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Sel rétais, une saison courte et dense
De l’avis de Guy Leprince, président de la Coopérative des Sauniers de l’île de Ré, tout comme de celui de Jean-Michel Pelin, dirigeant de l’entreprise indépendante Esprit du Sel, la saison a été moyenne, voire bonne. Quasi identique à celles constatées depuis trois ans, après le passage de Xynthia.
Fin septembre, 1280 tonnes de gros sel ont été rentrées à la Coopérative d’Ars-en-Ré, 10 % de plus qu’en 2012. De son côté, Esprit du Sel a rassemblé la production de gros sel de huit sauniers indépendants, environ 200 tonnes, là également un peu plus que l’année dernière. Jusqu’au 21 juillet, le ciel a fait des misères aux sauniers. Alors que la cristallisation commençait à s’opérer, un orage brutal a stoppé les ardeurs. Il a fallu encore attendre une grosse semaine pour qu’enfin la récolte débute, l’inquiétude pointait. Les eaux de mer étant dessalées, elles ont été longues à se concentrer. « Quand il y a de tels orages, les vieux Loidais disaient que le marais se croise les bras. Au propre comme au figuré. L’eau passe par dessus les bords des carreaux et pendant ce temps le saunier ne peut que prendre son mal en patience » raconte Jean-Michel Pelin. Mais ensuite, tout s’est accéléré jusqu’au 15 septembre. « Je compare le travail du sel à celui de la compétition d’aviron. Quatre à cinq heures d’affilée le travail est intense, comme l’est ce sport d’endurance » poursuit-il.
La fleur de sel, produit plébiscité
La récolte a été abondante, bien plus que les années précédentes. Le bénéfice financier qu’en tire le saunier est plus juteux que celui du gros sel. Vivre du sel est aujourd’hui possible. Le revenu peut s’avérer convenable, alors que jadis il était considéré comme un appoint pour les agriculteurs. « Ça me fait plaisir de voir cela. Michèle, mon épouse, et moi-même avons eu tellement de mal à imposer l’idée dès 1986, lorsque nous avons ouvert la maison du marais salant à Loix. Personne n’y croyait… » ajoute Jean-Michel Pelin. Lors de l’assemblée générale de la Coopérative, en juin dernier, pour la première fois il avait été voté que les bénéfices seraient partagé entre les adhérents et les salariés. Pour leur part, les sauniers se sont vus gratifier d’un complément de prix et d’une ristourne, pouvant s’assimiler à un 13ème et 14ème mois d’acompte. En amont, leurs revenus sont indexés sur les recettes de ventes mensuelles.
Exploiter de nouveaux marais
Ces dernières années de nouveaux sauniers ont adhéré à la Coopérative. La plupart ont repris d’anciens marais qui ont ainsi changé de mains. Toutefois l’enjeu aujourd’hui est de trouver de nouveaux lieux d’exploitation. « Il y a beaucoup de candidats, mais peu ou pas de marais disponibles. Nous avons des espoirs et des volontés de recruter de nouveaux adhérents. Nous avons besoin de plus de volume pour répondre à la demande et reconstituer les stocks. Il nous faut inventorier les parcelles encore en friches » explique Guy Leprince. La Coopérative se développe bien sous l’impulsion de toute une équipe, depuis le saunier seul dans le marais avec son simoussi, jusqu’à la structure en pleine modernisation. Des contrats ont été signés avec de grandes enseignes nationales, notamment Intermarché et le groupe Casino. Le galet de sel, innovation 2012, connaît un vif succès. « Nous arrivons à un tournant. Le développement et le potentiel sont tels que nous pouvons que progresser. À nous d’avoir une vision stratégique de notre devenir » assure Guy Leprince. Des réflexions sont actuellement menées avec le conseil d’administration et les acteurs du marais.
Un marais expérimental
Toujours à l’affût de nouvelles idées, Jean-Michel Pelin a lancé la création d’un marais expérimental. Pour que les eaux mères cristallisent et passent de 30 g à 300 g par litre d’eau, il faut beaucoup de soleil et un bon vent. « Cet été nous avons récupéré par gravité des eaux-mères dans 50 carreaux et nous les avons stockées dans une réserve ». Ceci dans le but de les réinjecter au printemps prochain, à un moment propice, afin d’accélérer ainsi le processus de concentration en sel, et donc de produire plus rapidement du gros sel et de la fleur. Ces eaux-mères, dont la densité est supérieure à 300 g par litre, « pire que la mer Morte ! » ont été déposées dans une cuve de 70 m3. Le volume est suffisant pour leur permettre d’être protégées de l’eau de pluie. L’eau douce restera en surface, la saumure ne sera pas altérée. « Cela fait des années que j’y pensais. Soyons clair, nous ne ferons pas de miracle. C’est une expérience inédite. Le climat fera le reste. Si cela fonctionne nous pouvons espérer une production supplémentaire de 30 % de fleur de sel ». À suivre de près au printemps prochain. En 2014, Esprit du Sel fêtera aussi son 20ème anniversaire.
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