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Sainte-Marie, seul « Territoire Bio-Engagé » de l’île
Mardi 23 avril, la Commune de Sainte-Marie de Ré s’est vue remettre le label « Territoire Bio-Engagé » par Interbio Nouvelle-Aquitaine, pour avoir atteint près de 20 % de sa surface agricole utile en bio et plus de 91% de produits bio introduits dans ses repas scolaires.
L’obtention du label est conditionnée à l’atteinte d’un pourcentage donné de surface agricole utile en bio (15 % en Nouvelle-Aquitaine) et/ou de plus de 22 % d’approvisionnement bio dans les services de restauration (en valeur d’achat). Non seulement Sainte- Marie explose ce pourcentage mais elle fait aussi partie des 25 communes (sur les 262 communes concernées en NA) à avoir la double labellisation. Elle obtient, pour cela, trois fourchettes, le maximum !
Celle-ci fait suite à la précédente labellisation « Etablissement bio-engagé » obtenue pour le restaurant scolaire en 2013, venue légitimer un fort engagement avec déjà 70 % d’approvisionnement bio à l’époque.
Le rôle essentiel des collectivités
Lors de la remise du label par Philippe Lassalle Saint Jean, vice-président d’Interbio Nouvelle-Aquitaine, Gisèle Vergnon, maire de Sainte-Marie, très engagée en faveur de l’environnement, a expliqué qu’il avait fallu se battre pour cela, y compris avec les principaux intéressés. « Les collectivités ont un rôle important à jouer, pour le développement du bio en France et en matière de santé publique. Cela participe de toute une réflexion globale, que nous avons menée à Sainte-Marie et que nous sommes en train d’avoir à l’échelle de l’île de Ré, dans le cadre du Plan Alimentaire Territorial, tout est associé, le bio, la prise de conscience sur la rareté de l’eau, les circuits courts… cela va au-delà des élus. La rénovation de la station d’épuration de Sainte-Marie fait partie de cette démarche d’ensemble. »
« A Sainte-Marie on a lancé un appel il y a dix ans auprès des producteurs rétais voulant s’installer en bio, aucun n’a répondu, heureusement la coopérative Uniré a joué le jeu, en accompagnant la volonté de conversion en bio de certains viticulteurs. Depuis plus de quinze ans, il n’y a plus de pesticides utilisés sur la commune de Sainte-Marie. Aujourd’hui avec la Chambre d’Agriculture et la CdC nous avons délimité des parcelles qui pourraient être mises à disposition des agriculteurs, pour étendre leur exploitation, en bio. »
« Côté familles, cela ne fut pas simple non plus, elles plaidaient davantage pour des produits issus de l’agriculture raisonnée, mais nous avons tenu bon pour le bio pour la cantine. Quand j’ai été élue en 2008 pour mon premier mandat, nous avions les prémices d’une cantine bio avec une association (La Marmite – NDLR) qui la gérait, elle a été dissoute et nous avons pris la cantine en régie communale, afin d’avoir la main. Aujourd’hui, les enfants de Sainte-Marie mangent avec plaisir et appétit à la cantine, avec plus de 91 % de produits bio. »
Les enfants présents ce jour-là – du centre de loisirs, période de vacances oblige – ont confirmé apprécier leur cantine et la cuisine proposée. De manière générale, les écoles de Sainte-Marie sont reconnues parmi les familles rétaises, notamment pour la qualité de leur cantine. De quoi réjouir les deux agents de la commune en charge de la restauration scolaire, qui avaient d’ailleurs préparé pour cette remise de label un apéritif… 100 % bio, bien sûr, et fort savoureux.
