Une saison intéressante, une destination « île de Ré » à travailler
Les premières tendances de la saison touristique estivale en Charente-Maritime et sur l’île de Ré montrent une légère hausse par rapport à 2014, et une présence très forte des clientèles étrangères.
« Si de nombreux professionnels interrogés sont satisfaits de leur activité, selon les tendances observées et à ce stade, l’année 2015 ne devrait pas être qualifiée de « saison record ». Le mois de septembre, troisième mois le plus important en nombre de nuitées, propice aux réservations de dernières minutes, devrait être le « juge-arbitre » de la saison 2015 », estime Charente-Maritime Tourisme.
Un démarrage de haute saison très précoce en juillet
Après un début de saison réussi, l’activité des mois de juillet et août s’annonçait prometteuse malgré l’absence du pont du 15 août, contrairement à l’année passée. Les premières tendances confirment l’optimisme affiché par les professionnels en avant saison. En juillet, nombreux sont ceux qui enregistrent des résultats très satisfaisants, grâce notamment à un démarrage de la saison précoce, sans doute lié à la météo très favorable. Même constat positif sur la période 14 juillet – 15 août, 80% des professionnels interrogés estimant leur activité en hausse ou comparable à 2014. Même si, selon les secteurs d’activité ou d’un établissement à l’autre, les perceptions de fréquentation varient quelque peu, et qu’ « août a été un mois étrange » selon Tony Fricot, la saison est globalement jugée « satisfaisante ». Le restaurant l’Aile de Ré, situé au Morinand, qui a bien travaillé souligne que les nombreux ponts du mois de mai ont cette année nui au mois de juin.
Nombreux sont les professionnels à souligner la forte fréquentation étrangère, y compris en juillet/août, notamment les Britanniques, Hollandais et Belges. Ainsi Jean-Claude Arnaud, patron du Bistrot Marin a-t-il constaté que sa terrasse était parfois remplie à hauteur de 60 % voire plus par des Britanniques et des Belges. Même son de cloche du côté de la grande distribution et de l’hôtellerie de plein air, avec une présence étrangère dense au printemps, en plein été et en arrièresaison. A noter aussi que depuis le début de l’année, 80 % des Français sont partis en vacances, majoritairement en France, contre 75 % l’an dernier à la même période.
Une activité soutenue des hébergements
En hôtellerie de plein air, l’activité sur l’île de Ré a été soutenue. Certains professionnels ont affiché complet jusqu’à fin août dès l’avant saison. En hôtellerie, l’activité est globalement stable sur la haute saison par rapport à l’année passée. Beaucoup maintiennent des taux d’occupation avoisinant 90% sur cette période. Le secteur des meublés maintient de bons résultats malgré la concurrence de plus en plus accrue de sites Internet proposant de la location entre particuliers. A titre d’exemple, au niveau national, la clientèle Airbnb a progressé de 25% au 1er semestre 2015 par rapport à l’ensemble de l’année 2014. Le bilan reste, pour autant, positif pour Gîtes de France en Charente-Maritime. Sur la période juillet-août, les résultats sont équivalents à 2014 avec un taux d’occupation atteignant 95% en août.
Le nombre de demandes dans les Office de Tourisme est globalement estimé en hausse par rapport à l’année dernière. L’émission de M6 consacrée à l’île de Ré, si elle a été quasi unanimement fortement critiquée par les Rétais, a eu un effet dopant dès le lendemain de sa diffusion sur les demandes d’informations auprès des offices et professionnels.
Une analyse des typologies des touristes rétais à mener
Stéphane Villain, président de Charente-Maritime Tourisme s’est réjoui sur les réseaux sociaux de La progression du nombre de passages du pont de l’île de Ré. Les chiffres que nous a fournis le Département (voir tableau ci-dessous) montrent en effet une progression située entre + 2 et + 3 % des passages de début mai à fin août 2015. Toutefois, il faudrait qu’une étude fine soit menée, pourquoi pas sur la base de l’enregistrement des plaques d’immatriculation et de l’analyse des passages allers et retours, comme le souligne Séverine Desmereau, patronne d’Intermarché sur l’île de Ré, afin de distinguer les passages à la journée ou pour de très courtes périodes et les allers retours rapprochés, des passages liés à de vraies vacances sur l’île de Ré, les comportements de consommation (et les nuisances) n’étant pas les mêmes entre une clientèle de passage et celle des vacanciers.
