionnelle. Il est fréquent d’entendre que les actifs de la génération X auront exercé plusieurs métiers durant leur carrière. La génération Y et les suivantes exerceront différentes activités simultanément et non plus successivement.
Pour 70 % des slasheurs, être pluriactif est un choix. Néanmoins, leurs motivations restent principalement financières. 73 % des slasheurs veulent d’abord augmenter leurs revenus et 27 % souhaitent tirer des revenus de leur passion.
Nous avons rencontré deux femmes « slasheuses » vivant sur notre territoire pour connaître leur profil et leurs motivations. Premier point commun : elles sont curieuses et ne veulent pas s’ennuyer au travail. Aussi, elles savent se réinventer à l’envie et sont les mieux loties pour répondre à l’accélération de notre société et à ces enjeux. Ainsi qu’à leur environnement îlien et ses particularités.
*Selon l’étude menée par le salon SME (Salon des Micro-Entreprises).
Slasheuse par obligation pour Muriel, 52 ans
« Salariée à temps plein en tant que responsable de boutique, en CDI, mon salaire ne suffit pas à subvenir à mes besoins et à ceux de mes trois enfants depuis mon divorce. Avec les prix des loyers sur l’île, le cumul des jobs s’est imposé ». Slasheuse sans le savoir « Je suis une personne très active et j’ai du mal à déléguer. J’ai toujours eu ce besoin de me sentir indispensable, d’être polyvalente, sûrement à cause de ma place de deuxième dans la fratrie. Par la force des choses, je ne sais pas vraiment dire non, que ce soit à une proposition ou un service. Ma vie s’est toujours organisée ainsi. Ce cumul de jobs se fait par obligation financière certes, mais assez naturellement, avec curiosité, envie de rencontrer des gens… Et de ne pas subir une situation mais plutôt se bouger. Dog sitter, entrées et sorties de locations saisonnières, catering, femme de ménage… je ne m’ennuie pas. J’ai toujours aimé avoir plusieurs casquettes, c’est inhérent à mon caractère. Donc slasheuse, oui et assumée ! »
Slasheuse par choix concernant Pascale Herbreteau, 53 ans
« Motivée par un goût très personnel de ne pas faire la même chose en permanence, je cumule une activité de salariée en CDI dans une boutique et un job en indépendante dans la communication. Depuis 30 ans, j’ai exercé dans différents secteurs de la com’ : en collectivité, en entreprise, en agence, en association. Il y a quelques années, j’ai eu l’opportunité de faire des extras deux fois par semaine en boutique et cela m’a énormément plu. En avril 2018, je me suis dit : stop ! Je décide de ce que je ne veux plus, je prends les choses en main et je répartis mon activité comme j’en ai envie dans celle où je m’épanouis le plus. A savoir : salariée 24 heures par semaine en boutique de prêt-à-porter féminin en CDI, soit quasiment tous les après-midi. Ce métier-passion m’apporte beaucoup de choses positives comme la relation avec la clientèle, le renouvellement des collections qui attise ma curiosité… je le fais par envie et par choix. Le reste du temps, je le consacre à ce qui a toujours été mon coeur de métier, la communication avec du conseil en stratégie, des relations publiques ou de l’événementiel. Ce cumul d’activités nécessite une bonne organisation. Tous mes proches ne comprennent pas mon choix parce que je travaille six jours sur sept pour la même rémunération qu’avant quand je travaillais en 4/5ème en agence avec mes deux jours d’extras. Je ne suis pas dans l’ennui du parcours tout tracé et c’est ça qui me plaît et qui a guidé mon insatiable autonomie ».
Lire aussi
-
Social
RÊVolutionner l’enfance avec l’association Le Bocal
L’association Le Bocal organise un cycle de réflexion et de mobilisation collective autour de la place de l’enfant dans notre société, intitulé « RÊVolutionner l’enfance ». Ce festival se déroule à partir du 12 avril et jusqu’à début juin. Plusieurs évènements sont organisés sur l’ensemble de l’île, pour nous questionner ensemble sur ce sujet essentiel.
-
Social
Grand succès pour la soirée des 20 ans !
Le 15 mars dernier, l’association Un bateau pour Ré, créée par Tonia de Turckheim, fêtait ses vingt ans. 155 convives ont pu profiter d’un dîner-conférence, avec plusieurs prises de paroles autour de thèmes chers à l’association : l’esprit d’équipe et la ténacité face aux défis de la vie.
-
Social
Créer du lien social… en se faisant plaisir !
C’est la recommandation de Marie-Françoise Bernard aux membres de l’association dont elle est la présidente, Riv ‘Sourires, lors de l’ouverture de l’Assemble Générale du 10 mars dernier à Rivedoux.
Je souhaite réagir à cet article