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Secours catholique : la Fraternité active
Il ne date pas d’hier. Déployé sur tout le territoire mais aussi à l’international, loin des idées parfois toutes faites parce que teintées de religion, le Secours Catholique rétais remplit sa mission et oeuvre pour aider, soutenir, accompagner les personnes en situation de précarité
Pour en témoigner, rien de tel que l’histoire de ceux qui, un jour, poussent la porte du 17 cours Dechezeaux à Saint-Martin.
Accident de parcours
Regard clair, large sourire et langue châtiée signent la personnalité de Jean Jean*. Une élégance courtoise qui laisse deviner immédiatement que cet homme est arrivé là à la suite de malheureux concours de circonstances.
Né à Paris et élevé à Poitiers, Jean Jean a très tôt une passion : la cuisine. Il sera donc cuisinier mais aussi directeur de grands restaurants, telle la huppée brasserie parisienne « Chez Francis ». Mariage, enfants, carrière… le parcours sans faute de cet autodidacte le mène à une belle aisance. Jusqu’au point de bascule. Il divorce puis, souffrant d’une hernie discale, doit être opéré du dos.
Cloué au lit, c’est sur internet qu’il retrouve un ancien amour de jeunesse. Elle aussi divorcée et mère de famille. Ils se revoient, retombent amoureux. « C’était magique » confie-t-il. Une histoire qui le mène à l’Ile de Ré dont il tombe aussi amoureux « dès le pont ».
Si l’histoire de couple tourne court, Jean Jean n’a qu’une envie, quitter Paris et vivre ici. Mais avant, il attend que ses enfants, parisiens peu séduits par une vie insulaire, aient grandi. Arrivé il y a six ans, Jean Jean s’installe et tombe de nouveau amoureux. Mais alors, que s’est-il passé ?
« J’ai mené la belle vie » avoue-t-il sans honte. Beaux voyages, beaux restaurants, Jean Jean ne se refuse rien. Son divorce lui avait déjà coûté cher et le reste part en fumée sans qu’il s’en rende compte. « Je me suis laissé prendre », explique Jean Jean, « j’ai dilapidé mon argent en pensant que j’allais me refaire ». Oui mais voilà, sa pension d’invalidité est mince et il n’a le droit de travailler que quinze jours par mois. Quant à sa compagne, elle est partie, « non à cause des difficultés mais à cause du mensonge de cette vie d’apparences », avoue-t-il.
Aujourd’hui l’argent est son seul problème. « Je gagnais plus de 4 000 € par mois et j’ai fait le mariole » reconnaît Jean Jean. En situation fragile, il trouve un soutien en la personne d’une assistante sociale, « une belle personne, elle m’aide beaucoup ». Inscrit aux Restaus du Coeur, Jean Jean vient aussi au Secours Catholique. « J’y trouve beaucoup de réconfort auprès de gens très simples et très humbles qui sont à l’écoute sans jugement ».
Aujourd’hui Jean Jean se bat mais remonte difficilement la pente. Il a le choix entre prendre une retraite assez lourdement amputée ou travailler le temps nécessaire, et sa demande de logement social est restée vaine. « J’ai connu de belles histoires dans ma vie, c’est pour ça que je tiens le coup » reconnaît-il.
Les pièges de la consommation
Le parcours de Fred*, c’est celui d’une famille prise dans le cercle vicieux de l’endettement. Marié et père d’une jeune adolescente de 13 ans, il doit aujourd’hui rembourser 800 € par mois. Une décision de la Commission de surendettement. « Je suis responsable » lâche-t-il sans indulgence pour lui-même.
A 39 ans, Fred ne peut plus travailler. En cause, un diabète lourd, qui se déclare alors qu’il n’a que 12 ans et se passionne pour le sport, jusqu’à rêver en faire une carrière. La maladie en décide autrement. Il travaillera néanmoins, dans les travaux publics puis dans la restauration. Aujourd’hui, il espère retrouver un mi-temps thérapeutique.
Véritable miroir aux alouettes, Fred tombe dans l’enfer du crédit à la consommation. Et dépense bien plus que raisonnable. Voiture, Noël et vacances… Un crédit, puis un autre et encore un autre. Quand les difficultés surviennent, c’est ensuite le crédit qui rachète les crédits puis le crédit qui rachète le crédit des crédits. Le piège se referme avec des dettes à hauteur de 75 000 €. Pour couronner le tout, Fred cumule les erreurs. Alors qu’il n’a plus de points sur son permis « et pas d’argent pour faire le stage nécessaire à leur récupération », il est contrôlé alors qu’il conduit sans permis. « J’ai vraiment fait le c… » avoue-t-il. Il repart à pied, sa voiture est saisie par la justice et il doit payer une amende de 1 500 €.
C’est son assistance sociale qui lui parle du Secours Catholique. Fred y trouve une aide en la personne de Jacques. « Un homme très bienveillant et positif. Il me pousse à me battre » explique Fred. « Je ne l’oublierai jamais ». « Il m’a même donné un peu d’argent » ajoute cet athée qui a trouvé ici une vraie écoute et une absence de jugement. Son épouse et sa fille ? La première est saisonnière dans la restauration alors bien sûr la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses. Quant à sa fille, « je ne lui mens pas » dit Fred avec pudeur. Sa famille, il y tient et elle est toujours là.
Les galères de l’irrégularité
Sa vie, Georges* n’a pas l’intention de la raconter. Ni de près, ni même de loin. Tout juste apprendrons-nous comment il est arrivé ici. Né il y a trente-cinq ans en URSS, La France l’a toujours attiré, notamment pour sa culture. En situation de demander l’asile politique, le voilà donc débarquant à Paris. Mais si « tout est beau à Paris », la vie dans la mégalopole est difficile pour un sans papier. Georges veut découvrir la France alors il part, se promène de l’Alsace à la Bretagne en passant par la Côte d’Azur.
