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Rivedoux à la Hune
Fringant nonagénaire, le plus jeune des villages de l’île combine harmonieusement tradition et modernité
Longtemps, il ne fut qu’un passage sur la route des vacances, occasion de cris de joie lorsqu’enfin l’interminable procession pour accéder au bac prenait fin en ce doux rivage. La commune est aujourd’hui prisée à l’année pour son confort et son dynamisme.
Érigée en seigneurie en 1480, la naissance officielle de la commune de Rivedoux ne date pourtant que de 1928. Un pas dans l’histoire de plus de quatre siècles que les habitants de l’ancien hameau, ambassadeurs d’une douceur de vivre à la saveur d’authentique, ont su enjamber avec succès.
D’abord assorti d’un « s » à plage lorsqu’il fallut le nommer, l’ostentatoire attribut pluriel du village fut bien vite supprimé pour ne risquer de nuire aux voisins, qui en effet n’ont pas la chance d’être enlacés tout à la fois par la beauté du pertuis Breton et de celui d’Antioche.
Elles sont bien là pourtant, ces étendues de sable fin, soeurs siamoises agissant comme le recto et le verso d’une nature généreuse… Si la baie Sud offre l’attrait du farniente avec pas moins de deux bars-restaurants de plage, les espadrilles dans l’or beige, celle côté Nord est un spot de kitesurf avec une zone réservée aux amateurs de ce sport nautique à sensation. Les pieds en éventail ou les bras en l’air, les indécis sont autorisés à pencher pour la position courbée. Sur le site du phare de Chauveau, ce sont les huîtres sauvages au fameux goût noisette qu’il s’agit de décrocher quand sonnent les grandes marées.
L’ostréiculture : au coeur de l’identité de Rivedoux
D’abord cultivée dans les zones de marais salants pour le plaisir des habitants et sans production destinée à la commercialisation, la consommation de l’huître comme mets de qualité potentiellement exportable apparaît sur le territoire sous Napoléon III. C’est un maçon de Rivedoux, Monsieur Boeuf, qui obtient la première concession officielle en 1858*. Un parc de 1800 mètres carrés sur le domaine public, destiné à recevoir de petites huîtres de Bretagne. Quatre ans après, les bonnes conditions d’élevage sur la baie de Rivedoux étant confirmées, on recense mille sept-cents producteurs convertis à l’ostréiculture dans l’île.
Il est coutume dès lors de considérer Rivedoux comme le berceau de l’ostréiculture moderne. Aujourd’hui encore, en remontant vers La Flotte au Nord on aperçoit les poches en grillage plastique posées sur les tables des sept exploitations qui continuent d’honorer la réputation du village. La plupart d’entre elles proposent des dégustations sur place, et pour célébrer la richesse d’un tel patrimoine, une fête organisée tous les premiers week-ends du mois d’août est dédiée à cette perle des coquillages, polie et bien élevée.
« Il y a le ciel, le soleil et la mer… », mais il y a aussi de bien jolis bois !
Bien sûr, avec deux versants de bras de mer, la station veille à la qualité des ses eaux de baignade qui répond aux critères d’aptitudes contrôlés par le ministère de l’Ecologie. Classé «Village Fleuri», Rivedoux adhère aussi à la charte « Terre saine » inscrite dans le cadre du plan régional de réduction des pesticides voté en 2007 en Poitou-Charentes.
C’est donc une nature préservée et protéiforme qui entoure le centre bourg, invitant les marcheurs aux plus douces flâneries. En plus des deux sentiers pédestres balisés (Les gros Peux ou celui du littoral), une belle ceinture boisée vient comme un cordon naturel protecteur apporter la fraîcheur ombragée aux promeneurs lassés de la dictature du soleil. Ainsi, sans croiser d’axes de circulation, il est possible, le temps d’une aventure tout en verdure de rejoindre la commune de La Flotte ; tandis que cachées dans le quartier des Goguettes, on trouve parmi les plus belles maisons des environs, paisiblement abritées par de vastes pins et cernées de fougères. De quoi souffler le dernier mot aux inconditionnels des paysages clichés des îles, façon cartes postales.
Une vie associative intense, un dynamisme commercial enviable
Patrice Raffarin, s’en réjouit : « Notre village compte désormais plus de résidents à l’année que secondaires, c’est la plus importante population active de l’île et donc la plus jeune » ! Ses efforts pour préserver l’ancrage historique de Rivedoux (de nombreux monuments en sont le témoignage comme la Redoute construite par Vauban ou le manoir édifié par Jean Bruneau au XVIème siècle) tout en veillant à offrir aux deux-mille-trois-cent-cinquante-deux habitants qui le composent toutes les commodités qu’on attend de la périphérie de La Rochelle, auront donc porté leurs fruits. Certes les investissements consentis sont parfois pointés du doigt, mais le résultat est bien là.
Avec quelque cinquante associations en activité et plus de soixante commerces ouverts à l’année, la commune a su créer une qualité de vie attractive. Inaugurée en 2014, la grande halle face à l’esplanade sur la mer est un point de rendez-vous des villageois. La zone artisanale quant à elle se développe harmonieusement, grâce à la cohésion de ses occupants qui régulièrement initient des animations pour la mettre en valeur.
D’ici deux mois, l’espace multisports en bordure de l’ancien camping des Tamaris ouvrira. Un autre temps fort au calendrier du maire qui, une par une, coche les réalisations qui conjuguent Rivedoux au futur.
* Sources : Jacques Boucard, La naissance de l’ostréiculture, pour la Communauté de communes.
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