Saison 2021, un bon millésime (avec quelques nuances)
Il reste encore les vacances de la Toussaint, que tous espèrent ensoleillées et actives. Mais l’heure est quand même au bilan pour l’économie touristique de l’île de Ré
Après un début de saison amputé et quelques contraintes sanitaires plus tard, la saison 2021 se termine positivement sur un mois de septembre rayonnant, faisant oublier les caprices météorologiques de juillet et août.
Il semble d’ailleurs que personne n’ose réellement se plaindre. Car pensons- y, cela aurait pu être bien pire, même si l’arrivée du pass sanitaire a suscité quelques angoisses et un surcroît de travail. Du Nord au Sud de l’île, florilège de ressentis divers, satisfactions et nuances sur une saison pas encore tout à fait comme les autres.
Du côté du Phare des Baleines
Saison exceptionnelle que celle-ci, commençant tardivement le 19 mai. Néanmoins, la fréquentation est à peu près similaire aux années précédentes, même si les étrangers se sont fait désirer en début de saison.
A partir du 21 juillet, le pass sanitaire a eu un impact sur les bars et restaurants autour du Phare, les entrées y étant déjà soumises à une limitation du nombre de visiteurs pour des raisons de confort et de sécurité, une jauge d’usage favorisant la régularité de la fréquentation depuis de nombreuses années.
Parmi les étrangers présents cette année, Belges, Allemands et Hollandais sont les plus grands clients, suivis par les Espagnols et les Italiens à partir de septembre.
Si la fréquentation du site a été très bonne, la saison s’est avérée compliquée. En cause, un ensemble de problèmes à gérer liés au parking devenu payant. S’y sont ajoutés la fermeture des toilettes publiques pour cause sanitaire, générant une utilisation de toute la nature environnante comme wc, et enfin le manque de poubelles sur le site, entraînant inévitablement un certain nombre de visiteurs à déposer leurs déchets n’importe où. Une compétence relevant du Département qui gagnerait à être améliorée.
La Couarde, Le Bois, saison un peu troublée
A La Couarde, le bilan de saison s’est invité au Conseil Municipal de la mi-septembre, le Maire Patrick Rayton tenant à brosser le portrait d’une saison un peu fatigante.
Si globalement, aucun accident grave n’a été à déplorer côté vélos, les nuits couardaises ont, en revanche, manqué de tranquillité. Bagarres, alcoolémie et dégradations ont semé un peu de zizanie dans le village.
« Pas de plaintes de riverains du côté de La Pergola », explique Patrick Rayton, rappelant que l’établissement, ouvert en bar avec une jauge limitée, a bien fait son travail. « Le souci vient du fait que 200 à 300 personnes ne pouvaient pas entrer », souligne l’élu. Des jeunes livrés à eux-mêmes qui de fait s’en retournent dépités et s’éparpillent dans le village. « Quant au saccage du Club des Dauphins sur la plage du Peu Ragot, c’est scandaleux ! », martèle le Maire de La Couarde, « les équipes de gendarmerie doivent être plus présentes la nuit », conclut l’élu reconnaissant une « amélioration en fin de saison ».
Même son de cloche du côté du Bois-Plage où des fêtes sauvages ont régulièrement troublé les abords de la plage des Gollandières. Dès le mois de juillet, le Maire du Bois, Gérard Juin, notait un nombre exponentiel de voitures, garées des deux côtés des étroites rues du village et engluant la circulation. A La Couarde, le constat est le même. Suscitant conflits et problèmes lors du ramassage des déchets, le stationnement gênant a fait l’objet de nombreuses verbalisations. Comme l’exprimait le Maire du Bois, « Il va quand même falloir faire quelque chose… ».
Heureusement, côté économie, la satisfaction est à l’ordre du jour. La fréquentation a été bonne, avec un retour au niveau de la saison 2019. A La Couarde, les commerçants sont satisfaits, et le marché du Bois était comble jusque tard dans la fin de matinée. Si celui du Bois est l’un des plus expansifs de l’île, celui de La Couarde a gagné en qualité, attirant de nombreux camelots en son extérieur.
Belle dynamique commerciale à La Flotte
La saison estivale y a été comparable à 2019 qui avait été un très bon millésime, pondérée toutefois de quelques remarques.
Au nom de l’UCAF (Union des Commerçants et Artisans Flottais), son président Wilfried Fricot, se dit satisfait du climat commercial selon l’ensemble de ses adhérents, commerçants du centre village comme ceux du marché. Malgré l’annulation des animations et événements prévus, un contexte sanitaire compliqué et une météo maussade, les clients ont consommé. Les touristes étrangers ont commencé à revenir en juillet et août (Belges, Allemands, Hollandais). Quant aux Britanniques, ils sont revenus en septembre.
