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Samedi 13 mai, Les Régalades : l’Ile de Ré en plein coeur
Vert des marais, gris-bleu du ciel et de la mer, saveur iodée des huîtres et sucrée de la pomme de terre primeur, ambre du pineau et parfums d’herbes fraîches, on peut parler de ces « Régalades » par un simple jeu de mot facile. C’est un régal ! Pour le corps et l’esprit, les yeux et les papilles. Bienvenue en terre rhétaise !
Pour parler au mieux de cette journée des saveurs orchestrée par la Coopérative UNIRE et Destination Ile de Ré, rien de tel que de se mettre tout simplement dans la peau d’un visiteur. Et d’accompagner ainsi ceux, nombreux, qui étaient au rendez-vous. En touriste, avec le regard neuf et curieux d’un promeneur se laissant aller au gré du parcours proposé.
10h : balade (bus ou vélo), ou visite de la distillerie ?
Option balade (en bus). De toute façon, il est possible de visiter la distillerie plus tard, après le déjeuner champêtre. Direction le bord de mer. Quelque part entre Saint-Martin et La Couarde, le car nous emmène à la découverte de l’ostréiculture. Saluons au passage la maîtrise du chauffeur qui parvient à tourner sur la minuscule route conduisant à la rive. Nous y retrouvons Jean- François Beynaud, ostréiculteur de son état.
L’Huître, perle de l’océan
Une passion familiale qu’il va nous faire généreusement partager. Et de fait, il est intarissable sur le sujet. Jean-François évoque pour nous ce métier difficile, ses défis et ses enjeux. De l’attention portée par les nouvelles générations à la bonne gestion des déchets inhérents à l’activité, au travail colossal de nettoyage entrepris sur des parcs à huîtres qui avaient été longtemps délaissés, il nous raconte l’histoire de l’huître en général et de la rhétaise en particulier. Agrémentant son discours d’anecdotes mais aussi de messages visant à sensibiliser sur les abus de la pêche à pied, il va jusqu’à nous expliquer les problématiques d’une ostréiculture soumise aux dures lois du marché, des contraintes de la grande distribution au goût des consommateurs, évoque sans crainte l’huître triploïde si décriée par certains, et nous conseille de mettre du poivre sur une huître jugée trop laiteuse ou encore de toujours manger la première huître nature pour s’emplir le palais de son goût inimitable. Timing oblige et un peu « chassés » par le groupe arrivant à vélo, nous repartons, forcément avec une forte envie de déguster des huîtres et dans les narines un parfum iodé.
Le sel, entre mer et terre
Sur la route des marais salants, Jean- Jacques Enet, Président d’Uniré, évoque l’histoire du vignoble d’une île finalement bien plus terrienne que maritime. Symbole d’un territoire posé entre ciel et eau, la culture du sel semble le parfait mélange des deux. Car sans l’un ou l’autre, point de cet or blanc appelé fleur de sel, cadeau de la nature à poser délicatement sur nos plats les plus goûteux. Une fleur de sel dont le saunier Nicolas nous apprend qu’on ne sait jamais le matin si elle sera là le soir. Naissant l’après-midi sous la poussée du vent jusqu’à former comme une plaque de givre, l’éclosion de cette « fleur », seul sel fin naturel, dépend de critères complexes, comme un poème blanc écrit par la nature. « Blanc absolument et jamais rose ! » précise Nicolas, pragmatique. Ecouter Nicolas en apprend beaucoup sur la géographie de l’Ile autrefois composée de quatre îlots que l’homme, à force de travail de patience, finira par réunir en créant les marais salants. De petits univers façonnés de terre et d’eau, refuge d’un riche écosystème, qui sont en fait composés de quatre types de bassins ayant chacun leur rôle à jouer dans la lente et paresseuse circulation de l’eau jusqu’à l’émergence du sel. Ici pas de pollution chimique, seulement l’air, le soleil, l’eau et la terre. Le sel, simple condiment, est l’enfant des quatre éléments.
