- Environnement & Patrimoine
- Collecte des déchets
Le service fera l’objet d’un ajustement pour les professionnels
La politique des déchets a été l’un des points phare du Grenelle de l’Environnement. Les enjeux financiers sont forts, avec un véritable changement d’échelle, impliquant les collectivités locales. Les nouvelles directives ont conduit entre autres, à la mise en place d’une Taxe (la TGAP sur l’incinération et la décharge) sur la base du principe du pollueur-payeur (cela signifie que les frais de prévention, de réduction et de lutte contre la pollution soient supportés par l’individu ou l’activité économique à l’origine de cette pollution).
Cette taxe est passée de 15 à 20 € la tonne en 2014 et augmentera jusqu’à atteindre 40 € en 2020. Le plan départemental d’élimination des déchets, approuvé en 2012, exige de réduire de 20 % les ordures ménagères dans les cinq prochaines années. 390 Kg de déchets annuels produits par Français. Que laissons-nous derrière nous et comment allons-nous le gérer ?
Un nouveau marché, un nouveau prestataire
L’île de Ré, ce sont 11 000 tonnes de déchets par an et une facture de 7 millions pour la Communauté de Communes (CdC). Le centre de transfert créé en 2012 a coûté 5 millions d’euros et représente un budget d’un million d’euros en gestion annuelle. Le lieu explique la complexité du sujet. 80 000 estivants en quête d’iode, d’huîtres et de moules, une manne pour l’économie rétaise, mais une gestion compliquée en termes de déchets.
Comment satisfaire chacun ? Le marché en cours (détenu depuis 2007 par l’entreprise Chevalier), arrivant à échéance en février 2015, la CdC a lancé un appel d’offres tenant compte des contraintes financières imposées au titre national. Contraintes réglementaires également, liées notamment à la sécurité des « ripeurs » (1).
Les passages bilatéraux sont désormais proscrits, la collecte se fait donc d’un côté de la chaussée, puis de l’autre, et allonge ainsi d’une vingtaine de kilomètres le circuit d’une tournée. Aussi, ne soyez pas surpris de voir votre bac ramassé trois heures après celui du voisin d’en face, si toutefois, vous avez eu la perspicacité de ne pas vous tromper de jour !
Pour être au plus près des besoins des Rétais tout en collant avec le nouveau cadre, très strict, des directives européennes, la CdC a, en amont de l’appel d’offres, mandaté un cabinet d’études. Celui-ci a mené son expertise sur la base d’un cahier des charges dont les maîtres mots sont optimisation et maîtrise des coûts.
À l’issue des préconisations du Cabinet Indigo, en octobre 2014, la Coved, pôle propreté du groupe Saur, s’est vue attribuer, pour une durée de sept ans, le marché de gestion globale des déchets ménagers de l’île. L’offre était économiquement la plus avantageuse (300 000 € d’écart avec l’entreprise Chevalier) avec une valeur technique accrue (rentabilité, caractère innovant, service après-vente et assistance technique). Bien qu’aucun recours n’ait été formulé sur le bien-fondé de ce nouveau prestataire, certains défenseurs de l’île et de ses attraits s’inquiètent discrètement de voir cette firme internationale (leader historique de la gestion déléguée des services à l’environnement en France), prendre une telle participation dans nos enjeux économiques. La SAUR France distribuant l’eau potable pour neuf des dix communes de l’île, (Rivedoux étant attachée aux services de la RESE), gère désormais les déchets, et possède par ailleurs, deux anciens campings communaux à la Flotte et à Loix.
Les prestations de la Coved ont pris effet le 15 février. Et les Rétais de découvrir, dans la foulée, le nouveau dispositif, soit la suppression de la quasi-moitié des ramassages. Les « particuliers » ont dorénavant de beaux encadrés collés sur le frigo et pris soin d’activer une alarme téléphonique, mais continuent de rater « Le » jour le plus important de la semaine. Les propriétaires louant en saisonnier craignent de proposer des résidences souillées par les déchets des vacanciers précédents, quant aux professionnels, les restaurateurs, les gérants d’hôtellerie de plein air, ils se sont immédiatement réunis en collectif. Quatre collectes, en saison au lieu de sept au même coût ! « Imaginez que vous dîniez au restaurant et que l’on vous serve un plat au lieu de deux pour le même prix ! » s’indigne Jean- Paul Heraudeau.
Le temps de la concertation
Représentée par Christian Delval de « la Fiancée du Pirate » et Sébastien Trichet des Q Salés, la voix du collectif a été entendue vendredi 20 mars par Francis Gousseau (Directeur des Services techniques de la CdC). La colère est grande, et la possibilité de contracter avec un autre prestataire fut un temps évoquée ! Tous déplorent de ne pas avoir été consultés à propos du nouveau calendrier (la CdC dit pourtant que les représentants des professionnels étaient présents ou conviés), comme ce fut pourtant le cas lors de la mise en place de la pesée embarquée en 2003. Ces nouveaux agencements sont, certes, légitimés par le rapport du Cabinet Indigo, approuvé par tous les membres du Conseil Communautaire. Mais les « gros » producteurs de déchets s’interrogent. Les données quantitatives n’ont-elles pas été privilégiées par rapport aux aspects qualitatifs, que la spécificité de notre site impose ? Les nuisances olfactives, par exemple, ont-elles été prises en compte ?
De son côté, Patrick Rayton, vice-président en charge des déchets à la CdC, assure vouloir se poser en médiateur sur ce sujet délicat. Dans un souci de concertation, chacun sera entendu. Il concède qu’il convient de réajuster la prestation pour les professionnels, et n’exclut pas de repasser à sept collectes par semaine en saison. La proposition d’un nouveau calendrier de ramassage passera d’ailleurs en commission le 8 avril. S’agissant des 200 000 € d’impayés enregistrés en 2014 résultant de dysfonctionnements techniques, là encore Patrick Rayton et Francis Gousseau annoncent qu’ils trouveront des solutions adaptées à chaque cas.
Par ailleurs, des collectes supplémentaires sont prévues pour les ordures ménagères lors des vacances et longs week-end*. Toutefois Patrick Rayton insiste sur le fait qu’une prise de conscience personnelle s’avère incontournable dans chaque foyer. « Il faut inciter les Rétais à plus de participation et de responsabilité dans la gestion de leurs ordures ménagères ».
(1) Ripeurs : éboueurs.
* Un flyer indiquant les collectes supplémentaires pour les ordures ménagères lors des vacances et longs week-end de Printemps est en cours de distribution dans toutes les communes de l’île de Ré.
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