Séverine Desmereau, une jeune chef d’Entreprise très déterminée
Séverine Desmereau a repris officiellement les rênes d’Intermarché La Flotte en janvier 2011, puis celles du magasin de Saint-Martin en janvier 2014, ceci après un long chemin initiatique. Jeune génération oblige, elle impulse une stratégie nouvelle et des méthodes de management participatives, dans un contexte économique et concurrentiel beaucoup plus tendu que celui qu’a pu connaître ses parents.
Faisant suite à Dany et Maryse Desmereau, autodidactes ayant gravi les échelons dans le Groupe Intermarché et qui – grâce à la solidarité financière de leur famille et cercle d’amis – se sont lancés dans la création du supermarché de Saint- Martin en juin 1986, puis, devant le succès rencontré, ont racheté celui de La Flotte en 1990 (alors exploité sous une autre enseigne), Séverine a su dès l’âge de 17 ans et le bac en poche qu’elle souhaiterait quelques années d’expérience plus tard faire perdurer l’entreprise familiale et venir s’installer sur l’île de Ré où elle a grandi à partir de l’âge de 8 ans… Ceci malgré une certaine réticence de ses parents, conscients de l’investissement personnel et de tous les instants qu’une telle entreprise exige, mais aussi se demandant si sa détermination répondait à de bonnes raisons.
Rien d’étonnant que « la valeur familiale et amicale » soit centrale dans le fonctionnement de Séverine qui continue à échanger avec ses parents quand elle en ressent le besoin sur telle ou telle orientation stratégique, avant de prendre ses décisions importantes. De même le fonctionnement des « Mousquetaires », qui « place l’humain au centre de sa stratégie, donne à chacun sa chance » et lui permet aujourd’hui de bénéficier de la force d’un groupement tout en gardant une certaine indépendance, lui convient parfaitement.
Un parcours de formation et initiatique exemplaire
La détermination de cette jeune fille, puis jeune femme, n’a d’égale que son parcours exemplaire. Adolescente, Séverine avait commencé à travailler durant les saisons dans différents rayons et en caisse, avant de choisir de poursuivre des études afin de se garantir une assurance sur le futur – on ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait – avant de mieux revenir plus tard.
Ainsi ses pérégrinations estudiantines l’emmènent-elles dès 18 ans de Poitiers où elle passe un BTS en commerce international, à Rennes d’où elle ressort diplômée de l’Ecole supérieure de commerce, avant d’émigrer vers les Etats-Unis, où elle se forge une première expérience professionnelle d’un an dans le groupe Coca Cola, sur des biens de grande consommation, avant de suivre un MBA spécialisation « marketing et management ». Puis sa vie professionnelle débute pendant deux ans au sein du groupe British American Tobacco à Paris où les jeunes managers changent de mission, d’équipe et d’objectifs tous les trois à six mois. Un sacré challenge professionnel, qui lui permet d’éprouver ses capacités d’adaptation, comme par exemple quand il s’agit d’encadrer à 25 ans des collaborateurs très confirmés…
Son caractère rebelle reprend toutefois le dessus, et si elle applique les instructions de sa Direction, elle souhaite pouvoir exprimer son désaccord sur telle orientation, ce qui ne semble pas forcément du goût de tous. C’est pourtant justement ce principe fondamental à ses yeux qu’elle applique aujourd’hui avec ses équipes : « Tant que l’on se dit les choses dans le respect, c’est positif, il n’y a rien de pire que les non-dits… »
Du terrain à la direction d’un, puis de deux magasins
Voilà ainsi Séverine forte de ses 28 ans de retour sur l’île de Ré, où elle rejoint l’Intermarché de La Flotte pour travailler sur le terrain avec l’ensemble des équipes. Ce parcours initiatique lui permet de découvrir chacun, dans son métier, de comprendre qui est chaque collaborateur et quel est son travail au quotidien, mais aussi les difficultés rencontrées et les facteurs de motivation ou de démotivation. Au bout d’un an, entre novembre 2009 et avril 2010, elle suit la formation de tout nouvel adhérent Intermarché, faite de théorie en gestion et management et de pratique lors de stages dans d’autres points de vente de la région.