Au hasard de sa déambulation hexagonale, il passe le Pont de Ré et là c’est le coup de foudre. Tombé amoureux de l’île, Georges y vit depuis un an. Il a fait les démarches nécessaires à sa régularisation mais tout a été bloqué avec le confinement. A ce jour, il attend. Mais n’a pas le droit de travailler et reste muet sur ces conditions de vie insulaires. Nous saurons seulement qu’il n’est pas tout seul et vit à l’abri.
C’est par l’administration que Georges a eu connaissance de l’existence du Secours Catholique. Il en pousse les portes par nécessité mais aussi en raison de ses convictions religieuses. Chrétien et très croyant, Georges pense que « l’amour de Dieu est partout ».
A la permanence rétaise, « il trouve des gens très aimables » et des « solutions concrètes ». « Ils m’ont trouvé une école pour apprendre le français et offert un vélo pour me déplacer », poursuit Georges reconnaissant. « Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans eux » ajoute-t-il. Sa situation ? « Il faut de la patience, respecter les règles, être bien intégré et montrer que l’on en est digne » énonce Georges clairement.
Pour le reste, il avoue « vivre ici et maintenant ». Et avec douceur ajoute : « je me sens protégé par l’amour de Dieu. Je lui fais confiance pour l’avenir ».
Trois personnalités, trois parcours de vie. Et combien d’autres ? L’idée n’est pas de tirer une morale de tout cela mais seulement d’apporter un éclairage sur une réalité. Pour quelques raisons que ce soient, bonnes ou mauvaises, erreurs ou accidents de la vie, nous pouvons tous tomber. Dans des situations difficiles, il est capital de trouver une main tendue qui surtout ne juge pas, dans une société qui a tendance à le faire. Aux côtés d’autres, le Secours catholique ouvre ses portes sans restriction. Un maillon d’une chaîne de solidarité essentielle, ici comme ailleurs, à notre humanité.
*En réponse à leur demande, les prénoms sont fictifs (et choisis par les personnes rencontrées).
SECOURS CATHOLIQUE
Paroles de bénévoles
Pour certains c’est une vocation, pour d’autres un choix qui vient à l’heure d’une plus grande disponibilité. Les bénévoles sont irremplaçables.
Djamila, une vocation
Elle voulait être assistante sociale. Alors pour Djamila, 45 ans, aider les autres c’est naturel. Depuis dix ans au Secours Catholique, elle fait aussi partie des Restaus du Coeur et de la Banque Alimentaire. « Ca me permet de canaliser » explique-t-elle ? Mais quoi, les abus ? « Il y en a peu, mais ça existe. Je peux aussi orienter les personnes selon leurs besoins », précise-t-elle. Car au contraire des Restaus et de la Banque Alimentaire, le Secours Catholique peut apporter un soutien financier. A la permanence, elle reçoit, inscrit, écoute.
Cons tate- t -el le plus de demandes cette année ? Oui, surtout d’employés saisonniers de l’hôtellerie et de la restauration, durement impactés par la crise, et des familles.
Pour remplir sa mission, elle a reçu une formation pour l’accueil et l’administratif. « Mais nous pouvons en faire d’autres », explique-telle, « en fait nous choisissons ce qui nous intéresse ». C’est ainsi qu’elle en envisage une dédiée à l’accompagnement des femmes soumises à des violences.
Maurice, retraité altruiste
Il a rejoint le Secours Catholique il y a un an. A l’heure de la retraite, Maurice a choisi de se consacrer aux autres. « J’ai la chance de n’ a voi r aucun probl ème matériel », raconte-t-il, « j’ai eu une vie professionnelle riche et mes enfants sont bien installés dans la vie ». Ayant beaucoup travaillé en Afrique, Maurice a vu de près la pauvreté et le dénuement. Après avoir eu largement le temps de penser à lui, « je pense aujourd’hui à ceux qui ont moins de chance ».
Frappé par un AVC qui le fait hémiplégique, Maurice ne pourrait guère agir sans l’aide d’autres bénévoles qui viennent le chercher pour se rendre à la permanence. Là, il fait un gros travail d’écoute et d’analyse des besoins pour trouver les solutions les plus adaptées.
Et tient à insister sur plusieurs points : pas de religion ni de frontières au Secours Catholique qui accueille tout le monde. Importante aussi, la collaboration étroite avec les assistantes sociales et les CCAS. « Celui de Rivedoux nous a envoyé la semaine dernière une femme seule avec des enfants » cite Maurice pour exemple. En 2021, il prévoit une recrudescence des besoins. Mais il ne s’agit pas d’assistanat : « on ne fournit pas de poisson aux gens mais on essaye de leur apprendre à pêcher » affirme Maurice qui précise aussitôt : « surtout il faut bien comprendre que nous ne sommes pas en concurrence avec d’autres associations mais adossées à elles ».
Le Secours Catholique rétais souhaite aujourd’hui élargir son champ d’action, notamment auprès des femmes victimes de violences, et relancer l’Accueil Familial de Vacances, dédié aux enfants. Une opération qui a déjà existé sur l’île. Que les familles volontaires pour accueillir un enfant n’hésitent pas à se manifester.
Enfin, accédons à la demande d’un membre du Secours Catholique rétais, tenant à remercier très sincèrement le supermarché Leclerc et M. Desfontaines pour les dons à la permanence martinaise. Voilà, c’est fait.
Secours Catholique
17, Cours Dechezeaux à Saint-Martin.
Permanence les mardis de 14h à 17h Par téléphone 7/7 et 24/24 : 05 46 01 88 45
Déplacement à domicile si besoin.
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