Une saison plutôt satisfaisante, dans un contexte météo et économique difficile
Ré à la Hune a interrogé différents professionnels rétais pour établir un premier bilan de la « haute saison touristique » (juillet et août). Après le très bon crû de 2013, avec une météo certes favorable en début d’été 2014 mais très maussade en plein mois d’août, dans un contexte national de « déflation » économique et d’incertitude politique, l’été 2014 se révèle étonnamment plutôt satisfaisant. La légère baisse de fréquentation du pont n’est pas significative. Ce sont à coup sûr les clientèles étrangères, très présentes y compris en plein été, qui permettent à l’île de Ré de tirer son épingle du jeu. Pour certains professionnels, l’île de Ré reste une « niche », avec un développement raisonné qui fait que la pression concurrentielle s’exerce moins fortement que sur d’autres territoires touristiques moins protégés, sur lesquels l’offre commerciale est saturée. D’autres sont un peu plus nuancés sur l’attractivité touristique de notre île. Il est certain que le bilan de la saison avril-octobre ne pourra réellement être connu qu’à la fin octobre, le mois de septembre se profilant bien pour le moment.
Nathalie Vauchez
Trafic automobile
Une légère érosion de la fréquentation du Pont de l’île de Ré
Les passages au pont de juillet et août 2014 ont légèrement baissé de – 1,8 % par rapport à ceux de 2013.
En juillet 2014, 361 044 véhicules sont entrés sur l’île de Ré, contre 362 495 en juillet 2013 (- 0,4 %), tandis qu’en août 2014, 365 636 véhicules ont franchi le pont pour se rendre dans l’île, contre 377 565 en août 2013 (- 3,2 %).
Compte tenu des changements calendaires de 2014 par rapport à 2013, et des mouvements sociaux (barrage filtrant début juillet), ces évolutions sont très peu significatives.
Il est toutefois intéressant de noter que le pic d’entrées sur l’île de Ré a eu lieu le mercredi 16 juillet avec 15 786 entrées ce jour-là, alors que le pic d’août a eu lieu le samedi 9 août avec 14 658 entrées.
Les pics de rentrées sur l’île de Ré s’observent principalement le samedi, avec toutefois un vendredi 11 juillet très chargé (14 402 entrées), le mercredi 16 juillet qui a donc été LE pic estival, et le samedi 26 juillet (14 281 entrées). Les trois premiers samedis d’août ont aussi connu plus de 14 000 entrées (14 395 entrées le 2 août, 14 658 entrées le 9 août et 14 565 entrées le 16 août).
Ces notions de « pics » restent toutes relatives car le nombre de passages quotidien est resté quasiment chaque jour des deux mois estivaux autour de 10 à 12 000 entrées par jour… laissant présumer d’une part un étalement des arrivées de vacances et d’autre part un fort taux de passages à la journée…
Nathalie Vauchez
La grande distribution
Dans un contexte national de « déflation », l’île de Ré se maintient
Leclerc (Saint-Martin) et Intermarché (Saint-Martin et La Flotte) évoquent une saison estivale « stable » dans un contexte national de « déflation » avec pour Intermarché un mois de juillet moins bon que celui de l’an passé et a contrario pour Leclerc un mois d’août moins bon que celui de 2013.
Leclerc de Saint-Martin
Michel Desfontaines (Leclerc) explique la difficulté d’interprétation, les variations d’une année sur l’autre étant liées notamment aux différences calendaires, avec un mauvais 30 août (un samedi cette année) et un dimanche 31 août pour clore le mois, mais aussi à des contingences internes (un tract de rentrée décalé cette année).
En juillet, la baisse du panier moyen a été plus que compensée par une hausse de fréquentation et l’impact de l’implantation du Lidl semble avoir été très faible.
L’impact des cours des fruits et légumes dont les prix ont baissé de 14 % par rapport à ceux de l’an passé – les cours des fruits et légumes sont fixés par deux « gros faiseurs » de Rungis, l’ensemble des fruits et légumes étant en France dans les mains de 4 ou 5 distributeurs – est important dans ces résultats, les cours à la baisse étant liés au temps et à la baisse de la demande, et à une importation plus importante qui a tiré les prix vers le bas.
