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La Rochelle / Ile de Ré : un pont entre nous
Le lundi 3 octobre dernier, rendez-vous était pris à quelques mètres du Pont pour la 13ème édition du « Café citoyen », organisé par le CESIR (Conseil Economique et Social de l’Ile de Ré) représenté par son Président Michel Terrasson.
Nous étions une petite dizaine à avoir rejoint la Brasserie l’Oasis en cette belle fin de journée d’automne, avec comme horizon la silhouette élancée du pont déroulant son ruban de bitume pour relier île et continent. La mer est belle, le ciel bleu et l’accueil chaleureux autour de la question du jour. Aux commandes de ce débat en petit comité, Bernard Bordier, Président de l’Association des Amis de l’Ile de Ré et Pierre Faucher, Président du Conseil de Développement de La Rochelle, entourés de Michel Terrasson mais aussi Didier Guyon et Michel Lardeux, animateurs chevronnés.
Une question pas si évidente
« Quelles relations voulez-vous entre les habitants de l’agglomération de La Rochelle et ceux de L’Ile de Ré ? ». Elle est vaste et mérite sans aucun doute d’être posée, mais il flotte sur l’assistance comme un moment d’hésitation. Car la question en soulève d’emblée une autre : sous quel angle l’aborder, d’autant que nous entrons là dans le domaine complexe de la relation humaine, par nature intangible et riche de nombreux possibles. En prenant la parole, Bernard Bordier formule tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : il s’est lui-même demandé ce qu’il allait bien pouvoir dire. Alors il a travaillé son sujet. De quelles relations pouvons-nous parler ? Cette reformulation a le mérite de poser les choses.
Les Rétais et La Rochelle
C’est clair, net et sans bavures. Les habitants de l’Ile de Ré ont besoin des services apportés par La Rochelle. Ils sont de plus en plus nombreux à franchir le point pour aller faire leurs courses et dans le bâtiment par exemple, deux chantiers sur trois sont exécutés par des entreprises du continent. En cause, les prix souvent excessifs pratiqués sur l’Ile de Ré, qui souffre par ailleurs d’un gros problème de logement, contraignant les jeunes à « sortir » pour se loger conformément à leurs moyens. Enfin côté emploi, il existe un flux à destination de La Rochelle – 728 personnes par jour depuis Sainte-Marie – tandis que le flux inverse est de 428. Tout cela est fort intéressant mais ne répond finalement pas à la question. Car pour savoir quelle relation vouloir, encore faut-il qu’il y en est déjà une. Pour Bernard Bordier, celle-ci est finalement ténue. En fait, rochelais et rhétais ne se connaissent pas vraiment. Il faut dire que le déséquilibre est forcément probant entre les quelques 160 000 habitants de l’agglomération rochelaise et les 18 000 de l’Ile de Ré.
Pour Bernard Bordier, c’est plutôt aux représentants de porter cette relation, ce qui a déjà été fait sur l’emploi par exemple, avec la création d’un bureau Pôle Emploi à Sainte-Marie. Cela dit le Pont relie incontestablement les hommes puisque, comme le souligne le Président des Amis de l’Ile de Ré, 42% du trafic seulement est dévolu au tourisme. Les 58% restants se répartissent donc entre rhétais et rochelais.
Les Rochelais et l’Ile de Ré
Parlons de ce Pont qui raccorde les populations rhétaises et rochelaises depuis bientôt 30 ans. C’est un lien certes mais aussi un sujet qui fâche. Car le Pont a été construit pour faciliter la vie des habitants de l’Ile de Ré. Alors cette écotaxe, venue remplacer depuis 2011 le péage qui servait à rembourser le financement du point, les rochelais considérent qu’ils ne devraient pas la payer. Voilà, c’est dit. Tout le monde de rappeler alors que les fonds récoltés par l’écotaxe servent aussi au département qui en reçoit une part non négligeable. Peut-être mais c’est ainsi : les rochelais ont le paiement du pont en travers de la gorge. Ce qui ne fluidifie pas une relation qui en fait n’existe pas, selon Pierre Faucher qui connaît l’Ile de Ré depuis 1948. Pour les Rochelais, Ré est un joli lieu de séjour où faire du vélo et profiter des plaisirs de la plage ou d’un concert. De l’autre côté du pont, l’île est perçue comme une belle un peu inaccessible, l’île est un « petit paradis un peu fermé sur lui-même ».
Pierre Faucher insiste alors sur une évolution en cours, celle de la naissance d’une coopération métropolitaine réunissant notamment Rochefort et Niort à La Rochelle, une sorte de « marché commun » où l’Ile de Ré pourrait bien faire figure d’Angleterre ! « Il serait dommage que l’Ile de Ré n’en soit pas », souligne Pierre Faucher pour conclure. Quelques questions fusent sur le sujet. Mais il est évident que tout cela semble si loin et si grand vu de la Pointe de Sablanceaux !
Un « Je t’aime moi non plus »
C’est finalement ainsi Michel Lardeux définit assez justement la relation entre rochelais et rhétais. Mais la question n’était-elle pas « quelles relations voulez-vous avoir ? » Impossible d’y réponde en fait à cette question qui aura eu le mérite de mettre en évidence que tout reste à faire. Ou pas. C’est sûr que des deux côtés de ce pont, qui aura été le personnage principal de ce débat, les préoccupations ne sont pas les mêmes, ni le plan d’occupation des sols. D’un côté une agglomération urbaine, de l’autre un territoire à protéger. D’un côté le continent et de l’autre une île tenant à son identité. Positif, un membre de l’assistance souligne que le lien se retrouve à l’aéroport La Rochelle / Ile de Ré. Certes. Il est évident qu’en matière de tourisme au moins, La Rochelle et Ré ont une communauté d’intérêt à développer. Alors que conclure ? L’une au large de l’autre, définitivement reliées l’une à l’autre et se servant finalement l’une de l’autre, il est évident que La Rochelle et Ré ne peuvent s’ignorer. Personne d’ailleurs n’en aurait envie. Mais de là à se projeter dans une relation, à savoir ce que l’on en attend, il y a beaucoup. Pour l’heure, les habitants de La Rochelle « belle et rebelle » et ceux de Ré la Blanche cohabitent sans vraiment se connaître. Je t’aime moi non plus. Retenons donc le « je t’aime ! »
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