Saint-Martin : mobilisation générale autour de la Maison de la Presse
Messages sur Facebook, pétition en cours… La grogne monte à Saint-Martin. En cause, la disparition annoncée de la maison de la presse
Les lumières de Noël sont à peine éteintes et le port désert. Mais ce n’est pas le couvre-feu, quasi d’usage à cette période de l’année, qui perturbe les Martinais de l’intra- muros : depuis le 1er janvier, la Maison de la Presse et librairie Grand Largue, sise en bas de la rue de Sully depuis 1964, est fermée pour travaux. Rien d’inquiétant là-dedans. Oui mais voilà, sa réouverture annoncée vers la mi-février verra la disparition de la Presse. Et là rien ne va plus.
Adieu journaux et lien social
Eté comme hiver, elle est le prétexte à une sortie. Au même titre que la boulangerie et sa baguette. On vient y chercher le journal, son magazine préféré ou des mots croisés. La Maison de la Presse est l’un de ces commerces de proximité irremplaçable, un espace commun où l’on se croise entre habitants et où en quelques mots échangés, on vit le quotidien tranquille de la vie de village. Elle est aussi librairie ? Tant mieux. Romans et magazines, beaux livres et quotidiens témoignent du même besoin de communication, d’expression écrite et de liberté.
Mais de là à sacrifier l’une pour l’autre, il y a un pas que certains se refusent à franchir. Incompréhension, frustration et colère résonnent dans les témoignages recueillis de Martinais désorientés dont certains l’assurent, ils ne franchiront plus les portes du 4 rue de Sully. En bref, après avoir soutenu l’installation des nouveaux propriétaires il y a deux ans, ils se sentent trahis, soupçonnant aujourd’hui que la presse n’ait jamais fait partie du projet d’origine.
Créer un nouveau lieu de vie
C’est ainsi que Guillaume Laville présente la transformation annoncée. « Des travaux étaient prévus depuis l’acquisition, de mise aux normes notamment », explique le gérant de la librairie Grand Largue. Et priorité à la librairie, « un développement toujours souhaité » précise- t-il. Guillaume Laville réalise ce qu’il voulait « un lieu d’échange et de partage ». La librairie sera ainsi réaménagée, prévoyant un espace dédié aux enfants et des conditions plus conviviales pour les rencontres avec les auteurs : « Et pourquoi pas des séances de lecture, des ateliers livre ou des séances de jeux », poursuit- il, évoquant quelques-unes de ses idées et précisant que « beaucoup de choses seront en accès libre ». Mais alors la presse ? « Son arrêt est un choix » énonce clairement Guillaume Laville, tout en affirmant vouloir conserver une sélection de titres. En lieu et place des piles de magazines est prévu un salon de thé. « Une annexe », explique le gérant, servie par son épouse, titulaire d’un CAP de pâtissière. Une vraie mutation « avec la volonté d’animer la période hivernale » dans un lieu ouvert à l’année.
Un nouveau refuge pour la presse ?
Le bruit courait et il nous le confirme. M. Capaldi, gérant du Café du Centre, tabac, Française des Jeux mais aussi bar et restaurant, pourrait renouer avec ses anciennes amours. Car n’oublions pas qu’il était le précédent propriétaire de la susnommée maison de la presse.
« J’ai toujours aimé la presse et les livres » avoue-t-il. Alors oui, il a posé sa candidature à Presstalys. Une démarche appuyée par le Maire Patrice Déchelette qui a envoyé une lettre de soutien à la société de messagerie de presse. Le dossier doit passer en commission début février. Une réponse positive sera une bonne nouvelle pour le village et ses habitants. Mais il faudra patienter le temps de quelques travaux. Le « papier » sera installé dans le prolongement du bureau de tabac et séparé du reste de la salle. Dans la foulée, M. Capaldi veut rajeunir le bar et restaurer la terrasse, un projet global qu’il avait déjà en tête, nous explique-t-il. Précisons que depuis le 6 janvier, Le Café du Centre distribue le quotidien Sud-Ouest.
Côté presse, les titres sont fournis par Presstalys en fonction de la surface disponible et elle sera forcément moindre que celle de la rue de Sully. « Mais si un titre n’est pas présent et que des lecteurs le réclament, sa demande est possible », nous précise Antonio Capaldi.
Quelle morale tirer de cette histoire ? Une librairie optimisée est certes une bonne chose. Mais le salon de thé ne passe pas auprès de nombreux Martinais, souhaitant ardemment retrouver la presse dans un Café du Centre pour le coup réinventé. Derrière cette disparition programmée de la presse dans un établissement qui était, il faut bien le dire, une institution du village, se dessine un mécontentement plus général, lié à l’appauvrissement de commerces nécessaires à la vie permanente. « Bientôt, il n’y aura plus que des ‘fringues’ et des boutiques pour touristes » entend-on ici et là de la part d’habitants soucieux de vivre au quotidien dans Saint-Martin intra-muros, sans être contraints de rejoindre la zone commerciale.
« J’ai été mis devant le fait accompli » Patrice Déchelette
Interrogé sur le sujet, le Maire de Saint-Martin ne mâche pas ses mots, d’autant qu’il avait rencontré le gérant de la librairie Grand Largue à propos de travaux d’huisseries et de fenêtres. « Il ne m’a informé de rien », s’insurge l’élu, « sinon, nous aurions discuté pour trouver des solutions. Imaginons qu’un hypermarché décide d’ouvrir un rayon presse. Comme tout le monde va y faire ses courses, cela impacterait les maisons de presse des autres communes.
On ne peut pas fonctionner comme ça dans un village », poursuit Patrice Déchelette, confirmant son soutien écrit à la requête de M. Capaldi et espérant en son issue positive.
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