Les écoles, mais aussi le collège et les lycées concernés
Philippe Lassalle, vice-président d’Interbio a salué le fort engagement « durable » de Sainte-Marie et son double label, avec un taux de produits bio à la cantine scolaire exceptionnel. Il a rappelé qu’en 2012, à l’occasion de ses 10 ans, Interbio Nouvelle-Aquitaine, association interprofessionnelle bio régionale a lancé le label Territoire Bio Engagé, première démarche de labellisation bio des collectivités territoriales proposée en France. Aujourd’hui cette démarche s’est étendue en Bretagne, Centre Val de Loire, Hauts-de-France, Nouvelle- Aquitaine, Occitanie et Pays de la Loire et une 7ème région est en cours. Il a précisé que ce label est soutenu par la Région NA, qui a travaillé avec Interbio pour l’introduire dans les lycées. Aujourd’hui, 418 territoires sont labellisés, au plan national.
Signé pour deux ans, le renouvellement se fait chaque année après contrôle. Outre la communication intéressante que les territoires peuvent faire autour du label, Interbio peut les accompagner, par exemple dans la recherche de fournisseurs bio, dans le développement des projets en lien avec l’agriculture biologique. Le label permet aussi de valoriser les producteurs bio présents sur le territoire et leurs productions et récompenser le travail des agents de la collectivité (équipe de restauration, agents d’entretien des espaces verts, etc.).
Un coût assumé par Sainte-Marie
On ne peut que saluer ce fort engagement de la Commune, qui en assume le coût. Pour un prix de revient de 10,27 €, le ticket moyen payé par les familles avoisine 2,50 €. Ainsi sur un coût total de la cantine de près de 298 K€, plus de 225 K€ restent à la charge de la Commune. Le budget d’achat des produits bio approche les 91 K€ et toute la cuisine est faite sur place. « Nous sommes les seuls sur l’île à avoir et faire une vraie cuisine », concluaient les élus maritais.
Cela devrait être un modèle pour l’ensemble des écoles et le collège de l’île de Ré, où la restauration scolaire – comme partout – fait débat, y compris parmi les professionnels de santé, qui la qualifient de « consternante », le mot ici choisi étant bien en-deçà de certains témoignages.
Bières de Ré et le marché bio
Avant la remise du label à la cantine scolaire, Bières de Ré a accueilli les invités pour une visite de l’entreprise et Interbio a fait un point sur le marché bio.
En 1996, un brasseur autrichien amoureux de l’île, crée la première bière blanche brassée sur Ré. Bières de Ré a été reprise en 2011 par la famille Bertrand, des viticulteurs et distillateurs implantés en Charente-Maritime. Vincent Norguet, en est l’associé et le directeur. Bières de Ré a été pionnière à brasser de la bière bio, sans gluten et à base de sorgho, sur l’île. Si aujourd’hui 4 bières sont bio, sur ses 11 références, l’entreprise maritaise a la volonté de passer petit à petit toute la gamme en bio. Elle souhaite associer le bio au local, notamment en matière d’approvisionnement. 60 % de ses malts sont déjà d’origine bio et majoritairement issus de la région.
Installée dans les locaux de l’ancienne station-service, située le long de la RD 201 à sainte-Marie, l’Entreprise manque d’espace et doit stocker ses produits finis sur un autre site, ce qui complexifie l’organisation de la production. Elle attend donc avec ipatience la nouvelle ZA. 75 % de ses ventes se font sur Ré et La Rochelle, 25 % dans le grand ouest et plus des deux tiers de ses ventes se font en été.
Si le bio n’est plus un argument pour les bières, l’entreprise intègre toutefois ses valeurs dans sa production et elle cherche constamment à limiter son impact environnemental (réduction de consommation d’eau et d’énergie, circuits courts, recyclage des drèches en alimentation animale…). Si 98% de ses ventes se font aujourd’hui en bouteilles, elle se lance cette année dans le fût : « Notre devenir passe par le fût », a expliqué Vincent Norguet.
Pour lui, comme pour Interbio, le développement du bio passe par les collectivités, qui ont un rôle fort à jouer, et par la restauration hors foyer.
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