Autre sujet de satisfaction pour le « Monsieur Tourisme » de Charente- Maritime, le Vélodyssée qui relie Roscoff à Hendaye en passant tout près du Pont de Ré a enregistré une hausse de fréquentation des cycles de + 5 à + 8 %, ce qui l’amènera à proposer dès 2016 des détours par la campagne et les sites remarquables, avec raccordement à la Vélodyssée. L’île de Ré pourrait ainsi, si les élus et professionnels rétais le souhaitent, constituer une boucle de visite reliée. « Il s’agit d’une tendance majeure, les gens optent de plus en plus pour des vacances à vélo avec leurs enfants » estime Stéphane Villain.
Pour lui si « les réseaux de type Airbnb ont fait du tort aux professionnels de l’hébergement, le réajustement des tarifs intégrant la taxe de séjour va sensiblement amoindrir cet épiphénomène, qui pourrait toutefois devenir une nouvelle forme de vacances dans quelques années ».
Il semblerait que la durée moyenne de séjour de 6,5 jours soit restée stable cette année. Stéphane Villain souligne que la Charente-Maritime est la destination touristique N° 1 en juillet/ août et domine les autres destinations en plein été mais constate que notre département a perdu des parts de marché sur l’avant et l’après-saison. Pour lui, ceci est lié au mode de fonctionnement des acteurs du territoire qui depuis des années se focalisent sur juillet/août.
Côté Leclerc et Intermarché, l’avantsaison et la haute saison permettent globalement d’enregistrer en moyenne une très légère hausse, ce qui compte tenu du développement de nouvelles enseignes depuis deux ans et dans un contexte économique de déflation les satisfait plutôt. Michel Desfontaines (Leclerc) et Séverine Desmereau (Intermarché) s’accordent pour dire qu’ils ne peuvent pas s’attendre désormais à beaucoup plus. Les produits régionaux ont particulièrement bien répondu aux attentes des clientèles touristiques. Les Français sont aussi de plus en plus sensibles à un achat français.
Une réflexion de fond à mener par tous
En termes de comportements, les professionnels soulignent bien sûr le souhait de rapidité, de praticité des vacanciers, qui réservent de plus en plus en dernière minute, ne veulent pas attendre quand ils font leurs courses, veulent pouvoir accéder facilement partout. Tout ceci expliquant le succès des Drive d’Intermarché, des restaurants en périphérie du port aussi : Jean-Claude Arnaud, dont le Bistrot Marin ne désemplit pas sur le port, souligne aussi le succès cet été des nouveaux restaurants situés hors du Port de Saint-Martin, que ce soit L’Insolite, O Parloir ou encore La Cible, plus faciles d’accès.
Le manque d’animations et les parkings payants pénalisent fortement les soirées dans certaines communes, Tony Fricot parlant même de « désamour » le soir pour Saint-Martin, mais cela est également souligné au plan de l’île de Ré, même si une commune comme La Flotte tire son épingle du jeu avec un programme d’animations dense tout l’été.
Tous les professionnels interrogés s’accordent à dire qu’il convient de se mettre autour d’une table pour mener une réflexion de fond en termes d’animations, en journée et en soirée, de stationnements, de positionnement de la « destination île de Ré », afin d’allonger le séjour moyen des vacanciers mais aussi de dynamiser la pleine saison et les ailes de saison. Et d’anticiper les évolutions futures.
Les enjeux touristiques sur l’île de Ré sont phénoménaux et compliqués à gérer pour tous compte tenu des fortes fluctuations : ainsi dans les grandes surfaces le chiffre d’affaires d’un mois complet en hiver correspond à celui enregistré en une seule journée de plein été !
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