Les rayons boucherie et poissonnerie de Leclerc ont très bien performé, avec un approvisionnement largement régional. Les vins et alcools ont aussi progressé, avec des phénomènes de convivialité mais aussi de dépendance parfois importants chez les jeunes notamment, mais les jus de fruits et glaces – typiquement consommés en été – ont accusé une baisse de ventes liée au temps très mitigé du mois d’août.
Michel Desfontaines évoque l’engouement fort et croissant pour les produits régionaux et dans le même temps la baisse des marques nationales (- 3 % dans l’ensemble des Leclerc) tandis que les marques distributeurs régressent moins vite (- 1,2 %), traduisant l’attention portée aux prix par les clients.
Il estime aussi que dans un contexte global difficile – avec une « déflation » ressentie globalement par l’enseigne Leclerc au plan national depuis avril 2014 – l’île de Ré reste une « niche » sur laquelle il parvient à maintenir un certain niveau de chiffre d’affaires, contrairement à tous les autres Leclerc (exceptés ceux qui ont fait de gros investissements en 2014 et en ont ressenti les effets positifs sur les ventes). Pour lui, le développement raisonné et qui s’est fait très progressivement sur l’île de Ré, alimenté actuellement essentiellement par les chambres d’hôtes, constitue un élément fortement différenciant par rapport à des endroits où une pression concurrentielle énorme s’exerce avec des implantations commerciales faciles et qui saturent l’offre.
Intermarché de Saint-Martin et La Flotte
Séverine Desmereau, dirigeante des deux magasins, évoque une très belle avant saison en avril, mai et juin, avec une très belle fréquentation en juin, liée notamment au beau temps. Juillet a connu un léger tassement, ressenti chez Intermarché mais aussi par les professionnels rétais clients d’Intermarché tels les campings ou restaurants qui ont passé des commandes moins importantes qu’en 2013. Le mois d’août a été équivalent à 2013 et septembre a très bien démarré.
Le Drive Intermarché a enregistré de forts pics de croissance notamment sur les week-ends, bénéficiant d’une tendance lourde de consommation notamment auprès de la clientèle touristique. De plus en plus de gens anticipent et la clientèle locale y vient aussi.
Les produits régionaux connaissent un vrai succès, tandis que parallèlement les clients sont très attentifs aux prix et aux produits qu’ils achètent, regardant de près les étiquetages, pour contrôler la composition des produits et leur provenance. Des consommateurs de plus en plus « éduqués », qui expliquent aussi que les achats d’impulsion sont moins fréquents. Attentifs aux prix, les clients sont aussi prêts à payer un peu plus cher pour des produits régionaux de qualité, ces deux tendances n’étant pas antinomiques.
La baisse de pouvoir d’achat des français s’est ressentie aussi sur l’île de Ré depuis le mois d’avril. Concernant l’impact concurrentiel des nouvelles enseignes qui se sont implantées à Rivedoux et à Saint-Martin, l’impact se verra réellement en arrière-saison, il est peu visible en plein été. Mais Séverine Desmereau n’est « pas persuadée qu’il était utile de venir rajouter de la concurrence sur un marché rétais déjà saturé ».
Intermarché estime que les marchés sont par contre très complémentaires – et pas en opposition – de la grande distribution et des magasins Intermarché de l’île de Ré.
Séverine Desmereau évoque un net étalement de la saison avec en avant et arrière-saison une clientèle ayant du pouvoir d’achat, ainsi qu’une et une vraie attractivité de l’île de Ré visà- vis des clientèle s étrangères, très présentes cette année.
2014 devrait donc être stable par rapport à 2013 grâce à l’avant et à l’après saison, même s’il est encore trop tôt pour établir le bilan, sachant que l’île de Ré est très « météo-dépendante ».