12h : discours officiel et petit marché des producteurs
De retour à la case départ (la coopérative) avec la nature océane plein les yeux, nous voilà accueillis en fanfare, celle du village du Bois, venue mettre l’ambiance autant qu’introduire les discours des officiels qui seront brefs et simples. Il s’agit aussi d’introniser un nouveau venu dans le cercle très restreint des ambassadeurs des Saveurs de Ré. Car aux-côtés des algues et des huîtres, de la salicorne et de la pomme de terre, des vins et spiritueux et du safran, c’est au tour des herbes aromatiques d’être invitées, en la personne de Gilles Perrin, autre passionné qui signe fièrement la Charte des Saveurs. Clic clac photos, passons maintenant aux choses sérieuses, la dégustation de tous les produits du terroir rhétais, rassemblés sur les stands du petit marché qui s’est installé pour l’occasion. Viendra ensuite le moment de l’apéritif (au pineau rouge ou blanc bien sûr) puis celui du déjeuner sur de longues tables de bois revêtus de papier bleu. C’est un dimanche à la campagne…
16h : dans le secret des alambics
Impossible de vivre ces « Régalades » sans visiter la distillerie qui, dans le mystère alchimique, élabore le vin mais aussi un nectar prisé du monde entier, le cognac. Notons que l’Ile de Ré et sa coopérative bénéficient de l’appellation « Cognac », ouvrant les portes d’un marché juteux, notamment en direction des Etats-Unis et des noirs américains qui l’apprécient à double titre, cet élixir étant pour eux signe de reconnaissance sociale. Le lieu est assez majestueux pour être apprécié et sa présentation animée par deux artistes sur le mode burlesque sort des sentiers battus. Ils invitent le public à se livrer à un quizz ostréicole, dont on peut quand même se demander s’il n’aurait pas été plus pertinent autour du vin et des spiritueux. Mais laissons-là les critiques, l’assistance, tout à sa digestion, s’adonnant avec plaisir à ce jeu des devinettes. Et il est vrai que le « Royal Ré » se mêle à merveille aux saveurs de l’huître et autres fruits de mer et poissons.
Dehors, le soleil brille et le marché plie bagages. Chacun retourne à son métier, à ses passions, à ses exigences, et à ce souci de qualité qui prédomine en terre rhétaise. Car des paysages au produits du terroir, s’il est bien une valeur dont l’Ile de Ré est fière, c’est l’authenticité. Celle d’un territoire habitué à se suffire à lui-même mais prêt à tout partager !
Pauline Leriche Rouard
La Fête de la pomme de terre : fanfare et traditions
Décidément, Le Bois-Plage était en ce samedi, The Village to be ! Dans la foulée des Régalades, en guise de conclusion tout en ayant son identité à part, la Fête de la Pomme de Terre s’est déroulée sous un soleil brillant.
Partis du Moulin de Bel Air comme en pèlerinage, les promeneurs ont profité du paysage avant d’être rejoints par la Fanfare du Bois à la hauteur de la place Gambetta. Première pause musicale suivie d’une seconde place de l’Eglise, avant de retrouver le grand parking esplanade de la salle polyvalente. La fanfare s’en donne à coeur joie et petit à petit, le public se masse devant l’estrade. Derrière, on aperçoit André Léau, vêtu de la blouse et du collier de pomme de terre traditionnels, un âne, un cheval et deux charrettes. En quelques mots, M. le Maire nous rappelle l’importance de faire vivre ces traditions qui font le plaisir de toutes les générations. Mais ici comme plus tôt à la Coopérative, il ne s’agit pas seulement de parler mais plutôt de déguster. A cet effet, 200 kilos de pomme de terre ont été coupés en rondelles et travaillés en canapés. Agrémentés de vin de l’Ile, voilà un apéritif bon enfant, simple mais délicieux, heureuse manière d’achever une belle et savoureuse journée de printemps aux couleurs des Saveurs de Ré !
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Frédéric Johan, chef de culture pour Sagiterres
A 42 ans, ce Breton, né dans une famille d’agriculteurs et ayant choisi une voie technico-commerciale, s’est reconverti pour se rapprocher de la terre et a eu l’opportunité de rejoindre la coopérative Uniré, comme chef de culture pour sa filiale Sagiterres.
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