Seul bémol, le problème de propreté constaté dans le village auquel le maire a été sensibilisé et qui est en passe d’être réglé en augmentant le roulement de ramassage des poubelles sur la voie publique.
Au restaurant L’Ecailler, institution installée sur le Port de La Flotte, Yohann Le Roux nous confie également avoir réalisé une belle saison. « Nos clients, de nombreux habitués, ont répondu présents. L’introduction du pass sanitaire à partir du 9 août n’a pas été pénalisante et sans aucun impact sur la fréquentation. Le gros point noir à notre niveau, comme pour beaucoup d’autres confrères restaurateurs et hôteliers d’ailleurs, c’est le manque de personnel. Faute de trouver commis et aide de cuisine, serveurs, serveuses, etc… et d’avoir ainsi nos effectifs au complet, certains jours nous avons dû refuser des clients. Ceci afin que la qualité de notre service ne soit pas dégradée. Encore actuellement nous poursuivons notre recrutement, sans succès ».
Tout va bien à Sainte-Marie (ou presque)
Si certains villages voient passer des vacanciers différents chaque année, ce n’est pas le cas de Sainte-Marie où la clientèle est familiale et habituée.
Du côté des restaurants, Nathalie Pernes, propriétaire du Bistrot du Bar à Quai fait un bilan très satisfaisant : « La saison a été bonne, c’est sûr que sortant d’un confinement, on ne peut pas rêver mieux ! La plupart de nos clients sont des habitués, des vacanciers qui reviennent d’une année sur l’autre, mais on a ressenti l’effet “vacances en France” car nous avons vu aussi beaucoup des nouvelles têtes. Le pass sanitaire n’a pas été un frein, les gens ont été très respectueux de côté-là ! ».
Même bilan positif au restaurant le Chai, place d’Antioche, où les clients ont été au rendez-vous jusqu’à fin septembre grâce à une belle météo. Comme en 2020, il y a eu beaucoup plus de Français et un peu moins de touristes étrangers. Enfin, le propriétaire souligne lui aussi, un problème de personnel, dû à l’inexistence de logements disponibles sur l’île. Il regrette le manque de moyens mis en place par les mairies et le territoire pour y pallier et espère que cela va bouger dans le bon sens dans les années à venir.
Si pour nombre d’hôteliers et de campings, la saison a été particulièrement bonne, d’autres n’ont même pas pu faire le bilan de la saison… c’est le cas d’un service d’hébergement de vacances maritais qui a été obligé de cesser son activité de location de maison suite aux différents confinements.
La météo maussade a été profitable aux commerçants, voyant arriver des estivants préférant faire les boutiques qu’aller à la plage. Place d’Antioche, le propriétaire de la boucherie n’a cependant pas eu autant de monde qu’il l’aurait souhaité, et nous fait part de son mécontentement dû à l’installation récente d’un concurrent dans les nouvelles halles maritaises… Heureusement sa clientèle habituelle est toujours au rendez-vous, mais les vacanciers allant plus facilement au marché que dans les petits commerces, la fréquentation de sa boutique a tout de même baissé par rapport aux années précédentes.
À Rivedoux, une saison réussie
De façon générale, la commune de Rivedoux et ses prestataires de tourisme font un bon bilan saisonnier.
Laure Trichard, Délégué au commerce, à l’artisanat et au marché à la Mairie de Rivedoux fait le bilan : « Après cette période de confinement, nos commerçants ont été ravis de pouvoir ouvrir à nouveau leurs portes afin de faire une saison digne de ce nom, et c’est ce qu’ils ont fait. Les Rivedousais ont joué le jeu de l’achat en local en consommant dans leur village. Avec l’arrivée des vacanciers, cela a permis de rattraper les mois de fermetures forcés. Petit bémol pour nos restaurateurs qui ont eu énormément de difficultés à trouver des employés pour assurer les services, ils ont parfois dû fermer une ou deux journées en semaine pour cette raison ».
La dirigeante du restaurant le Platin nous confirme ce problème… « Nous avons eu des difficultés à recruter du personnel sans que l’on nous demande d’avoir un salaire de ministre ! Nous ne ne sommes pas un étoilé mais une brasserie, nous proposons tout de même des salaires corrects mais il devient difficile de trouver des gens motivés pour travailler ». Malgré ça, la restauratrice reste positive : « Nous avons eu énormément de monde en juillet puis nous avons noté une petite baisse de la fréquentation en août due au pass sanitaire, et une très belle arrière-saison grâce à la météo de septembre. Globalement c’est donc une excellente saison avec des clients agréables et polis, un vrai régal ».