Nathalie Vauchez
Île de Ré Tourisme – Catherine Senand
Des réservations de dernière minute et des étrangers en nombre
Selon les différents types d’activités, les réactions des opérateurs touristiques concernant cette saison sont contrastées. Les statistiques n’ont pas encore été passées au crible en ce début de mois de septembre et il s’agit plus de ressentis. Pour les loueurs de vélo par exemple, la saison a été bonne. Dans l’hôtellerie, les réservations ne se font plus à l’avance et tout doit être géré à la dernière minute, mais il semblerait que bon an mal an les chiffres se soient faits. L’hôtellerie de plein air était dans l’attente en juillet et il n’y a pas encore de retour pour août. Assurément les vacanciers font de plus en plus attention à ce qu’ils dépensent et réalisent des arbitrages par rapport à leur consommation hors hébergement.
Ce qui est nouveau, c’est le retour de la clientèle des Allemands et surtout la présence des anglophones. Les Anglais, les Irlandais et les Écossais ont été très présents et en juillet, ils ont fait la soudure avec la clientèle française. Consciente du phénomène, la compagnie Ryanair a d’ailleurs prolongé son vol Dublin-La Rochelle jusqu’à fin octobre. Les Néerlandais quant à eux continuent à nous rendre visite. La ligne La Rochelle-Genève ouverte depuis le 25 juin et qui a fonctionné jusqu’au 25 août a donné de bons résultats avec un taux d’occupation de 90 %. À noter, un grand nombre d’excursionnistes sont venus passer la journée dans l’île.
Dans l’ensemble la saison n’est pas catastrophique et l’impression est à ce jour que les professionnels ont réussi à tirer leur épingle du jeu.
L’enquête qualité que la Communauté de Communes a confié à île de Ré Tourisme auprès des touristes français et étrangers afin de se comparer à d’autres destinations du grand sud-ouest ne sera terminée que le 26 septembre et les résultats ne seront connus qu’en novembre. À ce jour 2000 questionnaires ont été remplis et île de Ré Tourisme prévoit d’obtenir 2200 à 2300 réponses. Cette enquête devrait permettre de mieux apprécier nos plus et nos moins ainsi que le ressenti des clients qui nous rendent visite et qu’il est essentiel de connaître si nous voulons améliorer nos prestations.
Propos recueillis par Catherine Bréjat
Relais Thalasso Île de Ré
2014, un bon crû
Après un premier trimestre très compliqué en raison des élections et d’une certaine morosité ambiante, le second, grâce à sa traditionnelle clientèle printanière, a permis d’enregistrer une très bonne activité en thalassothérapie. « En juillet/août, c’est une clientèle plus “touristique” qui fréquente notamment la composante hôtelière de l’établissement. Bien que le démarrage, début juillet, se révèle toujours un peu mou du fait que la clientèle familiale n’est pas encore arrivée, juillet 2014 a été pour nous un excellent mois. Par contre, cette année, en août, mois pourtant considéré comme étant le plus représentatif de la haute saison, la fréquentation fut légèrement inférieure à celle de juillet. Mais pour moi, août reste le mois qu’affectionne plus particulièrement une clientèle composée de familles et de clients fidèles en long séjour (parfois 2 à 3 semaines), et ce, pour certains, depuis plus d’une dizaine d’années », rappelle Didier Gireau, directeur du Relais Thalasso Île de Ré.
« Être des marchands de rêves, d’émotions et de souvenirs »
D’année en année, les loueurs, les gérants de campings, les hôteliers, tous se plaignent du fait que les réservations se font de plus en plus tardivement. « Ainsi, cette année, en date du 15 juillet, les réservations pour août couvraient à peine 50 % de notre capacité d’accueil. Ce n’est que dans les trois quatre derniers jours de juillet que nous avons fait le plein. Sans une bonne visibilité du taux de remplissage en amont, nous prenons beaucoup de risques car toutes nos équipes sont en place en vue d’accueillir le maximum de clients », précise Didier Gireau.
« Si l’île de Ré attire toujours autant de monde compte tenu de l’image positive qu’elle véhicule, cela n’empêche pas qu’il nous faut chaque année nous remettre en question, être très à l’écoute de nos clients afin de les satisfaire du mieux possible. »
Une clientèle européenne importante
« Avec l’ouverture de la ligne aérienne Genève/La Rochelle, et suite aux actions menées avec île de Ré Tourisme et le Comité Départemental du Tourisme, nous avons cette année, plus particulièrement ciblé la clientèle suisse, et celle-ci a répondu présente.