Elle prend ainsi officiellement la tête d’Intermarché La Flotte au 1er janvier 2011, au plan capitalistique et managérial, et impulse une nouvelle dynamique faite de dialogue et de communication avec ses équipes, mais aussi de plus de formation permettant à chacun de se développer. Puis, l’incendie de décembre 2013 à l’Intermarché de Saint-Martin, qui affecte profondément son père, va accélérer sa prise en main de la direction du magasin martinais dès le 1er janvier 2014, dont ses parents restent propriétaires. L’année 2014 sera difficile tant pour Séverine que pour l’équipe, qui doivent mutuellement s’apprivoiser, cette dernière devant s’adapter à de nouvelles méthodes de travail et à une nouvelle personnalité. Très concrète, Séverine sait qu’objectivement c’est l’équipe qui est en relation avec le client au quotidien, et qu’il est opportun de lui accorder une plus grande part d’autonomie, afin qu’elle prenne toute sa part dans le développement de l’entreprise, ceci à tous les niveaux. « Je suis très fière, nous avons réussi à développer un vrai esprit d’équipe, comme c’était déjà le cas à La Flotte. Mes parents étaient beaucoup plus souvent dans l’opérationnel que je ne le suis aujourd’hui, du fait de ma charge de travail liée à la gestion seule de deux entreprises, même si bien entendu je m’appuie sur un Directeur sur chacun des deux magasins ».
En quête permanente de différenciation
Côté stratégie, Séverine sait que dans un contexte qui s’est fortement tendu ces dernières années, du fait de la crise économique et de la forte densification de la grande distribution rétaise alors que la population elle ne s’est pas développée, il lui faut toujours « être en projet », afin de répondre au plus près aux attentes des clients et préserver l’avenir des points de vente. Elle multiplie la mise en place des animations commerciales, met l’accent sur la recherche de « produits différenciants », développe de nouveaux rayons. « Nous vivons et vivrons des années beaucoup plus compliquées que celles qu’ont connues nos parents » assène-t-elle sans pour autant que sa détermination semble en être altérée. « Il faut être extrêmement prudent, cesser de développer du mètre carré pour développer du mètre carré, mais faire preuve d’imagination et d’innovation ». Ainsi la notion de service et d’accueil est-elle primordiale dans la stratégie qu’elle développe, car « si nous ne savons plus sourire, alors il faut changer de métier ». La création du Drive Intermarché à Saint-Martin puis à La Flotte participe de cette démarche. Sa communication est aussi très largement axée sur le développement de partenariats avec les associations sportives ou sociales, les jeunes, les offices de tourisme, qui ne passent pas toujours par du financement mais aussi par des dons de marchandises, du conseil, des échanges, et dans tous les cas doivent relever d’une vraie histoire avec les partenaires.
Consciente que le cadre environnemental de l’île de Ré est tout à fait exceptionnel, Séverine estime qu’il relève de la responsabilité de tous, patrons, acteurs économiques, habitants, touristes de savoir le préserver.
« Je ne regrette rien »
A la tête de deux magasins qui représentent ensemble une surface commerciale de 5250 m2 et emploient 85 personnes hors saison et près du double en saison, cette jeune chef d’entreprise extrêmement combative et déterminée a su rester très accessible et simple là où d’autres auraient sans doute pris la « grosse tête ». Même si elle n’a guère de temps à consacrer à ses loisirs, elle pratique la course à pied en bord de mer, pour « la liberté d’organisation qu’elle procure », la natation un soir par semaine avec deux de ses amies d’enfance à qui elle est restée très fidèle, et aux moments en famille ou entre amis, qui lui sont indispensables pour se ressourcer.
« Même si mes responsabilités supposent beaucoup de sacrifices, depuis des années, je n’ai aucun regret et mes équipes m’apportent une grande satisfaction, tant au regard du défi humain que professionnel. J’aime les voir s’épanouir dans leur travail. Et c’est avec une envie quotidienne que je me lève le matin, celle de pérenniser et développer les deux points de vente, avec parfois les conseils avisés de mon père, en « pré-retraite » mais toujours présent à mes côtés quand j’en ressens le besoin ».
2015 sera l’année de la consolidation de l’organisation de Séverine, sachant qu’en plus de la charge des deux magasins elle consacre un tiers de son temps à la Centrale régionale des Mousquetaires – comme l’exige le fonctionnement du groupement – où elle est responsable pour le centre-ouest, regroupant 280 points de vente, des produits régionaux.
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