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Rodolphe Blandin, la passion sinon rien
Il est le parrain du concours photo 2025 de La Couarde centré sur… l’amour. Belle occasion pour une rencontre avec Rodolphe Blandin.

Pas si facile à capter Rodolphe ! Une première fois, il ne répond pas aux messages, se demandant si oui ou non on le fait ce portrait, une seconde fois il est en vacances… il faut être patient, lui laisser le temps, bref apprivoiser le personnage au demeurant sympathique. Mais enfin ça y est, nous voilà à La Couarde dans son atelier, enfin non en face, au lieu-dit « L’Endroit », atypique et singulier. Et là pour le coup, on parle…
Amour, LE mot
C’est banal mais commençons par là puisque comme beaucoup d’autres, nous avons pris en pleine figure ces cinq lettres monumentales sculptées chacune dans un matériau différent, ressenti la pulsation vitale du grand coeur rouge en irradiant le centre. Cinq lettres à la fois imposantes et douces, posées sur le front de mer de Rivedoux en 2021 et ramenant tout observateur à l’essentiel dans une période compliquée.
Se rappelant avoir été touché que tant de personnes d’ici et d’ailleurs se soient fait photographier devant la sculpture, Rodolphe avoue qu’elle a été un déclencheur. « Elle m’a aidé à me construire », souligne celui qui « n’a jamais assumé le mot artiste ». Elle devait ensuite sillonner la France, voire le monde, « mais je ne m’en suis pas occupé », reconnaît-il. Alors après une simple escapade, « Mot d’amour » est rentré à la maison et les cinq lettres sont aujourd’hui disséminées là où nous nous trouvons.
Autre message, de fragilité cette fois ? « L’amour ce n’est jamais gagné », souligne Rodolphe, nous confiant presque à voix basse que « Mot d’amour » a été créé à l’origine pour une femme et qu’il était « alors un peu en colère ». Ah… mais tout ça c’était dans une autre vie et des vies, Rodolphe en a eues plusieurs et dans tous les domaines.
Autodidacte agitateur
Rodolphe Blandin est un ‘vrai Rétais’. « Couardais », rectifie-t-il de manière péremptoire avant d’ajouter immédiatement que ces histoires de vrai Rétais ou pas l’assomment. Mince alors, on a fait un impair ! Mais on se retrouve très vite sur ce qu’il pense. Pour Rodolphe, sont Rétais tous ceux qui ont choisi l’île comme « terre d’accueil », qui se sont dit « C’est là que je dois être ». Tout simplement…
Après l’amour, l’autre affaire de sa vie c’est le travail. Et là aussi, Rodolphe a connu moult périodes, au gré d’un parcours pas vraiment rectiligne. « A dix ans, je faisais ma première saison avec mon père », nous raconte-t-il. Poissonnier, celui-ci veut faire les huîtres alors souhaite que son fils fasse l’école d’ostréiculture. Son père, une grande figure pour le jeune Rodolphe. « On le surnommait l’indomptable », ajoute-t-il. Tiens, tiens… les chiens ne font pas des chats et réciproquement. « Il m’a tout appris et tout donné mais je voulais être plongeur soudeur sur une plateforme », sourit-il. Autant dire, rien à voir. La soudure, Rodolphe l’apprend finalement à l’école de Marine. Une vraie passion pire, « c’est un besoin », affirme-t-il. Mais avant d’en faire un métier, il sera restaurateur et fondateur de l’emblématique Cabine de Bains à La Couarde. Une belle histoire suivie d’une autre, dans la restauration à emporter, puis un autre restaurant, toujours à La Couarde. Avant un virage en 2006, avec la création de son entreprise de décoration intérieure. Grâce à « un pote », il est introduit sur des chantiers, créant portes, portails et autres ; comme des bancs de marchés par exemple. Les « potes », une autre tendance forte dans la vie de Rodolphe qui nous lance au vol de nombreux noms impossibles à noter. Fils conducteurs d’un chemin professionnel pas vraiment traçable : passion et liberté.
Et l’art dans tout ça ?
Il a beau ne pas l’assumer vraiment, Rodolphe est aussi un artiste, c’est désormais officiel. Oui mais pour lui, « la démarche artistique ne doit pas être mercantile ». Et comme tout le monde, il doit gagner sa vie alors… nous voilà partis au Salon de l’Agriculture où il était le week-end dernier puisqu’il a réalisé le banc des ostréiculteurs. « Trois tonnes d’huîtres ouvertes, une bonne ambiance et un esprit fédérateur. Je suis content d’y avoir participé », nous dit-il. Revenons à l’art. Un projet ? Oui. « Je me suis longtemps demandé si je devais le faire ou pas mais il m’intéresse énormément et vu ce qu’il se passe… » Mais encore ? Rodolphe se dévoile, nous montre un dessin. Effectivement, c’est beau, riche de sens, engagé et porteur de valeurs. De celles qui lui collent à l’âme aussi sûrement que la soudure. « Soyons Français, soyons rebelles », nous lance- il à la volée le regard brillant. En parler déjà : oui… mais non, pas encore, c’est trop tôt, « ça va me mettre la pression ». Et la pression, disons-le tout net, Rodolphe Blandin a horreur de ça. Alors pas grave, on attendra. Avec lui on est déjà habitué…
Réussites, déboires, déceptions, bonheurs, rebondissements… Et si le parcours de Rodolphe Blandin n’était pas simplement celui d’un être humain ? Derrière l’apparente nonchalance une sensibilité pudique, derrière les défis de vraies valeurs. Alors c’est sûr, pas toujours facile à vivre pour les autres, ni pour lui d’ailleurs. « Mon parcours je commence finalement à en être fier », nous avoue-t-il. Et pourquoi ne le serait-il pas ?
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