Ayant par ailleurs constaté une fréquentation belge importante, l’an prochain, nous concentrerons nos efforts de communication en direction du Benelux.
Sinon, le mois de septembre semble partir sur de très bonnes bases, avec déjà un taux de remplissage supérieur à 80%. On peut espérer faire comme les années précédentes : une bonne arrière saison. »
Relais Thalasso île de Ré
Port Notre-Dame Sainte-Marie-de-Ré
Tél. : 05 46 30 22 44
Jean-Pierre Pichot
Le Richelieu
Une saison en demi-teinte
Richard Gendre, à la mi-temps de la saison estivale 2014, dresse un bilan mitigé quant à la fréquentation des trois composantes de son établissement (hôtellerie, restauration et thalassothérapie) avec « un mois de juillet plutôt satisfaisant et un mois d’août quelque peu décevant ». Si les mauvaises conditions climatiques expliquent en partie ce bilan mi-figue, mi-raisin, Richard Gendre y voit également ce fait nouveau qu’est « une certaine désaffection des touristes pour l’île de Ré, doublée d’une volonté de dépenser qui est un peu moins forte que d’habitude, compte tenu de la conjoncture économique ». Quant à savoir si l’arrière- saison viendra compenser les résultats des mois de juillet/août, Richard Gendre reste très prudent. « Même si un beau mois de septembre semble vouloir se profiler, on ne peut absolument rien prédire du fait que les réservations se font de plus en plus tardivement, parfois de la veille pour le lendemain. Le bilan définitif de la saison estivale 2014, on ne le connaîtra réellement qu’à la fin octobre. »
Le Richelieu
44 avenue de la Plage – La Flotte
Tél. : 05 46 09 60 70
Jean-Pierre Pichot
Le restaurant « L’aile de Ré »
Une excellente saison
A « L’Aile de Ré », restaurant situé au Morinand, au Bois-Plage, face aux vignes, Ludivine et Julien Enet sont des restaurateurs heureux, très satisfaits de leur saison estivale 2014.
« C’est notre troisième saison. On finit par être connus et reconnus, pratiquant des prix justes, tout est fait maison, la qualité est au rendez- vous, le midi, nos formules rencontrent un grand succès de même que la cuisine au feu de bois que l’on propose en été. Pour nous, la saison 2014, comparée à 2013, pourtant correcte, est en nette progression avec en avril, mai, juin, + 25 %, + 15 % en juillet, et un mois d’août équivalent au précédent du fait que nous sommes tous les jours complets avec des réservations qui se font deux ou trois jours à l’avance. Certes, notre clientèle est très touristique, avec des habitués qui reviennent chaque année, mais nous travaillons également beaucoup, même en été, avec les locaux. Ne possédant pas de terrasse, la météo est absente de notre bilan estival. »
L’Aile de Ré
Raise Flottaise – Le Morinand
Le Bois-Plage-en-Ré
Tél. : 05 46 09 29 87
rest.ailedere@hotmail.fr
Jean-Pierre Pichot
Loueurs de vélos
Des professionnels plutôt satisfaits de maintenir leur chiffre d’affaires
Du côté des loueurs de vélos, on remarque que l’offre de location de vélos s’est développée sur l’île de Ré depuis plusieurs années. La concurrence reste sévère, avec pour effet de professionnaliser les prestataires dont le nombre s’est stabilisé cette année. Si incontestablement les clients ont des budgets vacances serrés, le loisir vélo est attractif sur l’île. Le déficit de clientèle française a été compensé par l’arrivée d’une clientèle étrangère. Le niveau de location en juillet et en août est globalement le même qu’en 2013, qui était cependant inférieur à celui de 2012.
La demande de location de vélos à assistance électrique continue de s’accroître, alors que la topographie plate de l’île ne présente pas de difficulté. Une demande à laquelle les loueurs vont devoir s’adapter, qui demande investissement et maintenance.
Dans un contexte économique et météorologique difficile, les loueurs de vélos s’estiment donc plutôt satisfaits de maintenir un niveau de chiffre d’affaires identique à celui de 2013, enrayant la baisse enregistrée depuis 2011.
Michel Lardeux
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