Hélène, chef de réception de l’hôtel le Grand Large nous détaille l’activité de l’hôtel : « Nous sommes très satisfaits de la saison avec un bon taux de remplissage. Les clients étaient principalement des Français, il y avait peu d’étrangers et pas du tout d’Anglais alors que normalement ils sont notre clientèle principale, mais quelques Néérlandais et Allemands sont venus. On note que les séjours sont des réservations de dernière minute pour la plupart, sûrement une conséquence du contexte sanitaire. Nous n’avons pas eu de souci par rapport au pass, les gens ont même été beaucoup plus agréables que l’année passée…»
Saint-Martin, village de contrastes
Achevons ce tour d’horizon du côté de la capitale rétaise et de son port, point d’attractivité incontournable.
A l’Hôtel La Baronnie, la réceptionniste Fanny soupire de soulagement : le week-end dernier encore l’hôtel était complet. Arrivées et départs se sont enchaînés tout l’été. « Dès l’annonce de déconfinement, les réservations ont commencé à tomber », précise-t-elle.
Sur le port, difficile à l’heure où s’écrivent ces lignes d’interroger les restaurateurs car ils sont nombreux à avoir ralenti le rythme. Au café brasserie Le Marco Polo, Lydie est nuancée. « Pour moi, il y a eu moins de fréquentation sur Saint-Martin au mois d’août », énonce-t-elle.
« J’appelais même des confrères à La Flotte pour leur demander s’il y avait du monde sur le port », continue Lydie, précisant que leur système de vente à emporter a bien fonctionné pendant le confinement et permis de « sauver le début de saison ». L’obligation du pass a aussi entraîné quelques soucis. Pour conclure, elle pense que les gens ont eu peur de se masser dans les rues et sur un port par nature très fréquenté. Sans oublier la question de la dynamique d’ensemble. Mais ça c’est une autre histoire.
Au début de la rue de Sully, la boutique Mousqueton est satisfaite, même si Carole reconnaît « manquer de points de comparaison ». C’est en effet la première saison pour elle. Mais la boutique a été très bien fréquentée, les clients y trouvant un bon rapport qualité prix pour une mode bord de mer allant des coupe-vent au short.
Toute en nuances comme la météo de l’été, la saison touristique 2021 fut belle mais ne restera pas forcément dans les annales…
Bilan réalisé par Florence Sabourin, Stessy Bourreau, Pauline Leriche Rouard et Jonathan Odet
Charente & Charente-Maritime, les grandes lignes
Sur un plan général, 2021 rappelle le monde d’avant Covid et l’année 2019
Encore peu d’étrangers
Ils ont été plus nombreux qu’en 2020 (+10%), mais leur nombre n’a pas atteint le niveau de 2019.
Historique sur les deux départements, la clientèle britannique a, cette année encore, fortement délaissé nos territoires, même si un timide retour se fait sentir sur septembre, tandis que Belges et Allemands ont été plutôt nombreux.
Bis repetita de 2020, les vacances sont encore restées très franco-françaises et les estivants ont préféré le littoral à la Charente intérieure.
Les conséquences du Pass
Du côté des professionnels du secteur, il a fallu faire avec les contraintes sanitaires, celles-ci ayant fortement impacté bars et restaurants, avec une baisse de fréquentation de -20 à -30% pour les restaurants à partir du 9 août (date d’entrée en vigueur du pass sanitaire) et de -50 à -60% pour les bars, selon les chiffres de l’UMIH.
En revanche, du côté des hébergeurs, la satisfaction est de mise compte tenu du contexte, avec notamment un très fort taux de remplissage pour les locations meublées.
Enfin, du côté des loisirs, ont été plébiscitées les activités de plein air, du canoë à la randonnée découverte de la nature. Mais l’impact du pass sanitaire s’est aussi fait sentir.
Au final, 2021 restera comme une saison positive, compte tenu de la météo capricieuse de juillet et août et d’un contexte semé de quelques embûches bien contraignantes.
PLR
Source : Informations Charentes Tourisme
A la lecture de ces chiffres, on comprend mieux cette impression d’un « de plus en plus de voitures », puisqu’elles ont été effectivement 90 972 de plus qu’en 2020 à franchir le pont sur quatre mois, soit + 6,82 %, ce qui représente 22 743 de moyenne par mois.
A noter, un mois de juin particulièrement chargé sans aucun week-end férié. Sans doute l’appel du large, suite au confinement d’avril. Source : Département de la Charente-Maritime
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