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« Un seul brin de paille » à l’origine d’un beau projet de la famille Léau
A Saint-Martin sur un grand terrain de 3 hectares, entre le chemin du Vert Clos et la route départementale, à quelques encablures des remparts, un sacré projet a pris vie, basé sur la permaculture, mené par Régis Léau avec sa fille Loïs et leurs compagnons.
C’est en regardant un reportage télévisuel que Régis, le « papa » des ânes en culotte de l’île de Ré, a eu un déclic, conforté par la lecture de l’ouvrage du Japonais Masanobu Fukuoka, La Révolution d’un seul brin de paille : une introduction à l’agriculture sauvage, puis par ses rencontres avec les associations Graines de Troc et Incroyables comestibles. Son projet de mettre en place une autre forme d’agriculture a mûri et il y a entraîné sa compagne Fanfan, sa fille Loïs et son compagnon Jon, vite rejoints par de nombreux bénévoles.
Cet ambitieux projet de permaculture basé sur un travail avec la nature, résiliante, qui s’autorégule, comporte bien sûr un volet économique, puisqu’il devra à terme permettre à Loïs et Jon d’en vivre, grâce à la vente directe sur l’exploitation de produits tout juste cueillis et même la cueillette libre par les consommateurs de leur panier de fruits & légumes, entre mai et octobre. Ceci dès le printemps prochain.
Ainsi depuis trois mois la joyeuse troupe a relevé les manches, entièrement clôturé le terrain pour dissuader les lapins, puis entrepris sa préparation, avant de procéder aux plantations sur environ 1,5 hectare. Les huit buttes permacoles ont été élaborées avec soin, en suivant les conseils des spécialistes associatifs, venus prêter main forte sur le terrain. Auto fertiles, elles sont élaborées sur une profondeur de 20 cm dans le sol, et comportent plusieurs strates : est d’abord déposé du bois mort (récupéré en l’occurrence des peupliers de La Couarde tombés lors de Xynthia) qui fixe le carbone dans le sol, attire des champignons, des bactéries et conserve une humidité telle qu’un arrosage n’est plus utile, même en été. Puis le bois est recouvert d’herbe, récupérée de la tonte des espaces verts de Saint-Martin, mélangée à un « amendement fertile », en fait le fumier des ânes de Régis ! Ensuite est déposée une strate de terre, puis un paillage couvre le sol, qui sera retiré temporairement au printemps pour réchauffer la terre plus rapidement (entre autres).
Toutes sortes de légumes vont être plantées, et les buttes permacoles seront protégées à terme du vent et des embruns par des haies fruitières et légumières à plusieurs étages, avec des arbres, des arbustes, des végétaux et potagers au ras du sol. Des mares seront aussi créées, afin de favoriser la biodiversité : plantes aquatiques, crapauds, grenouilles, insectes et oiseaux… devraient apprécier. Loïs a aussi déjà dessiné son projet de Mandala expérimental qui verra prochainement le jour, aligné sur les quatre points cardinaux : des jardins en cercles entoureront une île centrale, le tout en forme d’étoile, en référence à l’étoile des fortifications Vauban de Saint-Martin.
De nombreux bénévoles sont venus prêter main forte à la famille Léau – dont David Jallais, des Jardins de David, qui a apporté de précieux conseils – témoignant ainsi de leur aspiration à aller vers un autre mode de vie. Un beau projet agricole et humain.
Qu’est-ce que la permaculture ?
La permaculture renverse les dogmes de l’agronomie traditionnelle pour proposer un nouveau mode de production agricole très économe en énergie (travail manuel et mécanique, carburants…) et respectueux des êtres vivants et de leurs relations réciproques. Elle est basée sur quelques grands principes agricoles, qui semblent pleins de bon sens :
– pas de labour, le travail du sol c’est aussi celui des racines des plantes, des microorganismes qui décomposent la matière organique, des vers qui retournent la terre et participent à sa structuration en permanence. En permaculture, l’absence de labour s’accompagne de deux mesures : la nécessité de conserver une couverture permanente du sol (engrais vert, mulch) et le semis de graines « protégées »,
– pas d’engrais pétrochimiques, car la terre n’est pas un support minéral, inerte. Elle abrite des centaines de millions de micro-organismes qui peuvent travailler de manière optimale et enrichir la terre s’il ne sont pas perturbés par des engrais pourvoyeurs de nombreux effets pervers,
– pas de pesticides, qui posent eux aussi de nombreux problèmes, désormais largement mis en lumière. Dans les systèmes agricoles moins intensifs de polyculture, respectueux, les haies, mares et autres refuges permettent aux auxiliaires (les prédateurs des ravageurs) de jouer leur rôle dans les écosystèmes, un certain équilibre s›établit, et la population de ravageurs est autorégulée,
– peu ou pas de sarclage, car une couverture du sol est toujours bénéfique. Les mauvaises herbes possèdent des racines qui pénètrent le sol, l’aèrent, l’ameublissent et l’enrichissent. Et lorsqu’elles posent des problèmes réels, il convient de les éliminer grâce à d’autres herbes ; comme pour les ravageurs, les équilibres entre les différentes espèces viennent réguler les débordements.
Agriculture sauvage et permaculture
Beaucoup de travail a été fait pour adapter la méthode Masanobu Fukuoka aux conditions de l’agriculture européenne, et la philosophie de cette agriculture, faire avec la nature et pas contre elle, entre en forte résonance avec celle de Bill Mollison et David Holmgren, les deux fondateurs du concept de « permaculture » ou « agriculture permanente », et cela malgré des différences notables dans la mise en pratique. L’agriculture naturelle, implique à l’homme de se positionner en tant que serviteur de la nature, reste basée sur le non-agir (pas de produit fertilisant préparé comme le compost, pas de taille) alors qu’en permaculture ou agriculture permanente, la mise en place d’un zonage amène à intensifier certaines cultures par des transferts de fertilité entre zones (ajout de compost, fumure, arbres fruitiers palissés et taillés), l’homme s’y considère comme un « organisateur » de la nature.
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